Scarlean n’est pas un tout jeune groupe car il a déjà quelques années d’expérience derrière lui. On parle quand même de sensation du metal français car Scarlean ne cesse de monter en puissance. Rencontre avec Alex le chanteur du groupe.

Alors Scarlean c’est à peu près 10 ans d’existence c’est bien ça ?

Oui on existe depuis 10 ans, on a monté le groupe à deux : Geo le guitariste et moi. On a fait un premier album qui s’appelle Ghost qu’on a monté entièrement tous les deux. L’idée de cet album, c’était de lancer un projet et de chercher un ensemble de musiciens pour pouvoir le jouer. Ça a pris cinq ans. On a eu beaucoup de musiciens différents et là, depuis cinq ans, on a sorti un second album qui s’appelle Soulmates avec le line-up actuel. On avait déjà vraiment bien avancé sur le projet, donc les musiciens ont juste apporté l’arrangement. Et ensuite, on a sorti en octobre 2022 l’albumSilenceavec toujours le même line-up super soudé où là, tout le monde a pu apporter sa touche à la composition. Là on est vraiment partis pour rester ensemble encore longtemps.

On vous associe souvent au groupe A Perfect Circle. Plutôt un compliment ?

Nous on adore A Perfect Circle, après sur le premier album il y avait des choses qui s’en inspiraient effectivement. Pour l’anecdote, il y a quelques années on avait fait un concours pour The Voice Of Hell auquel on a fini second donc on a joué sur le Off, et Ben Barbaud lui-même nous avait qualifié de A Perfect Circle français. Aujourd’hui, je trouve qu’on est quand même assez éloigné de ce groupe-là, même si on est très fans. Je suis un super fan du chanteur, pour moi il est exceptionnel. Mais maintenant on nous met plutôt dans la case metal alternatif, ce qui est pas mal car on peut mettre plein de choses sous ce qualificatif. Récemment on nous a qualifié de groupe de Nu Metal progressif. C’est un peu drôle mais la réalité c’est qu’on fait la musique qu’on aime, point.

Et du coup quelles sont vos réelles influences musicales ?

On a des influences ultra larges. Par exemple notre bassiste est très Motown, jazz. A côté de ça, notre guitariste Geo est très nu metal, quand notre guitariste Michel est plus Metal progressif. A la batterie Fabien est assez rock à la Alice In chains, et moi je suis très influencé par la scène Trip-hop, électronique. Donc je pense qu’aujourd’hui ce n’est pas vraiment un groupe qui nous influence, c’est plus nous les uns avec les autres. On est très différents les uns des autres et on s’apporte beaucoup. Chacun apporte son influence et c’est ce qui fait que ça fonctionne.

Peux-tu nous parler un peu de ce dernier album : comment il est né, comment vous l’avez conçu, comment vous y avez travaillé ?

En fait, pour Soulmates’, qui a été un album qu’on a sorti assez vite, on avait des nouveaux musiciens dans le groupe, la ligne de batterie était déjà posée, et même si le nouveau batteur a pu apporter certaines choses, il n’a pas vraiment tout créé. Pour le troisième on s’est dit que ça devait être l’album de la maturité, celui composé tous ensemble, celui où on travaillerait chaque influence pour le côté plus émotionnel. On veut faire de la musique cinématographique, on cherche à créer des images, renvoyer vers des émotions spécifiques. Moi j’écris la plupart des morceaux, je pose des bases piano, chant, et de là c’est 90% d’arrangements. Ce qui fait qu’on a passé deux ans à faire que de l’arrangement. Et une fois qu’on a vraiment arrangé chaque piste. on s’est dit qu’il fallait les jouer. On a donc commencé à les jouer ensemble, ça a encore apporté des changements parce qu’on a vraiment voulu faire un album assez moderne dans le son et sortir des clichés de ce qu’on entend aujourd’hui avec des compositions assez froides. Nous on a voulu un jeu un peu plus organique. On cherche des grooves, des tempos, un vrai relief qu’on n’avait pas autant sur Soulmates. Les instruments ont été travaillés comme on travaille une voix, travaillés pour créer des paradoxes. C’est un album où on a vraiment cherché à créer des émotions.

Quand tu composes, est-ce que tu imagines la portée que les morceaux auront en live ?

Alors pas vraiment la portée que les morceaux auront en live. Quand on compose, il y a cet aspect cinématographique. On compose avec des images en tête. On essaie d’avoir un message dans le texte. Des fois ce sont des idées très précises, et l’écriture élargi ce truc-là. Quand tu écoutes tu vas forcément avoir des choses qui vont te parler et qui ne seront pas forcément ce que nous avons voulu dire, ce qui élargit l’idée du morceau. On crée vraiment un morceau pour aller choper des émotions, donc forcément ça sera encore plus parlant en live. On parlait de A Perfect Circle : il y a quelques années nous étions au Hellfest en tant que festivaliers et le groupe qui nous a le plus impressionné, c’était vraiment A Perfect Circle justement à cause des émotions, ça nous a totalement scotché.

