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© Andy Gaggioli

2015 devait être le grand retour de Maiden quand son chanteur Bruce Dickinson, nous annonça un cancer de la gorge en début d’année. Bien que tous les fans frémirent, le groupe revient ce mois de septembre tout feu tout flamme avec l’épique ‘The Book Of Souls’. Magnéto.


Avant tout, comment vas-tu ? Après tout ce que tu as vécu ces derniers mois, c’est une question obligatoire!
Yeah, ça va bien. Toujours en train de bouger et sauter à gauche à droite. Le processus de guérison complète va prendre du temps. Certaines parties à l’intérieure de moi ont besoin de temps. Des endroits de ma muqueuse doivent se régénérer car ils ont été grillés par les radiations. Mais ça va gentiment venir car j’ai fini le traitement il y a quelques mois seulement. Il y aura sûrement de grandes améliorations d’ici la fin de l’année.

Cette expérience t’a sûrement beaucoup touché en tant qu’être humain et chanteur. Est-ce que tu as l’impression d’avoir changé ?
En vérité pas vraiment, non. À la fin de ce traitement, seules deux choses peuvent se passer: la première, tu te débarrasses du cancer et la deuxième… Tu n’y arrives pas (rires). Donc on s’inquiète un peu de cette deuxième option. Maintenant, il faut se concentrer sur la guérison. Je veux et je vais arriver à fonctionner comme avant. Je suis plutôt en bonne forme, mon organisme n’a pas été trop touché, j’ai perdu seulement un peu de poids. En ce qui me concerne, je dois faire attention en chantant car cela stimule plusieurs parties de mon corps qui sont en train de guérir, donc je ne vais pas chanter, pas encore. J’ai un peu essayé, mes poumons n’ont pas été touchés, les notes sont toujours là. Je dois simplement attendre et laisser mon corps récupérer. Mon docteur m’a dit: ‘c’est ridicule, vous ne devriez pas bouger de gauche à droite comme ça’ (rires.) Cette expérience m’a peut-être rendu plus impatient envers les personnes ou choses qui me font perdre du temps. Le temps à ma disposition pourrait être court, enfin j’espère qu’il n’est plus aussi court que ça maintenant (rires), mais je pense que si je dois rester à ne rien faire, ce sera mon choix et pas celui de quelqu’un d’autre.

Ton temps est précieux!
Exactement, et ce n’est que maintenant que je l’ai réalisé. Il y a plusieurs personnes qui voudraient que je fasse beaucoup de choses mais je ne vais faire que ce que je veux et non pas ce que les autres veulent ou attendent de moi!

Et ça devrait être possible sans que cela soit à cause d’une maladie !
Oui, mais parfois il doit t’arriver une chose pareille pour que tu le réalises.

Votre prochain album ‘The Book Of Souls’ sortira le 4 septembre prochain. Il s’agit probablement de l’album studio le plus long de votre carrière: 11 morceaux en 90 minutes ! Comment avez-vous fait pour avoir autant de matériel exploitable ?
Nous avons commencé à écrire et enregistrer en même temps, et nous avons continué jusqu’à ce que nous nous disions: ‘C’est assez ! On arrête! Nous avons presque 100 minutes, c’est assez les gars !’ (rires). Il y a même encore plusieurs idées laissées de côté!

Dans une interview pour ‘The Final Frontier’, Steve avait annoncé que vous alliez continuer vers cette direction très progressive. En écoutant ‘The Book Of Souls’, j’ai l’impression que vous êtes passés à un niveau supérieur: des morceaux très longs, plein de changements de temps et d’arrangements qui rappellent un peu le prog-rock des années 70.
J’ai grandi avec ça, même chose pour Steve.

Un morceau comme ‘Speed Of Light’ sonne plus hard rock de cette période 70’s que le heavy metal que nous avons eu l’habitude d’écouter depuis.
Ouais, ça sonne très Deep Purple, un peu comme dans leur période ‘Burn’.

