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Emma Ruth Rundle – Un écrin d’espoir

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Au galop entre deux tournées, l’artiste californienne revient avec ‘On Dark Horses’, un album fort de son assurance, qui révèle une nouvelle facette de cette fascinante sensibilité dont on ne pourrait se lasser.

Quand avez-vous commencé à composer ‘On Dark Horses’ ?
Peu après la fin de ma tournée en Europe en 2017. Au début de l’automne, je me suis mise à écrire les morceaux ‘Dark Horse’ et ‘Control’ qui sont devenus par la suite des pièces centrales de l’album. Plus tard, quand je suis revenue de tournée durant l’hiver, j’ai pris deux mois pour composer le reste de l’album. Il y a donc une sorte de fissure entre ces deux périodes de compositions.

Pour cet album, vous avez notamment collaboré avec les membres de Jaye Jayle, avec lesquels vous êtes partie en tournée, comment cela s’est-il passé ?
Oui, nous travaillons souvent ensemble, Evan Patterson and Todd Cook, le chanteur et le bassiste de Jaye Jayle jouent également dans mon groupe durant mes tournées. Pour chacun de mes albums, j’ai toujours commencé avec la guitare acoustique. J’ai composé toutes mes mélodies et vocalises de cette manière. Sur ‘On Dark Horses’, Dylan Nadon de Wovenhand m’a rejointe pour élaborer la partie batterie. Par la suite Evan est intervenu, il a composé parfois sur la base d’idées que j’avais pour une seconde guitare, ou parfois avec ses propres idées en fonction des morceaux. Il a apporté beaucoup à cet album, avec son propre style ainsi que sa créativité. Les mélodies et vocalises qu’il a apportées sont vraiment magnifiques.

On entend justement Evan Patterson vous accompagner au chant sur le morceau ‘Light Song’. Vous avez deux voix très différentes, et cela donne une vibration très particulière à ce morceau qui se démarque du reste de l’album. Pourquoi ce choix ?
Pour moi, ce morceau faisait office de baptême de l’air. C’est à la fois une chanson d’amour et un genre de chanson de mariage folk. Il parle notamment de l’attente de l’arrivée du partenaire, ça me semblait évident d’en faire un duo. Il est lié à un morceau du dernier album de Jaye Jayle, ‘Marry Us’. C’est aussi un duo, sur lequel je chante. J’ai trouvé très intéressant ce parallèle entre les deux morceaux, bien que ‘Light Song’ ait été écrit avant ‘Marry Us’. Evan m’accompagne sur le morceau ‘Run Together’ de l’album ‘Some Heavy Ocean’ et j’ai pensé qu’il serait bien qu’il apparaisse également sur ce nouvel album.

On a le sentiment que cet album est beaucoup plus lourd, plus pesant que les précédents, pourtant il témoigne d’un retour à l’espoir !
J’ai laissé paraître beaucoup d’espoir sur des passages au contenu très difficile, comme par exemple dans ‘Dark Horses’, qui parle d’une enfance gâchée par des abus et de la fierté d’arriver à surmonter ce trouble. ‘Control’ parle d’arriver à bout d’une addiction. ‘You Don’t Have to Cry’ est un morceau que j’ai écrit pour un ami qui a du faire face à des problèmes sociaux et subit de la discrimination. Je pense qu’il y a un message d’espoir dans la plupart des morceaux. Il y a aussi des exceptions. Par exemple, ‘Apathy on the Indiana Border’ est un morceau assez démoralisant. Mais cela ferait très pleurnichard de se plaindre tout le temps dans la musique sans jamais offrir de solution.

Quel morceau a été le plus difficile à écrire ?
‘Apathy on the Indiana Border’ est celui qui m’a pris le plus de temps. J’ai buté sur ce morceau pendant longtemps, je n’arrivais pas à écrire sur mon passé, j’avais constamment une terrible panne de la page blanche. Du coup j’ai tenté d’écrire sur ce blocage, auquel j’avais déjà eu affaire, sur ce sentiment sans nom qui m’a suivi dans ma vie et qui revenait par moment. J’ai vraiment été bloquée à plusieurs reprises durant la composition de ce morceau.

Vous abordez des sujets très personnels, comment vous sentez-vous sur scène ?
C’est beaucoup plus émotionnel quand je joue en solo. Ça peut être un challenge quand je fais la première partie d’un autre groupe, le public est parfois peu attentif et c’est plus difficile d’être aussi vulnérable et de transmettre mes émotions à une audience que je dois rendre réceptive. Et quand je joue avec mon groupe, c’est différent, c’est plus facile, je peux d’avantages me concentrer sur les instruments et moins sur l’émotion. Parfois c’est très gratifiant et parfois c’est plus un challenge.

Lorsque que tu n’es pas en tournée, tu fais également de la peinture. Est-ce que tu participes à la création graphique de tes albums et de ton merch ?
Oui, nous faisons tout. J’ai créé l’ensemble des photographies et la mise en page de ce dernier album. Evan Patterson, qui est aussi mon compagnon, est également graphiste : nous avons créé ensemble le merch. J’aime faire le plus possible par moi-même, mais je n’ai jamais encore utilisé une de mes peintures pour mes pochettes d’albums.

Cet album semble se terminer comme la conclusion d’un chapitre, comment voyez-vous la suite de votre projet solo ?
Il y a plusieurs choses dans l’air… J’ai vraiment envie de refaire un album acoustique. J’ai déjà hésité à le faire avec ‘On Dark Horses’, ça fait un moment que j’y pense. J’ai aussi très envie de refaire quelque chose de complètement instrumental, je vais peut-être retourner à la guitare électrique. [BG]

www.emmaruthrundle.com

Fiche CD :
Nom de l’album : ‘On Dark Horses
Label : Sargeant House
Note : 5/5

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