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THE COMPANY OF MEN – Sur un nuage

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Forgés dans une musique pêchue, les quatre compères optent pour un détour plus harmonieux en ce qui concerne leur premier opus, comme en témoigne Jean-François Albelda, guitariste, pianiste et chanteur du projet…


En écoutant votre album, j’ai eu l’impression de voyager…

Oui, ce projet est né sur les cendres de Favez. On s’est rendus sourds pendant quelques années (rires), puis le projet s’est mis en stand-by indéfini. Du coup avec le chanteur on a commencé à composer des trucs les deux. Son frangin, Greg, est venu nous voir quand on jouait à deux dans le projet solo du chanteur de Favez, et ça lui a donné assez envie d’intégrer le truc. On a continué à composer à trois. On se voyait vraiment dans les salons des uns, des autres, avec des guitares sèches tout tranquillement. Sur la fin du processus on a été dans un local faire quelques morceaux un peu plus orchestrés, mais c’est vrai que le côté musique de salon c’est assez l’essence du projet.

Et les compos que vous aviez à deux, vous les avez gardées ?

On en a gardée une. Ça a vraiment commencé quand Greg Wicky nous a rejoint. À partir de là, on a toujours bossé à trois. Le quatrième est vraiment arrivé sur la fin. Je pense que chacun amène sa touche. Parfois les forces s’annihilent et il y a une sorte de dictateur unique qui guide le cap et parfois, c’est assez miraculeux, quand toi tu bloques sur une partie et que t’arrives pas à trouver l’enchaînement, tu joues ça à trois et tout à coup il y en a un qui débloque le truc et ça marche. Je pense qu’il y a eu ça dans tous les morceaux. Un a amené la base, l’autre le milieu et le dernier, la fin. C’est génial comme tout s’est complété.

On sent que c’est assez communautaire comme projet. Je me suis d’ailleurs demandé qui est le chanteur, parce qu’on n’a pas l’impression qu’une voix se démarque ?

Alors c’était un peu un postulat d’origine qu’il n’y ait pas de chanteur principal. On est tous chanteurs à l’origine en fait. L’idée de base, c’était de faire un truc qui se forge sur des harmonies vocales. On trouvait ça super passionnant à explorer. On avait vachement l’habitude de faire des trucs à deux voix mais dès que tu en rajoutes une troisième, ça multiplie par 10 ou 20 la difficulté. D’ailleurs ça a été assez long pour qu’on soit à l’aise avec ça parce qu’il y a des espèces d’automatismes à prendre. On est contents de cette spécificité là, c’est vachement plaisant.

On sent qu’il y a du travail d’arrangement derrière et au niveau du son aussi. Par exemple il y a un morceau dont j’ai oublié le titre qui groove pas mal avec une basse bien présente, tu vois lequel ?

Euh…attend….’Hurricane Season’ ?

Oui, exactement !

Ouais elle a un côté Neil Young assez prononcé…

D’où le titre ?

Ben tu sais des fois t’as des titres de travail quand tu bosses un morceau comme, par exemple, avec Favez, on avait le ‘Tom Petty’. Sur les setlists on mettait les titres de travail sauf qu’une fois, un gars de la télé a pris la feuille pour copier les titres. Du coup à un moment donné y avait marqué à la télé ‘Tom Petty’ alors que le morceau s’appelait pas du tout comme ça (rires). Neil Young a beaucoup influencé Greg et c’est vrai que ça se ressent assez. Après il y a notre touche, chacun apporte un truc. Par exemple le batteur, Sandro Lisci, a une frappe que je trouve très agréable. Il y a un morceau sur lequel il frappait avec d’énormes maillets et après tu passes ça dans une longue réverb et ça donne un truc cool.

Je me demandais aussi, en ce qui concerne la reverb, il y en a beaucoup sur les voix ?

