Du blues rock racé, punchy et teinté d’humour, voilà ce que Thorbjørn Risager & The Black Tornado propose à un public averti et attentif. Dans le Raumbar intimiste du Kofmehl – la salle n’est hélas guère remplie – Thorbjørn et ses six musiciens jouent des coudes sur la petite scène. Qu’à cela ne tienne, le septette danois mettra le feu au club soleurois pendant une heure et demie.

Le groupe est au début de sa tournée automnale qui compte trois dates suisses (Konservi Seon, Kofmehl à Soleure et Eisenwerk à Frauenfeld) et finira fin novembre au Danemark. La setlist fait la part belle aux petites petites perles du nouvel album du groupe sorti fin janvier 2025, ‘House of Sticks’ (Mascot Label Group) dont cinq titres seront joués ce soir. On retiendra l’excellent et rythmé ‘Already Gone’ qui ouvre le concert avec ses cuivres chaleureux, le titre éponyme qui semble droit sorti du delta du Mississippi et le funky ‘Inner Light’ – aux accents de ‘Superstitious’ du grand Stevie Wonder – qui donne couleurs et légèreté à la musique.

Dans la première partie du concert qui comprend deux sets, on apprécie également le boogie endiablé ‘The Straight and Narrow Line’ où chaque musicien prend le lead à tour de rôle – guitaristes, batteur, claviériste, bassiste, trompettiste et saxophoniste). ‘Sin City’ ramène à John Lee Hooker ou Seasick Steve avant que le puissant et entraînant ‘Hold My Lover Tight’ n’envoie le public au bar pour l’entracte.

Coups de cœur pour le rugueux et sautillant ‘If You Wanna Leave’ qui ouvre le second set, puis ‘I Used to Love You’, ballade intimiste et les longues envolées de ‘Never Givin’ In’. ‘Long Forgotten Track’ ne jurerait pas dans la discographie de Mark Knopfler, ‘Train’ monte en puissance pour filer à toute vapeur en fin de titre et ‘All I Want’ lorgne du côté de Status Quo pour clotûrer le deuxième set. Une reprise remaniée du ‘Baby, Please Don’t Go’ de Big Joe Williams en rappel est le titre idéal pour tirer le rideau sur cet excellent concert.

La section cuivres et percussions emmenée par Hans Nybo et Peter Kehl vaut à elle seule le déplacement. Dans l’esprit des Blues Brothers, les deux compères enchaînent d’improbables chorégraphies tout en donnant des tonalités chaleureuses avec leur saxophone et leur trompette. A bord du navire depuis 2018, Joachim Svensmark assure la plupart des soli de guitare électrique avec un jeu fluide et inspiré. Quant à Thorbjørn, sourire aux lèvres et casquette de docker vissée sur la tête, il est le chef-d’orchestre du groupe aux mélodies variées, dans l’esprit du blues du delta comme à des rythmes plus contemporains (Mark Knopfler, Chris Rea, Joe Cocker). Sa voix chaleureuse, comme embrumée par la fumée des houses of blues n’est pas sans rappeler Van Morrison ou Joe Cocker.
Thorbjørn Risager & The Black Tornado aurait tout à fait sa place sur de plus grandes scènes ou dans des festivals dédiés comme le Montreux Jazz ou Guitare en Scène. Gageons que nous allons encore entendre parler à l’avenir des bluesmen danois.
