Le parcours des Genevois de The Erkonauts a tout d’une success-story ! En un album, les quatre fils spirituels de Mike Patton ont traversé le globe de part en part pour conquérir les Etats-Unis et une bonne partie de l’Asie. C’est dire si on attendait le successeur de ‘I Did Something Bad’ avec une impatience plus qu’extrême. Enregistré il y a quasiment un an, ‘I Shall Forgive’ sera enfin dans les bacs à l’heure ou vous lirez ces lignes. Entretien intimiste avec le mastermind du groupe Ales (chant, basse), protégés d’une horde de fans en furie par les douze chevaliers d’or du zodiaque.
Est-ce que tu penses que votre nouvel album est le meilleur que vous ayez enregistré à ce jour ?
(rires) Il y a une chance sur deux, mais oui, je pense qu’on a vraiment su profiter de l’expérience gagnée sur le premier. Je dirais qu’il est plus facile d’accès et plus immédiat que celui d’avant. Il a d’ailleurs été composé et enregistré en peu de temps. C’était assez éprouvant et quand on a terminé on a eu l’impression d’avoir sorti quelque chose de vraiment fort. C’est probablement la meilleure expérience que j’aie eu pour un disque, la plus difficile mais la meilleure. (N.D.R. : Ales a enregistré plusieurs disques auparavant avec Djizoes et Sybreed)
Vous avez composé tous ensemble ou c’est plutôt toi qui a composé les morceaux ?
Généralement c’est plutôt moi qui amène quelques idées et ensuite je me retrouve avec le batteur (Kevin) pour poser les bases. C’est vraiment important pour nous de commencer par un socle de rythmique et à partir de construire le morceau en ajoutant des couches supplémentaires de guitare, chant, etc.
Mais si les autres membres du groupe ont des choses à proposer, tu leur laisse quand même une petite marge, tu n’es pas Yngwie Malmsteen ?
Ah oui c’est complètement démocratique, ils apportent aussi des idées. Ce n’est absolument pas exclusif.
Ca fait déjà un an que votre disque est enregistré. Vous avez eu pas mal de soucis pour qu’il soit dans les bacs…
A l’origine il devait sortir chez Kaotoxin qui a malheureusement fermé, du coup on a pris du temps pour trouver un autre label. C’est Bakdosh (guitare) qui nous a trouvé le plan chez Indie Recordings, mais on avait aussi été pas mal recommandés et plusieurs autres labels étaient intéressés. Indie nous ont plu dans le sens qu’ils avaient l’air très sérieux, mais très cool aussi et il y a quand même de sacrées pointures dans leur rooster. Enfin voilà, le feeling et bien passé et du coup on a choisi d’aller chez eux pour sortir ‘I Shall Forgive’.
Tu peux me parler de l’enregistrement avec Drop (Samael, Sybreed) au The Drone Studio ?
Kevin et moi, c’est quelque chose de totalement confortable (N.D.R. : ils faisaient également partie de Sybreed). On a même pas regardé ailleurs et on l’a direct appelé. Pour l’enregistrement proprement dit, on a commencé par la batterie, c’est allé très vite. Ensuite on a rajouté la basse, les guitares et la voix. C’est ce qui a probablement pris le plus de temps et qui était le plus éprouvant. Drop m’a beaucoup poussé dans mes limites, quitte à me faire souffrir mais ça nous a permis d’essayer plein de choses et on est vraiment contents du résultat. Tout s’est parfaitement emboîté.
Dur de décrire votre style mais certains parlent de Motörhead progressif voir de Faith No More du 21ème siècle…
En tant que bassiste-chanteur, je me demande parfois si la comparaison vient juste du fait que je suis bassiste-chanteur (rires). Je suis très flatté évidement de la comparaison avec Lemmy mais surtout ça me fait toujours plaisir qu’on nous compare à des groupes qui sont vraiment uniques. Ça me touche énormément. C’est exactement ce qu’on essaye de faire même si beaucoup de gens aiment aussi les choses qu’ils connaissent déjà.
Douze dates au Japon, quelques unes en Chine dont un festival devant plusieurs milliers de personnes, les Etats-Unis, maintenant l’Europe de l’est. C’est incroyable !
L’objectif d’un groupe est de jouer un maximum, dans notre cas on a la chance d’avoir un passé qui nous a permis de garder contact avec des gens très qualifiés dans le domaine et qui ont beaucoup d’intérêt pour le groupe. On a eu aussi de la très bonne presse avec l’album précédent ce qui nous a aussi beaucoup aidé. Comme tu dis, on a commencé à tourner aux Etats-Unis, plusieurs fois au Japon et effectivement il y a eu ce festival incroyable en Chine. Les gens venaient nous voir à la fin du concert, connaissaient les morceaux et nous posaient des questions du genre ‘est-ce que vous pensez vraiment que toutes les filles doivent mourir ?’ (en référence au titre ‘All Girls Should Die’)… c’était extrêmement flatteur. On va essayer de construire sur ça, mais finalement plus tu trouves de tournées plus tu vas en trouver d’autres.
L’Europe de l’Est ?
Non, enfin si avec Sybreed mais ni avec Djizoes, ni avec The Erkonauts. On part jeudi pour dix date en dix jours en commencent par Budapest, on fait des petits clubs et le ‘Geek festival’.
Tes lyrics sont toujours inspirés et très originaux. Parfois obscurs, c’est quoi par exemple un ‘Cacoit’ ?
Alors comme pour la plupart des groupes, tous nos morceaux ont des titres de travail qui ne veulent rien dire, comme celle que tu viens de citer ou encore ‘Globlebl’ (rires). On finit par tellement s’y habituer que certains gardent leur nom de base. Mais en contrepartie je passe beaucoup de temps sur les lyrics. J’essaye de raconter des choses, parfois historiques comme ‘Tales Of A Thousand Lives’ qui parle de la chute de l’empire romain ou ‘Seven Macaw’ qui parle d’une légende maya. Sinon j’aime aussi parler de tout le milieu du gambling, des cartes, des jeux d’argent. C’est des choses qui sont extrêmes magiques de face en étant très lourds derrière, ça me parle énormément.
Pour terminer, un petit mot sur la participation de Thomas/Mumagrinder (Mumakil) sur l’étrange titre black/death-metal du nom de ‘Sappy’ qui clôt l’album…
Comme sur le dernier titre du premier album, on a cette espèce de tradition où on se met tous sur un morceau qu’on finit hyper vite. Entre la conception et la réalisation il a du se passer maximum 24 heures. On a envoyé la bande à Thomas et il s’est direct ramené au studio. Il a été impressionnant. Il va super vite et sait exactement ce qu’il fait avec sa voix incroyable. C’était fantastique de faire cette expérience studio avec lui.