A l’occasion du Greenfield Festival 2023, on a eu la chance de pouvoir interviewer le groupe de clôture, qui n’est autre que Slipknot ! C’est donc avec le percussionniste, Tortilla Man, que nous aurons le plaisir de passer quelques instants à converser.  

Vous avez headliné à plusieurs reprises (pour toi, c’est la deuxième fois) le Greenfield Festival. Qu’est-ce que tu aimes à propos de cet événement ? 

Eh bien, laisse-moi te dire ce que j’aime à propos de revenir ici pour la deuxième fois. La première fois que je suis venu, j’étais nouveau. C’était ma première tournée avec Slipknot. Donc cette petite tournée que nous faisons là, à travers l’Europe, c’est comme une tournée de retour pour moi, un moyen d’avoir une deuxième chance. Je trouve que mes parties vocales sont nettement meilleures maintenant, donc j’ai hâte de le démontrer. 

Il me semble qu’en 2019 c’était déjà pas mal ! 

Et bien merci ! Pour être honnête, je reviens de loin si on compare à 2019. 

Vous venez de sorti votre premier EP « Adderall », titre d’introduction de votre dernier album « The End so far ». Quel est le concept derrière tout ça ? 

Shawn en sait bien plus que moi. Mais je dirai que :  Il y a plusieurs couches sur la version album d' »Adderall ». C’est en quelque sorte un moyen de donner aux gens la possibilité d’entendre ces différentes couches sans le chant de Corey, afin de mieux entendre ce qu’il se passe en arrière-plan, et d’autres avec Corey sans trop d’instrument, juste le piano et les chœurs. En gros, c’est un peu ça l’idée. Et vous pouvez également écouter la démo brute avec les placements de Shawn. Ce qui donne la possibilité d’entendre l’évolution entre la version de départ et celle retravaillée avec tout le monde dessus.  

En parlant de l’album « The End So Far ». On a l’impression que Slipknot prend un nouveau tournant en matière de style musical. Peux-tu m’en dire plus ? 

Personne ne s’assoit dans une pièce devant un tableau blanc en disant : « On est là, on va aller là ». Ça arrive simplement. Et tu sais, Clown est le leader du groupe. C’est lui qui dirige le tout, en quelque sorte. Parfois, il a une vision et ça va dans ce sens. 

Pour cette fois, ça a simplement commencé par différentes personnes apportant des idées diverses, et cela a peut-être créé une nouvelle voie à notre musique, mais nous avons suivi. 

Que tout le monde se rassure, nous allons continuer à faire de la musique brutale et des trucs comme l’album « Iowa ». Au fond de moi, je sais que les autres veulent continuer à sonner heavy. C’est juste dur d’être toujours comme ça, mais ce n’est pas comme s’ils ne le pouvaient pas. C’est comme si tu jouais les mêmes choses qu’à tes débuts… En tant que musicien, tu progresses et tu n’as plus forcément envie de jouer de la même manière qu’avant. 

Donc tout ça mélangé au Covid et autres « merdes de la vie » fait qu’on avait envie d’un peu de changement. Avec nous neuf, il y aura toujours de nouveaux trucs à l’horizon, mais ça ne va pas devenir bizarre ou expérimental. On veut simplement continuer à faire headbanger tout le monde. 
  

L’année passée, tu t’es blessé la cheville sur scène. Comment se passe le rétablissement ? 

J’ai porté une attelle et ça a aidé. J’ai aussi fait de la physiothérapie dans ma ville natale avec un gars super cool. Comme ma cheville me faisait mal, je marchais différemment et du coup, j’ai commencé à avoir mal au dos. 

Quand je joue, l’adrénaline me donne un coup de fouet, mais c’est vrai qu’après, mon dos à tendance à me faire mal. Je ne sais pas, il y juste tellement d’énergie qui se dégage de la foule, c’est tellement cool. Tu mets le masque, tu deviens fou, tu veux juste headbanger.   

La seule chose que tu peux contrôler c’est l’effort. Donc j’essaie de donner le meilleur de moi à chaque fois. Parfois, il fait tellement chaud que je dois essayer de me retenir de faire un malaise, mais ça ne m’empêche pas d’y retourner à chaque fois ! 

En parlant de ça, comment faites-vous avec les masques ? Car ils ont l’air de tenir très chaud. 

Ils tiennent très chaud. Tu sais, j’essaie de me tenir en forme. Je n’aime pas vraiment faire du sport tous les jours, mais j’adore faire du vélo, aller marcher et jouer au disc golf. Enfin, surtout le disc golf, c’est vraiment ce que je préfère ! Pour en revenir à ta question, ça dépend un peu de la forme physique que tu as. Il fait chaud. Les masques sont inconfortables et étranges, mais la foule nous procure tellement d’énergie que cela compense. 

Donc vous n’avez pas de techniques secrètes pour être plus à l’aise sous les masques ? 

