« La vie d’adulte c’est tellement long… » : pour son troisième album en carrière, l’auteur-compositeur-interprète acadien Pierre Guitard nous invite à prendre L’allée des melons le 26 septembre 2025. Il délaisse la mélancolie et l’introspection d’Anhédonie (2022) pour une direction joyeuse, franche et résolument pop.
« J’te jure que ça s’arrête
Relaxe, casse-toi pas la tête
On tire pas sur la tige pour que poussent les fleurs »
–J’te jure que ça s’arrête
Que se cache-t-il dans cette allée? On découvre de la candeur, certes, mais aussi des airs fort agréables, plus rythmés qu’auparavant. Âgé de 32 ans, Guitard a voulu, selon ses dires, retrouver l’adolescent en lui. Cette envie l’amène à repenser son processus créatif avec un résultat plutôt drastique. La pièce-titre, autoréférentielle, l’illustre par une métaphore fruitée comme point de départ d’un album dont la réalisation léchée et homogène de Dominique Plante (Ariane Roy, Adib Alkhalidey, Olivier Faubert) met en évidence l’empreinte sonore distincte de ce réalisateur prolifique. Alias Minou en tant qu’artiste solo, ce dernier pose sa voix ronronnante au côté de Guitard dans LEMONS, une ode imagée à l’amitié fraternelle (ou communément appelée « bromance »). D’ailleurs, cette chanson volontairement sensuelle réussit à éviter le piège de la caricature. D’autres duos sont à l’honneur, entre la quête de sens de J’ai besoin de vivre avec Marie-Pierre Arthur et l’hymne à la solidarité amicale de La chanson des amis avec Marco Ema. Avec un ton plus décontracté et nuancé, Pierre Guitard chante les constats d’un trentenaire, que ce soit l’engagement (Je suis là) ou l’amour ardent (Émilie). Chose certaine : ses qualités d’interprète s’harmonisent à cette légèreté d’être.
« Le silence est d’or
Pas question de parler d’comment ça va pour vrai
Même face à la mort
Faudrait pas pointer la corde au-dessus du tabouret »
–P’t’être que si

L’artiste montréalais, originaire de Madran, collabore avec Mantisse et Simon Lachance à la coécriture. Les pièces ont toutes des thématiques universelles que Guitard livre avec entrain par une musique pop à la fois accessible et esthétique. Les arrangements de cuivres, instruments sous-utilisés dans la musique populaire actuelle, ajoutent de la texture à l’ambiance tapissée de claviers et de synthétiseurs. Alors, tant qu’à en mettre, invitons la crème de la crème! Quel plaisir d’entendre la touche distincte du trompettiste Rémi Cormier et du saxophoniste Julien Filion, deux artistes réputés du jazz québécois! Laissez derrière vous la morosité, sauf si vous êtes encore attaché à la grisaille du précédent opus, vous en sentirez tout de même l’écho dans La promesse. Soulignons également la qualité de Tenir debout : une pièce fine et puissante, dont les paroles traitent de résilience en venant clore L’allée des melons de manière grandiose.
La nouvelle facette sucrée de Pierre Guitard, bien qu’inattendue, se savoure avec une œuvre remarquablement solide. Ce troisième album dégage une fraîcheur naturelle chez l’artiste acadien sans jamais l’éloigner de son essence propre.
Crédit photo : Émilie MAH (@emiliemahglam)
L’album est disponible en format CD et vinyle. Pour écouter L’allée des melons :

