Le 22 septembre dernier, Viagra Boys était de passage au MTelus dans le cadre de leur tournée The Infinite Anxiety Tour. Présentée par Evenko, la soirée affichait salle comble pour la formation suédoise. Le Daily Rock Québec était de la partie et on vous raconte tout ici.
PREMIÈRE PARTIE : BODEGA
En ouverture, le groupe Bodega, originaire de la scène post-punk de Brooklyn, a livré une prestation appréciable. Composé de Nodega Ben (voix, guitare), Agent Ryan (guitare), CCII (batterie), The Professor (guitare de fond) et Dead Kitty (voix féminine et percussions), le groupe a démontré une belle cohésion scénique. Le public montréalais, qui les avait vus pour la dernière fois au FME 2024, a accueilli leur retour avec enthousiasme. Musicalement, Bodega mélange indie, punk et post-rock dans une sélection pleine de contrastes. Chaque membre occupe une place claire sur scène, avec une gestuelle propre qui capte l’attention. Mention spéciale à Dead Kitty, qui arborait l’inscription « ROT » en rouge à lèvres sur sa poitrine — un clin d’œil à leur dernier EP Rot In Helvetica. Simple, mais efficace.
TÊTE D’AFFICHE: VIAGRA BOYS
Quand Viagra Boys monte sur scène, le terme explosif devient un euphémisme, et c’est peu dire. D’entrée de jeu, Man Made of Meat percute le parterre de plein fouet. Torse nu et plus désinvolte que jamais, Sebastian Murphy lance ses « ok » et « alright » iconiques. L’effet est immédiat : la foule, à l’image d’une piscine à vagues, se soulève. Rapidement, on ne touche plus le fond et on se laisse porter. Un choix aussi stratégique qu’anticonformiste pour une pièce à succès qui aurait facilement pu servir de rappel.
Les morceaux s’enchaînent sans répit, là où une pause aurait permis de mieux apprécier l’ensemble. La setlist a puisé dans Viagr Aboys, mais aussi dans Cave World, Street Worms et Welfare Jazz. Une prestation sans compromis : absurde, satirique et disjonctée. D’ailleurs, connaître les paroles par cœur semblait être une condition préalable à l’achat d’un billet, ce qui a rendu l’expérience d’autant plus mémorable par le sentiment d’appartenance qu’a suscité la récitation collective. Murphy, bête de scène invétérée, multiplie les allers-retours vers le public. Il remercie la foule en français, avec quelques envolées politiques sur la solidarité et la tolérance.
Parmi les moments forts : l’introduction de morceaux plus électroniques — notamment Sports et Research Chemicals — sublimés par des solos du saxophoniste Oskar Carls, qui n’a pas hésité à prendre part au bodysurfing. À cette surprise inattendue s’est ajouté un jeu de lumières dense et saturé, ponctué de stroboscopes RGB. Avec un envoi massif de basses, la salle plonge dans une ambiance quasi-club. Une expérience sensorielle presque planante où le thorax ondulait comme une caisse de résonance, rendant l’immersion totale.
Enfin, là où l’on aurait pu s’attendre à un certain laisser-aller post-punk, on découvre plutôt une performance planifiée au quart de tour et peaufinée jusqu’à l’absurde (comme l’effet des gyrophares pour Store Policy). Des moments figés, presque suspendus, ont préparé le terrain à des transitions dramatiques où se mêlent synthétiseurs et tension : une bonne façon de créer du rythme et d’ajouter de la structure à une fête déjà survoltée.
Difficile de passer sous silence la ferveur du public. Mention spéciale à un spectateur qui, pendant presque toute la durée du concert, a brandi un grandeur nature de Murphy, signé — symbole ultime de sa dévotion.
Photo de Fredrik Bengtsson
