Après deux journées déjà bien chargées en décibels et en t-shirts noirs, le Heavy Week-End a pris une tout autre dimension pour son troisième et dernier jour. Une montée en puissance aussi violente qu’exaltante, une ambiance en fusion, des pogos et une foule électrisée par une programmation qui aura culminé avec la venue tant attendue de Slipknot. Mais avant le grand final, retour sur les hostilités de ce dimanche 8 juin.
Nothing More : la claque texane survitaminée. Formé en 2003 à San Antonio, Nothing More a tracé son chemin à travers le metal alternatif et le hard rock progressif, armé de refrains accrocheurs, de rythmiques massives et d’un sens de la théâtralité scénique peu commun. Après un succès critique en 2014 avec leur album éponyme, le groupe a imposé une identité sonore singulière. Mais ce soir, c’est la sueur, les cris et les basses vrombissantes qui parlent. Le chanteur, torse nu, arbore des peintures tribales noir et or, tel un guerrier d’un monde post-apocalyptique entre Mad Max et une expo d’art contemporain. Sa musculature digne d’un dieu grec sous stéroïdes est presque un décor à elle seule – et justement, il n’y a rien d’autre sur scène que le nom du groupe en fond. Tout est concentré sur le chanteur hyperactif, survitaminé, qui tambourine littéralement sur des grosses caisses placées en plein devant la scène, tapant à même le premier rang comme s’il lançait une guerre sainte du metal. Et ça fonctionne : le feu est mis dès les premières secondes, la foule est là en nombre impressionnant pour une première partie — aussi fournie que pour les têtes d’affiche des jours précédents. Un signe ? Clairement.
Rise of the Northstar : le shonen hardcore à la française. Premier groupe français du week-end, Rise of the Northstar débarque avec son univers unique, mélange de hardcore, de groove metal, et de culture manga / street culture japonaise. Créé en 2008, ROTNS s’est vite imposé par ses clips stylisés, son énergie débordante et son esthétique inspirée de l’univers shonen. Côté décor : un cerisier japonais solitaire, des panneaux tagués façon Tokyo underground, une ambiance visuelle minimaliste mais efficace. L’énergie, elle, est bien là : le groupe fait monter la température d’un cran, enchaînant les morceaux comme des mandales dans une ruelle sombre de Shibuya. Le public répond avec enthousiasme, chauffé à blanc pour ce qui s’annonce comme une très bonne rampe de lancement pour les vétérans de Mass Hysteria. À noter : le groupe a annoncé un nouvel album pour la fin de l’année. Préparez vos oreilles. Mention spéciale pour le guitariste masqué, stoïque, qui semble prêt à lancer une attaque spéciale à tout moment.
Mass Hysteria : la furie française. Deuxième groupe français de la soirée. Quand Mass Hysteria monte sur scène, tout change. Le public ne se contente plus d’être là : il explose. Appelant leurs fans “furieux” et “furieuses”, comme un serment de sang, le groupe déclenche les premiers vrais pogos massifs du week-end. Pas des petites bousculades de courtoisie, non. Les gros, les vrais, où la terre semble trembler, où les slammeurs se succèdent comme des vagues humaines. On ne surfe plus, on glisse sur une mer noire en ébullition. Côté scène, on monte d’un niveau : lettres géantes “M” et “H” en métal de chaque côté, bannière sur les flancs, batterie en hauteur, comme pour mieux dominer cette marée humaine en transe. Un set d’une intensité folle, conclu sur un cri aussi simple que galvanisant : “Est-ce que vous êtes HEUREUX ?” On l’était. Viscéralement.
Slipknot : la messe noire. 22h. Le Zénith est plein à craquer. L’atmosphère est lourde, moite, chargée d’attente et d’électricité. Les premières notes de K2000 résonnent, c’est le signal : Slipknot arrive. Et avec eux, la fin du monde. Groupe phare de l’Iowa fondé en 1995, Slipknot est la machine de guerre absolue du metal américain. Des masques effrayants, une violence sonore millimétrée, et une mise en scène qui donne des leçons à Hollywood. Le décor est gigantesque, le jeu de lumière hallucinant – presque un spectacle à lui seul, à mi-chemin entre un concert et une descente dans les neuf cercles de l’enfer. Seul bémol : absence du Clown, qui a dû rester chez lui pour une situation familiale. Le groupe l’excuse en plein set, avec respect et sobriété. Corey Taylor, en grand maître de cérémonie, gratifie le public de quelques mots en français — un “Bonjour, ça va ?” sincère. Et pendant 100 minutes, c’est un rouleau compresseur qui défile sur scène : carré, puissant, rôdé à la seconde près. Le public ? En feu. Complètement possédé.
Conclusion : L’Explosion Finale. Quel contraste avec les deux premiers jours ! Là où l’ambiance était bonne, mais plus sage, ce dimanche a tout balayé. Un Zénith plein à craquer, des slams en rafale, des pogos frénétiques, des groupes au sommet de leur forme. Ce troisième jour fut le point d’orgue, l’orgasme métallique ultime d’un week-end déjà intense. On en ressort éclaté, souriant, un peu sourd mais complètement heureux et l’on se dit tout simplement à l’année prochaine 🔥🤘[Adeline PUSCEDDU]
Photos : by CFK






