La Suisse est un des pays avec le plus grand nombre de festivals au mètre carré, c’est un fait connu. Mais tous ne sont pas d’énormes machines qui peuvent parfois perdre un peu leurs âmes. Certains « petits » festivals accessibles financièrement pour le public continuent à faire danser, comme c’est le cas avec l’Avenches Open Air et son ambiance atypique. Discussion avec Jon Wyler, Président du festival qui nous en dit davantage…
Pourrais-tu te présenter brièvement ainsi que ton parcours ?
Salut, je m’appelle Jon et suis le Président de l’Association Avenches Open Air depuis deux ans, avant lesquels j’ai fait l’accueil et le montage technique. Ma vie a été répartie entre la Suisse, la Chine et les États-Unis, j’ai donc eu la chance de faire plein de rencontres ainsi que d’apprendre plusieurs langues et cultures. Je travaille dans la musique depuis plus de vingt ans d’abord comme tour manager (Japon, Chine, US) et ayant une formation en hôtellerie – dans les équipes d’accueil artistes (Midi Festival, Rock Oz’Arènes). Plus récemment j’ai travaillé comme stage manager (Wacken, Bangalore Open Air, Envol & Macadam) et production manager (Rock Oz’Arènes, Rock The Lakes).
C’est la deuxième édition de l’Avenches Open Air, on peut dire que la première était un succès ?
La première était un vrai bonheur ! Des artistes magnifiques et de très belles découvertes, un public enchanté – ce qui n’était pas gagné d’avance avec le renouveau du festival (auparavant « Cetlic’Fest Avenches »). Nous avons un peu souffert avec la météo, mais la bonne humeur a réchauffé toutes les personnes présentes.
Quels seront les changements ou améliorations par rapport à l’année dernière ?
Les changement principaux sont que nous avons des têtes d’affiches d’un plus grand calibre (The Rabeats & The Baseballs), ainsi qu’ajouté une soirée gratuite afin d’offrir un moment de partage aux habitants de la région. Nous avons également prévu un DJ Rock chaque soir afin que le public puisse profiter du site après les concerts.
Le festival se dit « rock festif », peux-tu nous expliquer à quoi on peut s’attendre comme ambiance et également où il va se dérouler ?
Quand la décision a été prise de transformer le festival en Avenches Open Air, il était important pour nous de maintenir l’ambiance du Celtic’Fest – familiale, chaleureuse, dansante. Nous voulions élargir l’offre musicale tout en gardant cet esprit festif (rockabilly, blues rock, hard rock, celtic rock), ainsi que de ne pas faire concurrence à Rock The Lakes en programmant du metal.
Parle-nous des têtes d’affiches de cette édition
Le vendredi, ce sera The Rabeats qui sont “LE” groupe tribute aux Beatles. Ils ont tourné partout en Europe, enchantant les foules et remplissant les Zéniths en France. Pour leur ultime tournée, ils viendront faire danser le public Avenchois au rythme des plus grands tubes de ce groupe mythique. Samedi soir The Baseballs feront bouger le public avec leur rock’n’roll des années ’50-’60 complètement déjanté. C’est un groupe dont nous rêvions depuis un moment mais n’avions jusqu’ici pas les moyens de programmer. Ils seront à Avenches sur la fin de leur tournée printanière.

Peux-tu aussi nous présenter les découvertes locales que vous allez proposer ?
Nous avons une belle programmation suisse cette année, et même régionale : jeudi soir E.C.H.O.E.S (Pink Floyd tribute – Payerne) et Taste of Blue (blues rock – Estavayer). Vendredi : Glasnost (celtic rock – Yverdon) ouvriront le bal et samedi, nous démarrerons avec les Valaisans de Worry Blast (hard rock) et auront le plaisir d’accueillir les Bâlois de Lovebugs (rock) plus tard dans la soirée. Il est très important pour nous d’être une vitrine pour le talent suisse, de promouvoir les groupes régionaux en leur donner l’opportunité de jouer aux côtés d’artistes internationaux. On a la chance d’avoir un pays plein de bons musiciens, c’est l’occasion de les mettre en valeur. Ensuite, c’est aussi à notre avantage, les artistes locaux encouragent souvent leurs amis à assister aux concerts et font de la promotion locale, ce qui est peut être plus difficile pour un groupe étranger.
