Nous avons eu l’opportunité de poser quelques questions à Sébastien Vuignier, directeur de TAKK Productions. La compagnie fondée en 2009 prend en charge la venue des artistes pour les dates helvétiques et gère la promotion de divers concerts. Nul doute que l’expérience de Sébastien dans le domaine de la programmation notamment son passage à Post Tenebras Rock mais aussi son travail au Paléo Festival lui ont permis de lancer la compagnie avec un bagage important et des épaules bien solides. Il nous fait part dans cette interview de ses préoccupations et des difficultés que traverse TAKK en ce moment mais garde également un optimisme à toute épreuve !


Comment allez-vous et comment vivez-vous la situation actuelle ?

La situation est catastrophique car nous n’avons quasiment aucun revenu depuis la fin février. Mais nous avons fini l’année 2020 en limitant la casse financièrement grâce aux différentes aides des autorités, notamment les RHT et surtout le Fond d’indemnisation pour la culture distribué par la Confédération et le Service de la culture de l’Etat du Valais. TAKK bénéficie aussi d’une situation qui était très saine avant la crise et d’une structure assez légère pour traverser la tempête.

Mais le plus frustrants c’est de ne plus avoir vu de concert depuis début mars. C’est le moteur de notre métier, c’est ce qui alimente la passion. Ça manque énormément.

Avez-vous reçu des aides et en êtes-vous satisfait ? Est-ce que vous vous sentez soutenu et appuyé ?

Oui, nous avons pu bénéficier du fond de soutien pour couvrir une partie des pertes de mars à octobre 2020 et nous bénéficions des RHT. Nous ne voulons pas nous plaindre car nous avons beaucoup de chance par rapport à d’autres secteurs, bien moins soutenus. Nous sommes très reconnaissants des aides touchées jusqu’ici. Mais il y a aussi des frustrations, notamment concernant les RHT qui ne couvrent pas mon salaire parce que j’ai un statut de dirigeant de la société, alors que je cotise à plein, comme n’importe quel employé à l’assurance chômage. Et il y a l’incertitude pour la suite. Les aides actuelles devront être maintenues en 2021, sans quoi il y aura vraiment de la casse.

Craignez-vous que la pandémie dure plus longtemps que prévue ? Comment est-ce pris en compte ? comment vous organisez-vous en conséquence ?

Je n’en ai aucune idée. Je en suis pas épidémiologiste. Et quelle était sa durée prévue ? Personne ne le sait. On avance pas à pas. En déplaçant ou annulant les concerts, mois après mois.

L’arrivée des vaccins peut-elle jouer un rôle important à l’avenir dans l’organisation de grands événements ? Et y a-t-il un risque que le vaccin devienne obligatoire pour les grand concerts ?

Là encore, ce n’est pas mon métier. J’imagine que les vaccins nous mèneront vers une sortie de crise, mais je pense que ça prendra du temps. Et je n’espère pas que la vaccination sera obligatoire. J’espère que la responsabilité individuelle et le bon sens suffiront.

Vous vous êtes engagés sur des dates précises en 2021, avez-vous prévu des alternatives (des plans b ou c…) s’il vous est impossible d’organiser vos événements dans les conditions habituelles ?

Je pense que l’année 2021 sera encore très compliquée. Nous avons de beaux concerts prévus, Bon Iver, Foals, The Lumineers, Amy Macdonald et plein d’autres, mais nous avons dû en annuler certains aussi, y compris celui de Nick Cave & The Bad Seeds qui aurait dû avoir lieu au Hallenstadion en juin prochain. Nous avançons pas à pas. Mais je pense qu’il faudra attendre 2022 pour un retour à la normale.

Quels seront les conséquences à long terme de cette crise pour vous ?

Ce n’est pas facile à imaginer. Jusqu’ici il n’y a pas de changement notable. Nous subissons une sorte de pause, mais sommes prêts à repartir comme en 2019 dès que la situation le permettra. Entre temps, nous essayons d’envisager d’autres pistes, d’autres manières de travailler. Mais c’est encore à l’état de projets.

Et pour l’industrie musicale en général ?

J’imaginais qu’une année « vide » allait bouleverser l’industrie du concert avec des faillites, des rachats, des alliances, etc… Et jusqu’ici, on n’a pas vu grand changements. Si ce n’est un mouvement de plusieurs agents internationaux qui ont quitté de très grosses structures pour monter des agences indépendantes. C’est peut-être un effet positif de cette crise. Le retour à des structures plus petites et indépendantes, moins coûteuses. Mais voyons encore ce qui va se passer si cette crise dure au-delà du printemps 2021…

Comment voyez-vous l’avenir ? Peut-on toujours se lancer dans des projets ambitieux ?

Une avalanche de concerts passionnants dès la fin de la crise. Avec des artistes gonflés à bloc de remonter sur scène et un public affamé qui remplira tous les clubs, toutes les salles et tous les stades dans lesquels nous irons !

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