Est-ce que de nos jours, vous envisagez les choses différemment quand vous créez, quand vous lancez un nouvel album, pour coller aux changements de l’industrie musicales de ces dernières années ?

Nous, comme la plupart des groupes qui sont là, ne sommes pas professionnels dans le sens où la plupart ont d’autres boulots à côté. Cela nous laisse un peu plus de marge de manœuvre, moins de pression car aujourd’hui on ne souhaite pas travailler avec des labels, des tourneurs. On gère tout nous-même pour avoir un contrôle total sur notre musique, sur nos décisions qui ne sont prises qu’entre nous cinq. Du coup, dans ce cas-là, la décision est immédiate et on peut avancer sans attendre. On a quand même un manager mais c’est un ami donc il n’y a pas vraiment de relation de hiérarchie. En travaillant comme cela, on s’est aperçu que l’on garde vraiment l’identité et l’ADN de notre groupe. On n’est donc pas pressé, on a eu des tas de propositions de labels, on en a encore chaque jour mais à ce jour, on fait nos trucs nous-même. Et on est tous en mesure d’apporter des choses, comme par exemple notre guitariste Michel qui est réalisateur vidéo et récemment il a d’ailleurs fait le dernier clip des Tambours du Bronx, notre batteur qui a un studio, moi-même qui suis directeur artistique. Donc en fait, un label aujourd’hui je ne vois pas trop ce qu’il peut nous apporter de plus si ce n’est la distribution, et la distribution et bien on voit ou nous en sommes aujourd’hui sur le physique. Nous on a choisi de ne pas passer par des boîtes de distribution, on a notre réseau à nous que l’on a créé, notre site et puis il y a aussi les gens qui viennent aux concerts. Pour le digital, on a fait appel au crowdfunding. L’idée était aussi de voir où on en était avec notre fan-base. En fait c’était plus une prévente pour pouvoir sortir un certain nombre de vinyles et de CD. Et on a reçu un super soutien avant même la sortie officielle de l’album. C’est énorme car cela nous fait penser que nous sommes épaulés, des gens qui viendront aux concerts, avec qui on pourra échanger. Une véritable relation de proximité telle qu’on le conçoit dans le Metal. La démarche pour nous n’est pas tant de gagner de l’argent puisque globalement tout cela s’autofinance par les cachets qui compensent les frais de tournée en général, mais surtout se faire plaisir, qu’on rencontre nos fans et qu’on puisse échanger.

Comment vous appréhendez la scène, plus particulièrement des scènes comme ici au Hellfest ?

Ce que l’on ressent est assez dur à dire, mais en fait rien de plus que d’habitude car on répète deux fois par semaine, on a beaucoup joué cette année avec notamment le warm-up des Metaldays avec 4 dates sold-out, donc on est prêt. Il est presque plus difficile de jouer dans des salles vides que sur des grosses scènes comme ici avec beaucoup de monde, des conditions techniques au top etc. Ici tu arrives tout est calé tu n’as plus qu’à jouer ton set et nous, notre set on le connaît. On était sûr de nous, sûr de nos techniciens qui travaillent avec nous depuis un moment, qui connaissent par cœur nos besoins. Le son était bon, on s’est régalé, on est toujours contents d’être ensemble, de voir les gens, les sourires. Nous on fait ça pour cela.

Toujours question Hellfest : quel est le groupe que vous ne voulez absolument pas louper sur cette édition ?

Alors là, ce sera sans aucun doute Incubus !

Quelle sera la prochaine étape pour vous maintenant ? Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?

On a plein de choses d’ici la fin de l’année, notamment les Metaldays où on va jouer sur les Mainstages à des horaires plutôt cools.

Et on peut nous souhaiter une super année 2024, avec des choses en préparations. Pas vraiment de nouvel album même si on compose, mais on aimerait se concentrer sur des festivals partout en Europe. On veut continuer à promouvoir, à tourner et pas forcément faire des albums à tout va. Nous ne sommes pas des gros faiseurs d’albums, genre 3 ans entre chaque album, le temps que le public s’approprie le dernier en date etc. On ne sortira pas d’album si cela ne nous plaît pas, on n’est pas pressé.

Question finale : question sortie du chapeau…. Qu’est-ce que tu aimes faire et qui n’est pas du tout rock n’roll ?

Regarder les Power Rangers avec mon fils !

Merci à Scarlean et rendez-vous donc sur la route pour les prochaines dates du groupe.

[Marjorie D.]

www.scarlean.com

Photos @CFK Photographies

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