Groupe de « modern metal », Disconnected est un groupe français formé de 5 musiciens issus de différentes formations telles que Melted Spaces et Zuul FX, aux influences diverses comme Gojira, Deftones ou encore Alter Bridge. Ivan (chant) accompagné d’Adrian (guitare) répondent à nos questions.

Première fois dans un si grand festival comme le Hellfest, qu’est-ce-que cela vous fait ?Adrian : C’est juste incroyable, fouler cette scène où il y a tellement de monde qui est passé dessus, et de voir la grandeur, il n’y a pas de mots pour décrire cela.

Ivan : C’est juste fou, c’est un aboutissement, sur et hors scène de voir ce qu’il s’y passe. Hier par exemple, pendant qu’on mangeait au catering des groupes, il y a Dave Mustaine qui est arrivé et à ce moment tu dis :  « on est en train de fouler le même sol« . C’est à ce moment précis que j’ai compris toute l’ampleur de ce qu’on a réussi à faire avec le groupe. Te retrouver avec ces personnes-là, que tu admires depuis que tu es tout petit, on sait qu’on n’est pas nombreux à réaliser ce genre de rêve donc c’est vraiment une très belle expérience.

Comment on arrive à jouer sur la scène du Hellfest ?
Adrian : C’est beaucoup de travail. On a sorti un premier album en 2018, cela a été assez rapide pour nous à partir de là. On n’a jamais rien lâché, c’est quasiment du 7jours sur 7, c’est clairement un travail à plein temps , très intense. On est parti tout de suite en tournée européenne avec Tremonti. Puis on a enchainé avec la première partie de Judas Priest au Zénith de Paris. Grâce à cela on a rencontré les personnes de chez Drouot Production, c’est un concours de circonstances, mais également une chance que l’on a provoquée pour pouvoir jouer au Helffest et surtout la Mainstage.

Ivan : C’est vraiment, beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP, de travail à la maison. Je me suis aperçu que depuis 2018, j’ai envoyé plus de 15 000 e-mails, des e-mails personnalisés pour tous, donc ça représente un travail de titan. C’est aussi être au bon endroit au bon moment. Mais il ne faut pas oublier que la chance au bon moment, au bon endroit, quand t’as rien branlé, cela n’arrive pas souvent.

« Pour arriver à jouer au Hellfest, c’est beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP de travail à la maison! »

Le bouche à oreille fonctionne également non ?
Les gens nous découvrent en live sur le festival et ils reviennent vers nous après, en nous demandant un selfie, en nous félicitant. Forcément cela fait du bien et on se dit que l’on a fait ce qu’il fallait.

Vous étiez un des premiers groupes de la journée, est-ce-que cela met une pression supplémentaire ? Cela aurait-il été pareil si vous aviez joué à 20h ?
Adrian : Il y a plus de pression à 20h (rires). La présence du public à 11h ne dépend pas de nous. C’est juste le kiff de se dire, on joue au Hellfest. Et surtout, on a eu de la chance car lorsqu’on a fini notre set, il s’est mis à pleuvoir. Comme on jouait le deuxième jour, le public n’était pas encore fatigué et était déjà bien présent, je pense que cela n’aurait pas été le même cas pour les jours suivant.

On est dans l’instant, on veut que tout fonctionne, on a que cela dans la tête, on vit minute par minute. Et puis il y a une super équipe au Hellfest, un accueil qui est juste incroyable. Les galères sont gérées en deux minutes, c’est incroyable. On a ressenti que l’équipe avait vraiment apprécié notre show et qu’on n’était pas venu là pour beurrer les sandwichs. On a un côté famille, sincère, on aime bien que cela se passe bien avec les gens, on fait toujours attention d’être respectueux, de saluer tout le monde. Et les gens apprécient ce retour. Avec le boulot de titan qu’ils effectuent, les artistes qui les prennent de haut ou ne les calculent pas, il ne faut pas oublier qu’on est tous parti d’en bas, on a tous poussé des caisses, on sait ce que c’est, il ne faut jamais l’oublier.

Vous n’êtes plus des débutants : vous avez fait des premières parties prestigieuses. De quels musiciens avez-vous reçu des conseils qui vous ont donné plus de motivation, qui vous ont aidé et qui vous restent encore actuellement en tête ?
C’est avant tout du soutien, par exemple avec Mark (Tremonti), on a eu un bon feeling et il nous a vraiment appréciés aussi. On a partagé des moments incroyables avec lui. Dès le deuxième concert en tournée avec lui par exemple il portait déjà notre T-shirt. On peut le dire désormais, on est ami avec lui, on s’est vu à Lyon la semaine dernière, on a passé la journée avec lui.

Est-ce-que le fait d’être en lien direct avec Tremonti vous aide ?
On le tient au courant de notre actualité, on peut dire qu’il aime vraiment ce que l’on fait. On le contacte par message, mais bon comme cela faisait maintenant quatre ans que l’on ne l’avait pas vu. On pourrait se dire qu’il est juste sympa avec nous, mais en passant la soirée avec lui, on se rend compte que c’est vraiment sincère. Il nous a repéré au fond de la salle pendant qu’il faisait ses balances et il est venu directement nous voir.

