Composant en solo de la musique depuis une dizaine d’années, le Vaudois Ju_lien s’est décidé à la présenter au grand public cette année depuis qu’il collabore avec un Anglais pour le mastering.

Comment es-tu entré dans la musique ?
J’ai commencé par jouer de la flûte à bec à 7 ans. En sortant d’un cours, celle qui venait après moi est entrée avec une guitare. J’ai entendu les premières notes de son morceau et j’ai trouvé ça tellement cool que j’ai cassé les pieds à mes parents pour qu’ils m’achètent une guitare. J’ai commencé par travailler d’oreille pour chercher les notes et reproduire des trucs « simples » comme certains bouts de mélodies de Santana ou The Police, puis plus tard j’ai continué avec des morceaux de Limp Bizkit, The Offspring ou Korn. Ensuite j’ai eu un groupe, Avalon One, que j’ai quitté en 2011 pour commencer à faire de la musique en solo.

Ce n’est pas difficile de faire tout tout seul ?
Non, ce n’est pas difficile. Ça prend du temps, faut chercher, tester, refaire, changer arranger mais c’est un kif énorme. J’aime tout oublier pour me concentrer à la création quand je suis dans ma bulle. En général je m’occupe du chant et de la guitare pour la base ensuite je pose des instruments virtuels et je travaille les sons et les ambiances en fonction de ce que je veux partager. J’aime travailler seul parce que je ne dépends de personne. J’avais par exemple à l’époque un duo avec un pote, on faisait des trucs en acoustique – deux voix, deux guitares. C’était cool mais il a dû arrêter parce que ça n’allait pas avec sa copine. Il devait choisir et il avait ses priorités, sa relation avant la musique, c’est normal, je comprends et respecte. Alors je suis content pour lui, mais je me suis retrouvé tout seul. Une autre fois, c’était la chanteuse de notre groupe qui nous avait laissés tomber et ça nous a porté un monstre coup. Maintenant je préfère dépendre de personne, ne pas avoir mes couilles dans les mains de quelqu’un d’autre, quitte à devoir me foutre des coups de pied au cul parce que lorsqu’on est seul, si l’on ne fait rien, il n’y a rien qui avance.

Ton activité musicale a été intense cette année !
Oui, de 2011 à 2018, je sortais les chansons sur Mx3, mais c’était pas mastérisé. Ce n’est que depuis que je suis en contact avec un type à Londres, Pete Maher, que je les diffuse proprement sur les plateformes comme Spotify. J’ai du coup composé et peaufiné mon premier album éponyme en 2019 pour le sortir en 2020.

Et tu as enchaîné avec un album en français…
Oui, j’ai remarqué en sortant mon premier album sur les réseaux qu’il y avait beaucoup de personnes qui me suivaient de France. Or, j’avais quelques morceaux en français écrits plus tôt. J’en ai retravaillé une partie, écrit quelques nouveaux pour les réunir sur ce deuxième disque chanté en français en juin 2020.

Les influences que tu revendiques – Korn, Muse, Placebo – lorgnent sur le début des années 2000. N’as-tu pas peur de faire une musique tournée vers le passé ?
Peur, non. Mon cœur est accroché à ses années-là. C’est là où j’ai passé mon adolescence, et c’est une période où l’on se forme, où l’on se cherche. Même si la musique a beaucoup changé, je préfère créer quelque chose qui me parle, je n’ai pas envie de suivre la tendance – mais tant mieux pour ceux qui le font et qui y trouvent leur kif.
Je crains que, si je devais changer, ou poser un style définitif, je me retrouverais à faire de la musique qui ne me correspond plus. Tandis que la musique de ces années me fait voyager. J’ai conscience que ce n’est pas tout à fait à la mode, mais je crée comme ça vient et lorsque je vois mes statistiques sur Spotify, il y a des gens de tous les âges et étonnamment pas mal de 18-25 ans.

Ton dernier EP opère un revirement stylistique radical entre son premier morceau léger et accessible et le titre de clôture, extrêmement violent.
Les gens qui me suivent savent que je suis collé à plein de styles. En l’occurrence, avec le premier morceau, ‘Someone Else to Save’, j’ai essayé de changer mes habitudes, je voulais prendre ce côté un peu pop à la ‘Dance Monkey’ de Tones and I, rester simple mais dans une autre manière  de bosser. Tandis que pour ‘The F_king Sound’ qui clôt le disque et pour lequel un clip a été tourné et va sortir début 2021, je cherchais un truc qui tape à la Prodigy. Je pose trois ambiances sur cet EP – soit les gens en aimeront une et puis c’est tout, soit ils adhéreront à toutes ou pas. Je suis conscient que ça pourrait en dérouter plus d’un/e mais je n’ai pas peur de cette réaction car c’est comme ça que j’avais envie de créer et partager cet EP. Avec trois univers différents. J’espère que les gens seront curieux, car ce n’est pas entre mes mains, et tant que sur l’instant, la musique – peu importe laquelle – leur fait du bien, c’est tout ce qui compte. 


FICHE CD
Nom de l’album : Music is my Medicine
Label : Autoprod
Website : https://www.ju-lien.ch