Si, bien sûr ! Tu vois ces espèces de scotch que tu colles sur le nez pour mieux respirer ? Les « Breathe right strips » ! C’est ce que j’utilise. Il y a aussi les pauses ! 

En fait, nous jouons trois chansons, puis nous faisons un petit arrêt, puis nous enchaînons avec deux titres avant de sortir à nouveau de scène, etc. Par exemple, quand Corey parle, la lumière s’éteint, du coup je peux aller à l’arrière et respirer. 

Vous avez joué et allez jouer dans pleins de festivals cet été. Lequel es-tu le plus impatient de faire ? 

Ça va sonner un peu clicher, mais littéralement celui où je me trouve sur le moment. Il y a tellement de monde, c’est tellement cool, c’est juste incroyable ! Parfois, j’oublie où je suis, pas parce que je m’en fous, mais juste parce que chaque endroit où je me trouve est juste « WOW » et tellement cool. 

J’ai joué des concerts pendant 25 ans devant un public allant de cinq à dix-sept personnes. Tu vois ce que je veux dire. Et maintenant, je monte sur scène devant tous ces gens qui adorent ce qu’on fait, c’est juste incroyable. J’ai l’impression que si je choisis un endroit en particulier, ça serait injuste pour les autres et je n’aime pas particulièrement faire ça. 

Mais je vais dire ça :  Quand j’ai commencé, j’étais un instrumentaliste, j’adorais la musique, faire des headbangs et je savais que je serais parfait pour les shows. Je ne faisais pas de chant, de cris ou toutes ces choses-là. Ça m’a mis la pression, mais j’ai fini par céder. Je ne sais pas, je n’étais pas prêt pour les parties chant. Ce n’est pas que je m’en foutais, c’est surtout que je n’en avais jamais fait. Du coup, les gens pourraient dire « WTF pourquoi ils l’ont engagé lui, moi je pourrais faire ça ou ça », tu vois. Il y a très probablement des milliers de gens qui crient mieux que moi. Mais j’ai pris ça très au sérieux depuis le début. Dès le premier concert, j’ai observé Corey. 

Crois-le ou non, mais à chaque fois, je regarde cette vidéo YouTube où ça dit « ce que tu dois faire, c’est faire ce bruit [scream] et les backing font [scream en arrière-plan]. J’essaie et je me dis que ce n’est pas si horrible que ça, mais je continue à bosser dessus. 

Sur plusieurs concerts de ma première tournée avec Slipknot, des gens ont filmé des vidéos pour les mettre sur YouTube. Un d’eux devait sûrement se trouver près des haut-parleurs où tu peux entendre ma voix vraiment forte.  

Du coup, j’ai eu pas mal de commentaires assez durs. Je dois dire que les maggots (fans de Slipknot) sont vraiment sincères. Ils ont souvent carrément raison quand ils nous disent ce qu’ils n’ont pas apprécié. Du coup, ils étaient là « Ce gars a beaucoup d’énergie mais sa voix est à chier ». Je ne l’ai pas pris en mode « fuck you », je me suis dit : « Okay, je dois travailler là-dessus », et c’est ce que j’ai fait. Tout ça pour dire que je suis de retour à l’endroit même d’où vient cette fameuse vidéo YouTube. [rire] Ah oui ! Par contre, ce festival a probablement le paysage le plus beau. C’est juste magnifique. 

As-tu le temps d’aller voir d’autres concerts ? 

Je ne choisis pas vraiment l’heure à laquelle nous arrivons, car c’est géré par les tour-managers. Donc, par exemple, on peut arriver à 18h et jouer à 22h. Mais une fois sur les lieux, je suis toujours sur la scène à regarder les concerts qui passent et observer la foule. Parfois, je ne sais même pas qui est en train de jouer. Du coup, dès que j’en ai l’occasion, je consulte l’horaire des concerts et je me rappelle qu’à tel moment, j’ai adoré tel groupe. Après, s’il y a un gros groupe prévu et que je suis déjà sur le festival, il y a des chances que j’assiste à leur spectacle.  
  
 Veux-tu ajouter quelques mots pour nos lecteurs et tes fans suisses ? 

Je suis juste honoré d’être là. Toute la route pour venir était magnifique donc merci pour tout. J’ai une chance incroyable de faire ce que je fais avec Slipknot, d’être sur scène devant des gens qui adorent notre musique. C’est un honneur et je ne le prend jamais pour acquis. Et gardez les yeux bien ouverts ! Clown ne sera pas là ce soir, alors, je vais alterner entre son côté et le mien. Ainsi, peu importe où les gens se trouvent, ils auront droit à un « Tortilla show ». 

Merci. 

Fun Fact : Après avoir demandé un exemplaire de notre super magazine en souvenir, Tortilla Man me confie que c’est la première fois de sa carrière qu’il accorde des interviews.  

© Hiromi Berridge

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