Est-ce que l’on doit s’attendre à ce que vous suiviez cette direction dans le futur ?
Honnêtement, je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas. Je ne me serais jamais imaginé avant écrire un morceau de 18 minutes (‘Empire Of The Clouds’ ndlr).

Tout au long de votre carrière, vous n’avez jamais eu peur d’écrire de longs morceaux très épiques, par exemple le superbe ‘Rime of the Ancient Mariner’. Dans cet album, vous avez trois morceaux de plus de 10 minutes dont ‘Empire of the Clouds’ qui fait 18 minutes !
Oh oui. Je peux t’assurer une chose, je ne crois pas que nous jouerons ‘Empire of the Clouds’ en live (rires). Si on le fait, cela devrait presque être lors d’un projet parallèle.

À propos de ce morceau, c’est très rare que tu écrives seul un titre pour un album de Maiden. De quoi parle-t-il?
Il raconte la véritable histoire du R101, le plus grand dirigeable au monde, le 5 octobre 1930. Il s’est écrasé le même jour. C’est presque l’histoire d’un Titanic volant. Il s’agit d’un accident très connu en Angleterre. Quand le Hindenburg a explosé, tout le monde pensait qu’il s’agissait là de la plus grande tragédie d’un dirigeable, mais celle-ci fut plus immense encore. Ce morceau, c’est l’histoire de son dernier jour.

Il y a beaucoup d’arrangements classiques avec du clavier, des instruments à vent et à cordes. Est-ce que tu as composé toutes ces parties tout seul?
Eh oui.

C’est impressionnant! Tout le monde sait que tu es un très bon compositeur mais je ne te connaissais pas ce talent dans la musique classique.
Mais non, ce n’est pas classique, c’est seulement… de la musique. Il ne s’agit que de mélodies assemblées pour raconter une histoire. J’aime beaucoup les pièces orchestrales dans la musique rock, spécialement les cors d’harmonie, violons, flûtes, hautbois… ce genre d’instruments. J’ai écrit le morceau au clavier et je l’ai aussi enregistré pour cet album. C’était plutôt stressant car je suis un mauvais pianiste, suffisamment bon pour assembler les mélodies et les accords, mais sûrement pas un réel musicien compétent.

En composant un morceau pareil, est-il difficile de rester concentré? Est-ce qu’il n’y a pas le risque de retravailler le morceau plusieurs fois, ajouter et enlever des parties sans jamais arriver à une fin ?
La chose plus importante dans un long morceau, du moins pour moi, c’est de faire des pauses durant sa composition. J’ai écrit une partie, puis je l’ai laissée de côté durant un ou deux jours. Puis j’y suis retourné, j’ai écouté ce que j’avais composé et imaginé ce qui pourrait arriver ensuite. J’étais en train de raconter une histoire, je devais donc insérer les éléments nécessaires à sa narration. Ok, le dirigeable est tombé dans une tempête, bon il faut quelque chose qui sonne comme une tempête et puis imaginer ce qu’il se passait pendant cette tempête, ce que les personnes dans le dirigeable étaient en train de dire ou faire. Tu travailles ainsi jusqu’à ce que le morceau soit complet.

Tu l’as donc composé pas à pas ou avais-tu déjà une idée de la trame principale ?
Non, je l’ai composé pas à pas. J’imagine que c’est un peu comme faire de la peinture sur une grosse toile. Tu commences à petits pas et puis le jour d’après, quand tu veux recommencer, tu fais un pas en arrière pour regarder l’image générale afin de voir ce qu’il faut ajouter. Ensuite, tu retournes à ton ouvrage chaque jour pour ajouter plus de détails. Ça s’est passé un peu comme ça pour ‘Empire Of The Clouds’.

Quelle était la réaction des autres membres quand tu leur as présenté ce morceau?
J’imagine qu’ils ont prié pour ne pas la jouer en live (rires)! Ce fut un défi de l’enregistrer car les autres devaient jouer en suivant le clavier, cela durant tout le premier tiers du morceau. Il n’y avait aucun rythme. J’ai enregistré les parties de clavier et ils se sont basés sur elles.