C’est un mec excellent. Après le système américain est quand même très cadré, c’est-à-dire, qu’il a un côté « good cop / bad cop ». Il y a l’artiste qui est là pour être cool, mais derrière t’as les bookers et les managers qui font le sale boulot. Mark nous soutient et il sait bien qu’on n’est pas des gratteurs. On verra le futur, mais il a clairement une place importante dans le monde de la musique, il faut donc atteindre un certain niveau pour qu’il se passe quelque chose, comme par exemple un featuring.

Tout est possible à l’avenir et cela nous plairait évidemment, on a déjà essayé et on peut vous dire que cela n’est pas passé très loin. On lui avait proposé un titre, qu’il avait bien apprécié, après pour diverses raisons de timing etc…cela ne s’est pas fait, mais c’est quelqu’un que l’on estime beaucoup.

Après le Hellfest, quelles sont vos motivations ?
C’est de continuer avant tout de tourner pour le second album. On a encore pas mal de festivals cet été, on a hâte d’y être. Puis on a le Cabaret Vert qui arrive avec Slipknot. On aimerait partir en tournée d’ici à la fin de l’année ou début 2023. C’est la motivation qui va suivre après l’été.

Tournée française ou européenne ?
Adrian : Tournée européenne oui, et il y a de forte chance qu’on soit sur Paris avant la fin de l’année, faire une belle première partie. Quant au Hellfest, le but c’est, dans deux ans d’être là, à 14h ! On ne se pose pas de limite, on y va vraiment à fond, ça ira jusqu’où ça ira.

Est-ce que vous vivez de votre musique ?
Ivan : Non, c’est très dur de vivre de sa propre musique, on est encore très loin de ce truc-là, mais ce n’est pas inatteignable. Mais on le répète, c’est compliqué, surtout ces derniers temps, avec toutes les augmentations, entre l’essence, les locations de vans etc… Si les groupes américains ont annulé des tournées, c’est parce qu’ils ne trouvaient pas à louer et que les coûts impactent beaucoup, cela n’est plus rentable. C’est quelque part une aubaine pour les plus petits groupes ou les groupes européens déjà sur place. Néanmoins, il nous faut quand même payer, l’essence et tout le reste, si tu n’as pas les finances des promoteurs, soit tu payes de ta poche, soit tu restes à la maison. 

Le covid a également fait du mal…
Ivan : Les gens sortent moins, tout le monde tourne en même temps. Il y a le Hellfest qui par chance garde cette masse de personnes, mais les indépendants galèrent plus pour remplir. Il y a des choix à faire.

Avec quel(s) groupe(s) en particulier se produisant sur la scène du Hellfest vous rêveriez de partager la scène ?
Ivan : Celui avec qui on aimerait le plus faire une tournée, c’est Metallica (rires) mais Bring Me The Horizon cela nous ferait bien kiffer aussi.

Et le groupe que vous aviez en poster dans votre chambre étant jeune ?
Adrian : C’était Tremonti

Ivan : Pour moi, mes deux groupes favoris, c’est Gun’s and Roses et Metallica. Il ne manque que AC/DC dans le triptyque.

Plus personnellement maintenant, vous avez sorti votre album en avril. Comment s’est passé le processus d’écriture ? Avez-vous commencé tout cela pendant le covid ?
Ivan : Cela a commencé avant le covid.

Adrian : À la base, on a commencé les premières prises de batterie en mars 2020, juste avant les premiers confinements. Ensuite cela nous a coupé dans notre élan et l’enregistrement s’est étalé jusqu’à fin 2021 et début 2022. Mais le processus d’écriture s’est fait avant, de 2019 à 2020, cela a duré 6 mois pour faire les paroles, la musique et les arrangements.

Adrian : C’est moi qui écrit les musiques et après je les envoie à Ivan pour qu’il mette ses lignes de chant dessus.

Vous êtes très présents sur les réseaux sociaux et encore plus pendant le covid…
Ivan : Il a fallu garder le contact avec les gens, pour cela aussi qu’on a sorti un EP semi-acoustique « The Downtime » sorti en avril 2021. On avait également sorti « Unstoppable » en avril 2021, le single qui est notre titre le plus streamé, on est à 1 500 000 écoutes. On a essayé de rester en contact au maximum.

Adrian : Il ne fallait pas perdre tout ce que l’on avait déjà construit. On a tellement travaillé pour en arriver là.

Ivan : Il y a des gens qui nous attendent de partout en Europe, les anglais en particulier.
En discutant avec le public, on se rend compte que les premières parties sont toutes aussi importante pour la communication, on pense à tort que les gens ne regardent pas…

Est-ce que le processus d’écriture vous plait tout autant que la scène ?
Adrian : C’est deux ambiances différentes, j’adore écrire de la musique, je préfère limite ça à jouer de la guitare mais la scène c’est encore différent. Les deux sont pour moi à égalité, sans l’un, l’autre n’existe pas. Si je devais choisir, la tournée c’est quand même ce que je préfère.

Ivan : C’est très inter-dépendant, puisqu’on écrit ce que l’on joue sur scène. Quand c’est tes mots, ta musique, tes arrangements et que tu joues au Hellfest devant 10 000 personnes, c’est une fierté, on était dans nos petits chambres, avec tes tongs et ton pyjama, en train d’écrire ce riff, cette ligne vocale, et tu fermes les yeux, tu espères que cela sera jouer devant du monde un jour. Et quand cela se réalise, c’est un sentiment d’accomplissement énorme.

[Marjorie Delaporte]

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