Si vous vouliez un peu plus de Justice dans ce monde, vous avez été généreusement servis vendredi soir dernier, à condition d’avoir été à la Place Bell. Après la sortie de leur quatrième album, Hyperdrama, en avril 2024, le duo français était prêt à partir en tournée nord-américaine. Heureusement pour nous, Montréal faisait partie de la liste!
La « French Touch » a vraisemblablement toujours le vent en poupe! Il n’y a qu’à mentionner Daft Punk pour qu’un sourire se dessine sur nos lèvres en repensant à la bonne époque (on parle bien des années 1990-début 2000 ici). Mais à ne pas vous méprendre: n’est pas Daft Punk qui veut et, malgré les ressemblances frappantes (duo français, esthétique d’albums similaire), Justice n’aspire pas à être la copie du duo formé par Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo. Bref, assez blablaté, passons aux choses sérieuses!
45 minutes de mise en bouche avec TIGA, DJ canadien qui compte déjà des remix de gros noms: The Kills, Moby, Depeche Mode, LCD Soundsystem et, surprise…Justice!
La barre est déjà haut placée – le public semble enfin se réveiller sur le dernier remix, « Kids » de MGMT. Ça y est, on est prêts pour la suite! À peine TIGA sorti de scène que la Place Bell prend 20 degrés d’un coup – les écrans indiquent en majuscules et en grosses lettres rouges: “ATTENTION. Lumières très intenses!”. On est prévenus. Plus les minutes passent, plus les oreilles bourdonnent. L’excitation monte d’un cran lorsque les lumières s’éteignent et que l’intro commence avant de continuer sur un long silence…signe que la salle est au bord de l’explosion.
Les premières notes graves et imposantes de Genesis retentissent et les quelques milliers de personnes font soudainement autant de bruit qu’une foule de 90 000 personnes à une finale de coupe du monde. Le parterre est plein à craquer; Xavier de Rosnay et Gaspard Augé, perchés sur une plateforme, font fumer leurs platines tandis que des colonnes de lumières blanches se dressent tout autour d’eux, les faisant apparaître face à face, imperturbables.
Les mix s’enchaînent, Generator, Mannequin Love ou encore Neverender (ndlr: collaboration avec Tame Impala), tous issus de leur dernier opus. Aucun mouvement de tête, aucune prise de parole, Justice est similaire à Daft Punk sur ce point: il y a des groupes (duos) iconiques comme ceux-là ou, même sans interaction, tu ne leur en veux pas – parce que t’es là pour suer et pour danser.
Et sur ce sujet-là, Justice est pas mal calé! Transcendée par les sons agressifs (dans le bon sens du terme) et ‘raw’ de Stress par exemple et les effets visuels spectaculaires, la Place Bell n’a pas été aussi vivante et énergique depuis des mois. S’ensuivent les beats pétillants d’Audio, Video, Disco sur fond de scène doré et téléphones allumés dans les gradins. La communion entre un artiste et son public, y a vraiment rien de plus beau.
Sentant la fin approcher, le public redouble d’énergie, les mains dans les airs, les voix s’élèvent – la fête ne peut pas se terminer ainsi. Le duo s’éclipse quelques minutes et revient avec, ce que l’on appelle communément chez les jeunes, du ‘lourd’. Heavy Metal, Phantom Pt. II et D.A.N.C.E clôturent une soirée visuellement parfaite et musicalement à la hauteur de nos espérances. Et parce que Justice, ce n’est pas seulement deux humains derrière des machines, le duo descend dans la fosse saluer les fans et filmer les belles têtes heureuses des premiers rangs qui apparaissent désormais sur les grands écrans de la Place Bell.
Alors, certes, on n’a peut-être plus Daft Punk en live (ou alors vous n’avez pas eu la chance de naître dans la bonne génération) – mais on n’est pas moins chanceux d’avoir Justice.
Long Live Justice!
SETLIST
Intro
Genesis / Phantom / Phantom Pt. II (Soulwax remix)
Generator / Love S.O.S
Mannequin Love / We Are Your Friends / Tthhee ppaarrttyy
One night / All night / D.A.N.C.E
Safe and sound
Neverender
Canon
Incognito / DVNO
Stress / Waters of Nazareth
Afterimage
Chorus
Audio, video, disco