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Vous travaillez avec Kevin Shirley comme producteur depuis 15 ans maintenant. Qu’est-ce que vous appréciez le plus chez lui et quelle a été sa contribution pendant la production de l’album ?
En parlant de ‘Empire Of The Clouds’, Kevin est un grand fan de ce titre, il a tout de suite su qu’il allait devenir énorme. Kevin est capable de produire un très bon son et arrive à recréer sur la bande notre vision des morceaux. Il est très doué pour ça.

Vous ne changez pas souvent de producteur! Vous étiez fidèles à Martin Birch durant 12 ans et maintenant à Kevin depuis 15 ans. Est-ce qu’il s’agit de confiance, de compétences musicales et techniques ou simplement, vous n’avez pas envie de changer une équipe qui gagne?
D’un côté oui, il y a ce fait d’être une très bonne équipe et de l’autre, si l’on regarde les changements opérés par rapport aux albums précédents, Kevin a été capable de s’adapter à ces changements avec nous. À mon avis, il serait difficile de commencer un nouvel album et faire confiance à un nouveau producteur. C’est une relation très intime.

De nos jours, plusieurs groupes de metal sont en compétition pour avoir le son le plus agressif et heavy mais vous, vous n’avez pas peur de présenter un son presque vintage ! N’avez-vous jamais considéré avoir un son plus agressif, un peu comme le son que tu as sur tes disques en solo?
Tu sais, Maiden a une identité musicale très forte, pourquoi changer et ressembler à tous les autres groupes?

L’industrie discographique est au niveau le plus bas de son histoire, est-ce encore important d’enregistrer des nouveaux albums? En tant qu’artistes et musiciens, êtes-vous toujours motivés à écrire de nouvelles compositions ?
C’est très important d’écrire du nouveau matériel. Sans ça, nous serions presque une sorte de ‘Iron Maiden cover band’ ou un ‘karaoke band’ de notre propre groupe sans pouvoir jouer des nouveaux morceaux. C’est clair que nous pourrions tourner sans cesse à coups de ‘greatest hits’ mais, pourquoi le public viendrait-il donc encore à nos concerts sans n’avoir rien à écouter de nouveau? Ils pourraient dans ce cas suivre un tribute band! La raison pour laquelle le public reste intéressé par ton groupe, c’est parce que tu proposes de nouvelles compositions.

Tu es sans doute un personnage très fascinant. Tu es un chanteur à succès, compositeur, pilote d’avion, tu as fait de l’escrime de haut niveau, tu as écrit des livres, tu produis de la bière… Comment arrives-tu à avoir autant de succès dans tout ce que tu fais ?
(rires)  Je ne sais pas si je réussis vraiment avec tout ce que je fais mais, j’essaye de faire de mon mieux. Je suis bon dans certains domaines et moins dans d’autres, j’essaye alors de travailler avec d’autres personnes qui sont capables de combler mes lacunes. Dans le cadre de la compagnie aérienne, j’ai un très bon partenaire et ensemble, nous arrivons à faire du très bon travail. Pour avoir du succès, il ne faut pas abandonner mais surtout être réaliste. Si quelque chose ne marche pas, il faut être capable d’accepter que peut-être, ce n’est pas une chose faite pour toi et se concentrer sur quelque chose de nouveau.

Après tout ça, il y a-t-il encore des buts que tu voudrais atteindre avec Maiden, en tant qu’ artiste ou personne ?
Avec Maiden, je ne serais pas contre le fait d’avoir un hit au numéro 1 au Billboard des Etats-Unis ! (rires)

book-of-souls-artworkwww.ironmaiden.com

‘The Book Of Souls’

Disponible le 4 septembre chez tous les bons dealers

Découvrez la chronique de The Book Of Souls ici

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