Il y a 40 ans, le 30 novembre 1979, le label Harvest/EMI publia au Royaume-Uni le onzième album studio du groupe Pink Floyd, intitulé sobrement « The Wall ».

Un double album qui allait marquer l’Histoire du Rock, autant par sa production et son contenu musical que par ses chiffres de ventes, parmi les plus élevés au monde, sans oublier la tournée qui s’ensuivit, ainsi que le film d’Alan Parker avec Bob Geldof dans le rôle principal.

Pourtant, rien ne fut simple pour créer et produire ce disque. Excepté certainement l’idée de base et son concept, imaginés par le bassiste Roger Waters. Ce dernier a voulu concevoir un concept-album sous forme d’opéra-rock, tournant autour du personnage de Pink, vedette du rock, et de tous les traumatismes jalonnant sa vie, depuis sa plus tendre enfance, jusqu’à sa vie de rockeur marié puis divorcé, puis drogué afin de continuer à assurer le spectacle, chacun des traumatismes constituant une brique dans le mur que Pink construit petit à petit entre lui et la réalité…Une histoire mise en musique à l’aide de petites pièces, complètement à l’opposé de ce que le groupe avait produit ces dernières années.

Si ce concept remporta très vite l’approbation des membres du groupe, sa création ne fut pas de tout repos. Tout d’abord, les quatre acolytes devaient faire face à de gros soucis financiers, des investissements hasardeux de la part de leurs gestionnaires de fortune les poussant même à s’exiler de Grande-Bretagne, et de ses services fiscaux, afin d’éviter la banqueroute pure et simple. Cela les obligea à enregistrer l’album sur une période de huit mois dans des studios américains et français, au lieu de leur habituel studio d’Abbey Road. Ils durent également faire face au comportement erratique de leur claviériste Richard Wright, incapable de fournir le moindre matériel ni la moindre production, poussant même le reste du groupe à l’en éjecter après la parution de l’album.

Heureusement, ils étaient entourés de personnages-clés qui surent malgré tout tirer parti du formidable potentiel du concept. Ainsi, le producteur canadien Bob Ezrin (connu pour son travail avec Peter Gabriel ou encore Alice Cooper), l’ingénieur du son anglais James Guthrie (recommandé par Alan Parsons lui-même) et le compositeur/arrangeur américain Michael Kamen (connu par la suite pour ses musiques de films, telle celle de la saga de l’Arme Fatale) apportèrent leurs pierres à l’édifice (ou plutôt leurs briques dans le mur, pour rester dans le thème du disque) au point que l’on retrouva ces trois personnages dans les albums suivants du groupe.

Le résultat, tout le monde le connait. 30 millions d’exemplaires vendus dans le monde, au top des charts de nombreux pays, des morceaux devenus des standards du Répertoire (Another Brick in the Wall Part 2 fut même numéro 1 au Billboard américain), et même ironiquement, la bande-son de la chute du Mur de Berlin en 1989, dix ans après sa sortie.

Un sommet de production des années 70 toujours aussi impressionnant à écouter sur une bonne sono, ou dans un bon casque, indispensable à toute discothèque qui se respecte, et qui à vrai dire n’a pas pris une ride. C’est certainement à cela qu’on reconnait les chefs-d’œuvre.

Bon anniversaire, The Wall !

Jeff Meynieu