Le public montréalais aura été d’un profond, et insistons, irrespect envers Kevin Hearn, membre des groupes canadiens The Barenaked Ladies et Rheostatics qui devait ouvrir le spectacle de Violent Femmes du 12 octobre dernier. L’artiste n’aura été sur scène que quinze minces minutes. Je ne sais si un quart d’heure était réellement son temps alloué, mais n’importe qui aurait compris qu’un artiste puisse foutre le camp sous de telles conditions. Le public était si bruyant qu’il était impossible pour quiconque de se concentrer sur ce qui était interprété sur scène. L’entracte aura été de trois-quarts d’heure ce qui est généralement considéré comme hors-normes, et qui laisse présager que possiblement Kevin Hearn aurait écourté sa performance. Et en toute franchise je ne suis pas certain que quelqu’un ait remarqué, et encore moins ne s’en ait plaint. C’était un peu triste et pathétique.

L’imposante orchestration des Violent Femmes est enfin dévoilée, elle comprenait un vibraphone, un immense saxophone bien en vue déposée sur un trépied, un quatuor de cuivres, un accordéon, un banjo et j’en passe. Il faut préciser que Nick Cave était aussi en représentation à quelques coins de rue de là. Les deux spectacles peuvent d’ailleurs attirer un public assez similaire, certains auront été contraint de faire un choix crève-coeur. Mais, le Mtelus est à pleine capacité, il n’y a même pas un seul revendeur de billets sur place.

La soirée débute en grand avec Blister in the sun avec un son absolument mal ajusté, ça aura pris trois ou quatre pièces avant d’enfin pouvoir entendre les percussions et de rétablir le son de basse qui grichait et rendait le tout brouillon comme une Slush Puppy au steak haché. Même si le son était désagréable, et insistons, la fête avait bel et bien pris son envol. Les succès s’enchaînent dans une rapidité inouïe, sans s’adresser au public, comme si on s’était donné le défi de jouer le maximum de chansons durant l’heure et demie du concert. Les musiciens ne laissent parfois même pas le public terminer ses applaudissements avant de reprendre la cadence. Même pire, à certains moments on n’a à peine laissé le temps aux musiciens invités de rentrer sur scène et de s’installer avant de débuter. C’est à mon sens loin d’être négatif toute cette urgence et cette précipitation d’enchaîner morceaux après morceaux, n’est-ce pas, après tout, la raison de notre présence? La rapidité est loin d’être négative, sauf sur le succès Gimme the car qui fut interprété à une vitesse largement trop rapide et qui au final a bien déçu.

Ce n’est pas toujours bien droit. Le son fait défaut à plusieurs moments, mais plus que ça, les musiciens ne sont pas toujours justes, les solos de violon sont archi-faux, la voix flanche à quelques reprises. Mais c’est précisément ce que l’on souhaite de Violent Femmes, et ils auront tout donné. Mentionnons aussi le parfait dosage entre leurs immenses succès et les chansons un peu moins reconnues, ou plus précisément entre les chansons festives et les chansons déprimantes qui forment d’ailleurs un large spectre de leur répertoire. Ma pièce préférée Color me once, n’aura pas été interprétée mais malgré tout ce fut le fun à l’os.

Texte: David Atman

Photos: Martine Labonté

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