Rock The Lakes fête sa deuxième bougie cette année avec une affiche incroyable ! Elle saurait faire rêver n’importe quel fan de metal. Rencontre avec son créateur, Daniel Botteron.

Rock The Lakes, tu l’as imaginé et concrétisé à 60 ans, un pari fou, raconte-nous…

Avant tout, j’aimerais saluer les 15-20 personnes qui travaillent avec moi dans le comité et les plus de 250 bénévoles qui seront là pour nous soutenir durant l’événement. Ce qui m’interpelle surtout c’est d’avoir autant de gens vivant dans une petite région comme la nôtre s’impliquer dans une telle organisation. Ce ne sont pas forcément des fans de rock ni de metal. Et en effet, j’ai eu 60 ans en 2023. Mais l’important c’est ce qu’on a dans la tête. 20 ans, en ce qui me concerne. Comme le disait Lemmy Kilmister, « si t’es trop vieux pour écouter du rock n roll – t’es trop vieux tout court ». C’est tout ce qui compte !

Parle nous un peu plus de cette idée folle de lancer ce festival et comment tu as rassemblé les personnes pour la concrétiser.

Je l’avoue, la première édition a été faite à l’arrache ! Les contacts se sont créés grâce à des discussions qu’on a pu avoir, bien souvent, au bistrot. Il y a des gens qui font du théâtre, il y a des gens qui font du sport et il y a des gens qui ont ce talent indispensable à l’organisation d’un festival, l’envie de faire quelque chose de bien. J’ai remarqué qu’ici, dans le Vully, c’est comme un grand village, une grande famille et ça ça permet de construire de belles choses. Cela me rappelle l’Ajoie ou le Val-de-Ruz.

Magnifique ! C’est bon d’avoir une équipe comme ça. Quel bilan tires-tu de cette première édition ?

Émotionnellement, on est à 100 %. On n’aurait pas pu rêver mieux. On a certainement aussi un peu de chance des débutants. Personnellement, je n’ai pas vu de points négatifs : il y a eu des petites bricoles à rectifier et je dois dire que j’ai mis en tout cas un mois pour me remettre de tout cela et pour digérer le fait que tout ce soit bien passé. Il faut faire redescendre le stress. Même aujourd’hui, je ne me rends pas entièrement compte qu’on est en train de monter quelque chose d’extraordinaire avec une magnifique équipe.

C’est clair que le festival prend joyeusement de l’ampleur. Comme on le constate cette année, ça attire du monde. Vous avez déjà largement dépassé les ventes enregistrées en 2022 !

Oui, et je reste persuadé que la proximité de la Suisse allemande aide beaucoup. Si la communauté metal existe en Suisse romande, il faut incontestablement compter sur un large public du côté alémanique. La situation géographique de Vallamand, pratiquement à la frontière des deux régions, est d’une grande aide.

Quand on regarde la billetterie, on a également un pourcentage hallucinant de gens qui viennent du Tessin et on dépasse même les frontières avec des ventes en Amérique du Sud, du nord, de toute l’Europe – et même quelques-uns d’Israël et de Nouvelle-Zélande ! Visiblement, le metal n’a pas de frontières ! C’est juste incroyable !

Avec tout ce monde attendu, il y a quand même un sacré boulot à faire au niveau de l’infrastructure, des partenaires, etc. Est-ce que c’était facile de convaincre ces derniers de te suivre pour cette nouvelle édition ?

En ce qui concerne Otto, le propriétaire du terrain, ça n’a posé aucun problème. Il a envie que quelque chose se passe sur ses terres et puis nous, on respecte l’endroit. Déjà le mercredi après la première édition, le terrain était picobello. Avant même de lancer le Festival, tout le monde lui disait : « t’es complètement fou ! » Il a retorqué en leur disant « d’arrêter de juger, que lui il attendait de voir ». Au final, il a compris que les métalleuses et métalleux sont incroyables. Il en avait les larmes aux yeux.

En ce qui concerne les partenaires, ils continuent tous l’aventure. Ils sentent que quelque chose se passe. Le Festival prend de l’envergure et tout le monde peut en ressortir gagnant. Enfin, au niveau des sponsors, ça reste compliqué mais on y arrive. Dans tous les secteurs le sponsoring est job compliqué.

Au niveau de la commune, il y a eu quelques oppositions au festival en 2022. Quid pour cette année ?

A ma connaissance, la commune n’a reçu aucune remarque cette fois. Je connais d’ailleurs beaucoup de personnes ayant déplacé leurs vacances pour être présents au festival ainsi que des retraités qui vont venir par curiosité. Ils n’aimeraient pas louper un tel événement avant de mourir. Je pense sincèrement qu’on peut développer un projet similaire au Hellfest, pas en taille mais en impact local. Ceci dans le but de faire connaître la culture du metal au sein de notre belle région.

Qu’est-ce qui va changer pour 2023 ?

En 2023, tout est mieux ! On a tenu compte de chaque petite chose n’ayant pas fonctionnée l’année passée ou qui aurait pu être améliorée. L’infrastructure sera plus grande au niveau de l’accueil, des stands, de tout ce qui est sanitaire, etc…. Le camping a triplé par rapport à l’année dernière – on a rajouté des lavabos, un stand de boissons/nourriture et de nombreuses autres surprises. Un nouveau bar va également être monté dans une cantine pour que la fête puisse continuer après les concerts !

Lors de la mise en route de toutes ces nouveautés, quel était, pour toi, le plus gros défi ?

Il fallait que j’arrête de m’occuper de tout. J’ai des responsables avec des adjoints pour les différents secteurs. J’ai juste lancé certaines impulsions en émettant des idées directrices, mais en définitive, ce sont les responsables des secteurs respectifs qui ont imaginé et mis en œuvre la chose. Je n’ai pas été confronté à une surprise particulière.

