Formé autour de Guillaume Jockey (guitare, compos) et de la batteuse Zaza Bathory, Furies trace sa route depuis dix ans dans la scène metal française. Avec l’arrivée de Cheyenne Janas (chant) et Fred Bend (guitare) en 2023, le groupe a trouvé un nouveau souffle, aujourd’hui renforcé par la bassiste Vanessa Housieaux. Après avoir sorti leur single ‘Furry Tale’ le 12 juin dernier, les Français ont foulé l’Altar du Hellfest le 20 juin. Entre passion dévorante, influences croisées et détermination sans faille, ils nous racontent leur histoire et leurs ambitions.

Votre nouveau single ‘Furry Tale’ est sorti cette année : quelle histoire aviez-vous envie de raconter à travers ce morceau à la fois sombre et épique ?
Cheyenne : Au début, on a un petit peu cherché de quel sujet parler car beaucoup de choses reviennent souvent dans le metal.

Pour casser le cliché, on a voulu faire du second degré. Vu qu’on est tous très fans d’animaux dans le groupe, et particulièrement de chats, on s’est dit : « est-ce qu’on n’écrirait pas un truc sur les chats de façon provisoire ? »

Finalement, on a assumé le thème jusqu’au bout. Mais on a cassé le contraste, parce que le morceau est quand même assez « dans ta gueule » ! Puis on a écrit des paroles à la fois mignonnes et ironiques, qui rappellent quand même que les chats sont là pour nous dominer.

Guillaume : Le chat a un côté maléfique…

Fred : Au fond, on sait que ce sont des petites pourritures !

Comment s’est passé le processus de création pour ce morceau ?
Guillaume : J’étais en train de chercher des riffs et j’en ai trouvé un particulièrement violent, lourd et dissonant. Le but était de le raccrocher au wagon de Furies. Généralement, ça finit toujours par être épique à un moment donné !

Au départ, c’est juste une idée musicale, sans intention d’écrire sur les chats. Je pensais plutôt à quelque chose de sombre, malveillant, mais aussi beau et puissant. Puis finalement… Qu’est-ce qui est maléfique, épique et joli ? Un chat !

Cheyenne, parlons un peu de ta voix qui est exceptionnelle. Comment la travailles-tu et comment en es-tu arrivée à ce niveau ?
Cheyenne : Merci ! J’ai grandi dans une famille de musiciens plus orientée musique américaine, country, blues. Le metal est arrivé soudainement, mais j’ai toujours chanté, depuis que j’ai 4 ans.

J’ai rejoint un premier groupe de rockabilly avec mon père, puis j’ai touché à différents styles. J’ai fait beaucoup de comédies musicales car à l’époque j’étais très fan. J’ai appris en autodidacte bien que je ne serais pas fermée à l’idée de prendre des cours de chant pour toujours m’améliorer.

De gauche à droite : Cheyenne, Guillaume, Fred, Zaza.

Furies, c’est un mix revendiqué de heavy et de thrash, avec un son très organique et incisif. Quelle est pour vous l’identité sonore du groupe aujourd’hui ?
Guillaume : C’est pas facile, je vais essayer ! C’est une somme d’influences. Je crois qu’on essaie de faire le lien entre du heavy metal à l’ancienne et du power metal un peu plus moderne. Il y aussi un côté plus « evil », avec des emprunts de riffs – attention je dis ça avec des pincettes – au black metal. Il y a aussi un petit peu de death et de trash technique, c’est à la croisée de tout ça.

C’est comme si tu joignais Maiden, Helloween, mais aussi Megadeth avec Symphony X, et Exodus…

Fred : …mais avec une patte sonore apportée par Simone Mulroney, qui avait produit le dernier album solo de Michael Romeo, le guitariste de Symphony X. Et le son était énorme. Mine de rien, ça joue beaucoup sur le résultat final. Les influences sont bien présentes, mais on aurait pu les décliner avec un son old school. Or, non : le rendu reste moderne.

Guillaume : Simone est aussi le guitariste de DGM, un groupe italien de prog. Ce qui explique cette patte un peu plus moderne prog qu’il amène à Furies.

Quelles sont vos inspirations ?
Zaza : On a tous un socle heavy metal et ce côté hard rock à l’ancienne. Même Cheyenne, qui vient du blues, a écouté Iron Maiden.

Comme Guillaume le disait, lui est très Symphony X, néo-classique. Fred pareil, mais il rejoint aussi les miennes avec le thrash. D’ailleurs, il porte un T-Shirt Nuclear Assault. Moi, je suis très Sacred Reich. On a même eu la chance de jouer sur la même scène que mes idoles comme Exodus (ndlr : Exodus a joué sous l’Altar du Hellfest le même jour que Furies, vendredi 20 juin 2025). Avec Guillaume, on se retrouve aussi sur le death technique.

En fait, chacun a ses références, mais elles s’entrecroisent. C’est comme des satellites qui gravitent autour du heavy metal et qui enrichissent ce qu’on fait.

