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De la pénombre jaillit la musique

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Stormo + Darius + Birds in Row – Caves du Manoir, Martigny – 3 mai 2024

Du plus sauvage au plus habité, cette soirée en terres valaisannes construite autour du hardcore a suivi un scénario qui après un terrible premier uppercut sonique a, petit à petit, gagné en mélodicité et en profondeur, sans jamais perdre en intensité, ni en spontanéité.

Les Italiens de Stormo ouvrant les feux, les Caves étaient d’entrée prises dans le tourbillon d’un vent violent. Avec ses rafales de batterie et sa rythmique obsédante, le quartet des Dolomites pousse d’un côté une basse qui se tord, qui vrombit, et de l’autre une guitare qui cisaille en permanence, portée haut, comme pour en concentrer l’impact. Ce travail sans relâche pourrait ne laisser qu’une place ténue au chant de Luca Rocco, et c’est bien le contraire qui se passe. Tendant le cou vers le haut, comme pour passer au-dessus de la vague, il développe une puissance affolante et sa voix finit par ne plus être seulement qu’une mélodie mais bien un instrument à part entière. Fière, imposante, comme un trait d’union incessant reliant le groupe au public. On en ressort groggys.

Poursuivant sur ce lit de braises incandescent, les bullois de Darius pouvaient tailler les premières brèches lumineuses de la soirée. Défendant fièrement leur nouvel album « Murmuration » fraîchement débarqué dans les bacs ce jour-là, le quintet avance de front avec ses trois guitares dont l’uniformité peut être autant force de frappe, que leur incessant contraste être toujours gage d’une belle forme de mélodie. Déroulant ses nouvelles compositions, le groupe tiré en avant par une section rythmique solide et rigoureuse, fait de sa musique instrumentale une formidable machine à inventer des histoires. On a cru y voir passer des batailles épiques, des soirées boulimiques, des amours lyriques. On a traversé des océans, chevauché dans le désert. Le public a même fini par être le havre de repos de leurs instruments au moment où en débranchant les câbles, les musiciens mettaient fin à leur prestation. Intense.

Puis un mur de fumée s’est doucement installé sous l’arche, la lumière s’est faite plus discrète, et un riff tendu a surgi de la scène. Une basse ensuite, d’abord lente, l’a suivie et un roulement de batterie encore sobre s’est glissé au milieu. L’épais rempart nébuleux transpercé d’éclairs lumineux enroulant Birds in Row dans une forme de voile, c’est la musique de la formation lavalloise qui est sciemment mise en avant, le chant scandé porté aux nues. Si titre après titre le trio finit bien par prendre la lumière, c’est surtout la formidable rencontre entre une batterie en forme de vague perpétuelle, imposante, intraitable, et un univers sauvage et lyrique construit par la guitare et la basse qui s’impose. Avec toujours cette volonté inébranlable de mettre l’humain et les émotions en avant, de ramener le partage au centre de la vie, le respect mutuel comme étendard, nous attirant aussi loin que possible du mirage réseaux sociaux. Et les musiciens de vivre l’instant profondément avec d’un côté Bart Hirigoyen courbé sur le micro, la guitare plaquée au corps, Joris Saidani au centre étouffant sa batterie sous les coups, et de l’autre côté Quentin Sauvé intenable, lançant sa basse toujours vers l’avant tout en assurant une brillante deuxième voix. De la vie, de l’envie, de l’énergie. Reste un infime regret, que pour cette unique date en Suisse, le concert n’ait pas duré plus longtemps.

Yves Peyrollaz

https://stormomusic.com

http://www.dariusband.com

https://wearebirdsinrow.com

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