Avec le nombre de festivals au mètre carré en Suisse, n’est-ce pas trop ambitieux d’en rajouter un, et comment celui-ci se démarque des autres ?
Le Celtic’Fest a lieu à Avenches depuis 2020, et s’est transformé en Avenches Open Air il y a deux ans – c’est donc notre 6ème édition. Cela étant dit, le marché suisse arrive à mon avis à saturation. Les festivals cannibalisent le public ainsi que les sponsors et font souvent de la surenchère pour les artistes poussant les cachets à des prix qui ne sont plus accessibles pour les petites organisations. Par contre, nous avons beaucoup de passionnés en Suisse et l’énergie, le désir de créer des événements en mode associatif reste très fort.
Pour l’Avenches Open Air, notre carte de visite est composée de deux éléments clef : l’ambiance et la découverte. Comme mentionné auparavant, nous tenons à maintenir cette atmosphère festive, familiale que l’évènement connaît depuis ses débuts. Ensuite nous faisons tous partie de cette aventure car nous adorons la musique, assistons régulièrement à des concerts et avons grand plaisir à partager nos découvertes, suisses et internationales. Notre coup de coeur du dernier Celtic’Fest: The Clan (celtic rock – IT) et celui du premier Avenches Open Air – Deadbeatz (punk & blues – AT) seront également de retour cette année tellement ils ont été appréciés par le public.
Peux-tu nous parler de votre partenariat avec la Fondation Rock’Oz Arènes ?
Le Rock Oz’Arènes a longtemps été LA référence dans la région, et la grande scène dans les arènes nous a tous fait rêver. Plusieurs d’entre nous avions des liens avec le festival, dans mon cas, j’y ai travaillé plusieurs années. Nous avons tous pleuré sa fin en 2022 lors de la fermeture des arènes pour travaux. C’est notre vice-président, Luc Ryser et Fabien Berger (président de la Fondation Rock Oz’Arènes et responsable sponsoring d’Avenches Open Air) qui ont amorcé la discussion l’an dernier. En discutant avec les deux comités, nous avons établi une bonne entente. La Fondation n’ayant plus de festival actif, cherchait à soutenir la culture, et le festival en voulant grandir avait besoin de soutien en terme d’expérience ainsi que de recherche de fonds (les festivals ne sont malheureusement que très rarement financièrement viables sans subventions et sponsoring). Nous faisons une année “test” pour voir comment ça se passe, et nous espérons continuer à développer ce partenariat.
Quelles sont les ambitions du festival à long terme ? Se développer et grandir ? Prendre la place de Rock’oz Arènes ?
Nous ne nous voyons pas prendre la place du Rock Oz’, je ne pense pas que ce soit possible dans la mesure où c’était un festival avec une longue histoire et un caractère bien établi. Bien sûr que nous envisageons la possibilité de nous déplacer dans les arènes une fois les travaux finis (Fabien et moi avons été invités à participer au groupe de travail pour l’Amphithéâtre d’Avenches). Mais ce n’est pas pour demain et nous le ferions entant qu’Avenches Open Air avec une ambiance et une programmation construites sur nos valeurs. Donc se développer et grandir, absolument, mais gentiment, en maintenant l’âme du festival et sans perdre de vue l’ambiance qui nous a rassemblés au départ.
Un dernier mot pour motiver le public à venir découvrir l’Avenches Open Air ?
Viendez ! Cela va être un superbe week-end pour la musique, les rencontres et les découvertes. Le lieu est splendide, entre le château et les arènes – derrière la scène, le jura en arrière plan et donc un joli bout d’histoire pour festoyer en beauté ! Nous, en tout cas, on se réjouit !