On a tous un socle heavy metal et ce côté hard rock à l’ancienne. Même Cheyenne, qui vient du blues, a écouté Iron Maiden.
Zaza Bathory, Furies

Vous avez joué vendredi 20 juin sous l’Altar. Comment se prépare-t-on pour jouer au Hellfest ?
Zaza : On s’est mis une grosse pression et on a fait un travail très sérieux. On a eu la chance d’être accompagnés sur le live par La Machine du Moulin Rouge à Paris, et par L’Empreinte à Savigny-le-Temple, qui nous aide notamment sur le côté matériel. Travailler la scène et le live nous a énormément servis pour ce concert là. C’est une chance de pouvoir bénéficier du soutien de telles salles, d’autant plus qu’on est un groupe qui, pour l’instant, ne gagne pas d’argent : louer des lieux pour répéter ou se préparer est compliqué…

On a tous beaucoup bossé, c’est un énorme investissement personnel. Notre nouvelle bassiste a dû apprendre les morceaux en quelques mois seulement. Ensuite, on s’est retrouvés à enchaîner répétitions et résidences régulières pour être prêts.

Comment gérez-vous cette double vie entre vos emplois à côté et l’investissement nécessaire pour faire avancer le groupe ?
Guillaume : Ce serait mentir que de dire que c’est facile… On a tous des boulots à côté. Cheyenne est intermittente, elle vit du chant, mais c’est quand même un autre job que Furies. Fred et moi, on est prof de guitare, Zaza, attachée de presse. Mais arriver à garder son énergie après le travail pour être capable de fournir ce que ce genre de festival exige, c’est un challenge.

Cheyenne : Je suis intermittente, oui, mais ce n’est pas le même défi. Le metal demande beaucoup plus d’investissement personnel, financier et autre. C’est un gros boulot qui fatigue plus psychologiquement. Il faut beaucoup donner de sa personne. Aussi, ma plus grosse difficulté est surtout d’enchaîner toutes les prestations l’été. Même si à côté, c’est plutôt de l’événementiel pour gagner ma vie, il faut quand même être au top et cela demande beaucoup d’énergie.

Fred : Il faut voir ça comme une passion et que ça en reste une, sinon ce n’est pas possible. On espère évidemment aller le plus loin possible, peut-être même gagner notre vie avec, mais il ne faut pas que ce soit notre seule priorité. On ne sait pas de quoi demain sera fait. Il se peut qu’on reste dans cette situation encore quelques années. C’est ce qui nous motive : on aime le metal, on aime la musique, on aime jouer ensemble. C’est la grosse priorité, et c’est ce qui justifie tous les investissements qu’on fait.

Vous avez donc été en résidence à La Machine du Moulin Rouge (Paris), vous avez terminé premier dans la catégorie ‘Hero’ des Triomphes du Metal Français, un event initié par Arthur Alternatif : comment vivez-vous cette montée en puissance ?
Zaza : On va dire que ça redémarre. En fait, ça fait dix ans que le groupe existe et qu’il a subi pas mal de changements de membres, notamment.

Parfois, les vies et les intérêts changent. Peut-être qu’on a l’impression que ça décolle, mais pour nous, de l’intérieur, c’est différent. En réalité, c’est surtout qu’on est devenus une équipe : on rigole bien, on parle d’autres choses que de metal, on a plaisir à échanger ensemble. Ça faisait longtemps que ça ne nous était pas arrivé. On est un peu des gamins, c’est ce qui transparaît sur nos réseaux. Mais l’ascension n’a pas été fulgurante…

Cheyenne : En effet, le lineup a changé en 2023 quand on a rejoint le groupe avec Fred. Il y a eu aussi notre ex-bassiste, Lucie Sue ! Puis récemment, Vanessa, notre nouvelle bassiste, nous a rejoints. Pour Zaza et Guillaume, le chemin est long, mais pour Fred et moi c’est hyper rapide.

Zaza : On a utilisé nos réseaux aussi pour essayer de choper des aides, rencontrer les bonnes personnes, pouvoir avancer. Mais ça prend du temps… C’est vrai que Cheyenne et Fred sont arrivés au moment où on avait déjà relancé la machine et ils nous ont confortés dans notre choix. Parce que quand on les a rencontrés, on s’est dit « on a trop de chance en fait » !

Guillaume : Désolé pour les leçons de vie à deux balles que tu trouveras sur internet, mais ça apprend ce qu’est la ténacité et à quel point ça t’amène n’importe où. Dire aux gens de ne pas lâcher, c’est la phrase bateau par excellence, mais on en est une parfaite illustration : on finit par jouer au Hellfest parce qu’on a refusé d’abandonner ! On a refusé de voir tous nos efforts, tout notre travail, toutes nos compos, tout ce qu’on a fait pour le premier album, partir à la poubelle.

C’est le truc que je pourrais dire à tout le monde : « ne lâchez rien, même si vous êtes fragiles, même si vous avez tendance à lâcher l’affaire. Non, ne lâchez pas, parce que vous avez des ressources insoupçonnées ».

Cheyenne : Moi je trouve ça incroyable : je suis arrivée dans le groupe car on m’a contactée sur Instagram et je me suis dit : « Ah bon ? je suis légitime de faire partie d’un groupe de metal ? Ok ! ». Deux ans après : Hellfest ! On est tous fiers les uns des autres.

Quels sont les projets après le Hellfest ? Que va-t-il se passer pour vous ?
Cheyenne : On continue ! Il ne faut rien lâcher maintenant parce que le Hellfest c’est très cool, mais il y a aussi d’autres belles scènes qui arrivent et il faut continuer sur cette lancée. On a encore plein de choses à apprendre et en parallèle, évidemment, on continue d’écrire parce qu’on a quand même un album à sortir ! Et idéalement on aimerait bien que ce soit pour début 2026, mais ce sera sans doute pour 2026 tout court !

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