Non en fait c’est le gars qui a mixé ça qui n’en a pas mis beaucoup. Nous on imaginait plus de reverb, mais à tort je pense. Le gars c’est un californien qui a fait le dernier Favez. Au début on a cru que c’était une blague parce que, quand on a vu son CV, on n’y croyait pas. Il a fait du Johnny Cash, les trois derniers Red Hot Chili Pepper, Jay-Z, Rihanna, Adele… C’est un mec qui a des Grammy! Par la suite, on a passé deux semaines au pays de Galles avec lui, on est restés en contact, du coup voilà. Il nous envoyait des mix des morceaux et on lui demandait de la reverb où lui n’en voyait pas. Du coup on a trouvé un juste milieu, qui est très bien. La batterie est très sèche, par exemple. On a vraiment bossé ça en studio. On a fait une sorte de cabine et on a matelassé la batterie pour ne pas qu’il y ait de résonance. Tous les éléments étaient rendus le plus mat possible pour que l’ingénieur ait toutes les options disponibles en ce qui concerne le traitement des pistes. Il a trouvé chouette ce son de batterie sec et on l’a gardé. Après, il y a le savoir faire du mixeur qui rentre en compte. Un type de cette pointure là, tu sais pourquoi tu bosses avec lui.

Au pays de Galles c’est son studio à lui ?

Non c’est un studio dans lequel il va souvent bosser. Mais c’est un truc historique, je crois que Led Zep ou Black Sabbath y sont passés. Le mix, il l’a fait chez lui en Californie. Il nous envoyait ses versions et les morceaux faisaient des allés-retours entre chez nous et là-bas, comme on pinaillait pas mal. Là tu vois en fait qu’il y a une façon de mixer américaine différente de chez nous. Les premiers mixs qu’il nous envoyait étaient hyper compressés et hyper ‘dans ta face’. On trouvait cool, mais on voulait quand même un peu plus d’espace pour garder les dynamiques. Il a fallu trouver des compromis, mais c’est vraiment un gars super !

Et j’ai vu que vous avez prévu de jouer dans des salons…

C’est une question de cohérence par rapport à la manière dont le projet s’est fait. Après avoir enregistré l’album on s’est dit qu’on allait répéter dans un local, style groupe de rock standard. On avait un local qui sonne très béton. Pour un groupe de rock ça va, enfin, tu sais que si t’entends pas ta voix en répète c’est pas grave mais là il faut que les voix s’amalgament. Du coup on n’y arrivait pas, c’était super frustrant. On avait l’impression d’être un groupe qui avait un mois d’existence. On aurait pu insister, mais à chaque fois, on éteignait la sono et tout à coup les voix devenaient super. Plus l’idée avançait, plus on se disait qu’on devrait tourner un petit moment comme ça. Au début on s’est dit qu’on ferai 4-5 dates de chauffe dans les salons et puis on s’est rendu compte que l’idée était séduisante parce que, c’est vrai que, quand t’as un concert à Bumpliz, ça te prend la journée pour bouger, faire ton soundcheck, tout ça… Du coup, cette idée de légèreté ça nous séduisait vachement. T’arrives avec 2-3 percus et tu joues devant les gens, t’as un contact direct. Il y a ça et il y a le fait qu’on approche de la quarantaine et on se dit qu’on a beaucoup fait de scènes, de clubs. On laisse un peu la place aussi aux jeunes. Il y a surtout aussi le fait que ça paraît très naturel. C’est vachement marrant de jouer avec des contraintes. T’as un album qui est assez arrangé et tu dois le réduire à juste deux grattes acoustiques, une gratte électrique par moment, le batteur qui utilise mon coffre de guitare comme kick, des shakers et pis au final t’y arrives sans sono, sans rien.

C’est vrai que des fois c’est mieux de jouer en acoustique, c’est plus intimiste. Mais du coup vous avez quand même envie de jouer sur des scènes classiques ?

Ben on se dit qu’on va déjà faire les dates qu’on a comme ça. On en a une vingtaine. On a fait une page facebook avec les villes et les dates et les gens s’annonçaient pour accueillir les concerts. Notre but c’est de faire 2 ou 3 concerts par soir, rester un petit moment à chaque fois. Après peut-être qu’on fera une résidence à quelque part pour essayer de sonoriser le tout, mais c’est cool aussi de pas être un groupe basse- batterie. Peut-être qu’on va essayer de mettre des micros d’ambiance, un peu comme Moriarty. Ils se mettaient tous autour d’un micro et quand l’un qui devait être plus fort, il s’avançait un peu et voilà, c’est cool, tu contrôles ton son…

Oui, c’est vrai. C’est différent d’une scène classique où le mec en régie a une influence sur le son….

Oui, tu dois avoir confiance. Nous on avait assez peur parce qu’on a des morceaux calmes qui doivent sonner comme ça. Les voix doivent prendre beaucoup de place. On s’est rendu compte, en jouant en acoustique, que c’était le cas et c’est assez rassurant.

Très bien. Merci beaucoup et tout de bon pour la suite !

Merci à toi !

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