La programmation est impressionnante mais assez singulière en 2023. Quels sont les groupes que tu te réjouis le plus d’accueillir ? 

Les 25 groupes ! Avec notre booker, on a réussi à faire un bon mélange sur les trois jours. A la vue des ventes des abonnements, on a fait mouche. Avoir des styles de metal différents, c’est aussi lié à une volonté de commencer plus dur et puis de finir avec un dimanche un peu plus light. Terminer avec une musique plus portée sur le hard rock, heavy et power metal. Ça permet d’avoir une journée idéale pour les gens qui veulent sortir avec leur famille.

Pour ce qui est des groupes, j’aurai autant de plaisir à voir ceux en ouverture dont font parties les Suisses de King Zebra, Deep Sun, Silver Dust ou Dreamshade qu’assister aux concerts de Sepultura et Heaven Shall Burn le vendredi. Dans le registre national, je n’ai jamais eu la chance de voir Eluveitie en spectacle, je m’en réjouis également. Dimanche, mon cœur battra particulièrement fort en voyant un gars que j’adore depuis des lustres, Udo Dirkschneider.

Est-ce-que la surenchère qui se fait beaucoup dans ce milieu t’as causé des problèmes ?

La majeure partie des négociations s’est déroulée d’une manière assez posée. En revanche, il y a des groupes qui ne seront pas là parce qu’effectivement, il y a d’autres festivals – que je ne nommerai pas – qui font de la surenchère. Le but est d’attendre le dernier moment, puis de planter le groupe au prix le plus haut. Pour 2024, on a pris pas mal d’avance. On va venir avec des gros bras dont plusieurs sont déjà confirmés. Le samedi 19 août, on annoncera déjà les premières têtes d’affiche. Les gens qui seront présents auront alors la possibilité d’aller acheter le peu d’abonnements mis en vente directement le lundi. Ce sera une exclusivité pour notre public. 

On voit aussi, dans la programmation, un accent mis sur les groupes suisses. Y-a-t-il une volonté de promouvoir la scène régionale ?

C’est clair ! On est un petit pays. Je pense que ça tombe sous le sens de mettre en avant les groupes de notre cru. Par contre, c’est plus compliqué – il ne faut pas oublier qu’un festival doit tourner d’un point de vue financier. On doit assurer une certaine programmation dont font incontestablement partie les formations internationales. Pour 2024, on s’est quand même fixé l’objectif de programmer encore plus de groupes locaux. A long terme, le Festival pourrait devenir un tremplin pour les nouveaux talents.

A la vue des magnifiques concerts qui s’annoncent, tu penses pouvoir en profiter un petit peu pendant les trois jours ?

Malheureusement, en 2022 je n’ai fait que courir. C’était un peu trop speed et émotionnel. Pour 2023, j’ai pris mes dispositions pour être un peu plus tranquille. Quand tu organises un événement de cette nature, toutes les personnes que tu croises veulent discuter avec toi et te remercier : tu prends 5 min à gauche, 10min à droite, pour finalement ne rien voir des shows qui se déroulent devant toi ! Cette année, je vais tout faire pour me protéger un peu plus et profiter à fond du moment ! Si mes équipes arrivent à gérer leurs secteurs, je peux continuer à me focaliser sur la programmation et les choses pour lesquelles je suis utile.

On t’a aperçu à Lausanne lors du concert d’Epica. Est-ce que tu fais de la reconnaissance pour tous les groupes programmés au Rock The Lakes ?

D’une manière générale, j’essaie d’aller les voir tous. Comme ça je peux vraiment me faire une idée de leur prestation live. Souvent, il y a un autre groupe en ouverture et ça permet de faire également de belles découvertes. Je fais confiance à mon programmateur mais je reste un fan de metal. J’ai du plaisir à aller voir des concerts. Tu sais, en programmation, on doit aussi tenir compte de l’évolution du metal. Ce qu’on écoutait il y a 20 ans se vend beaucoup moins aujourd’hui.

Le site internet du festival est une mine d’informations, il est précis et bien fourni. On sent les besoins du fan de festivals qui a envie d’être le plus impeccable possible. Cette double casquette t’a-t-elle beaucoup aidé ?

Bien entendu, et ce dès que j’ai décidé d’organiser ce Festival. Dans l’absolu, il est calibré comme je veux qu’il le soit. On veut que les gens aient du plaisir dans un cadre intime et familial. Ce qui exclut déjà de mettre en place quelque chose de trop grand. Il faut que le public puisse consommer des boissons ou des plats de qualité, que les prix soient corrects et que l’endroit soit magnifique. On souhaite que le séjour chez nous soit considéré comme un weekend prolongé. Il faut pouvoir profiter de la musique sans être coincés comme des sardines. Voilà, le Rock The Lakes c’est ça, une petite colonie de vacances metal où d’inoubliables souvenirs se créent.

Cette description vend du rêve ! Du coup, quels sont les tiens pour l’avenir ?

Maintenant, je rêverais bien de foutre le camp en vacances ! Mon rêve, c’est surtout que 2023 se passe encore mieux que 2022 et qu’il fasse beau tout le weekend. Il faut que tout se passe bien. Il faut que le public soit aux anges et que tous les gens qui viennent cette année aient envie de revenir en 2024. Je veux les entendre dire à leurs potes : « hé les gars, y a un endroit qui est absolument top – c’est à Vallamand, c’est le Rock The Lakes ! »

[Maud Robadey & Alex Pradervand]

https://www.rockthelakes.ch/

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