Schlösser est l’un des événements originaux du PALP Festival qui se tient dans la capitale valaisanne au pied des Châteaux de Valère et Tourbillon. C’est un cadre somptueux, tant pour les festivaliers que les artistes qui ont la basilique de Valère – judicieusement illuminée en soirée – en face d’eux. D’illustres artistes s’y sont produits ces dernières années dont Stephan Eicher et John Butler et cette année, ce sont les vétérans du punk rock anglais de New Model Army qui étaient l’une des têtes d’affiche. Les sympathiques Tessinois de Make Plain avaient l’honneur d’ouvrir les feux.
Make Plain est un duo composé d’Andrea Zinzi et Luca Imperiali qui propose des chansons de son cru et des covers. Auteur notamment de ‘Rust Mud Dust’ (2024, Lucky Tiger Records), le groupe joue une musique aux influences blues, rock, folk voire country qu’il définit lui-même comme du « power blues ». Ses titres et ses paroles sont empreints d’humour et font souvent référence à la vie et aux expériences personnelles du groupe (‘Nufenen Pass’ franchi régulièrement pour se rendre à Lausanne où Andrea et Luca ont fait leurs études ou ‘Parc de Valency’, référence à la capitale vaudoise). Sur le devant de la scène, leur mascotte « Giovanni il Cavallo », petit cheval à bascule usagé, veille sur eux. Le duo réinterprètera également ‘Stand By Me’ de Ben E. King et ‘Going Up the Country’ de Canned Heat. Une jolie pépite helvétique dont on se réjouit de découvrir prochainement le nouvel opus en partie composé à Londres.
New Model Army (NMA) est une machine de guerre du nord de l’Angleterre, du pur British steel qui sert efficacement, fidèlement, farouchement et poétiquement le mouvement punk rock depuis 45 ans. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Justin Sullivan (69 ans), chanteur et guitariste, leader emblématique et père fondateur de NMA en a encore sous la semelle de ses Dr. Martens. Il vous plonge son regard intense dans les yeux et vient parler à votre âme, saisissant ! A plusieurs reprises lors du set, il apprécie le cadre naturel dans lequel se produit son groupe et déclare « que c’est l’un des dix plus beaux endroits dans lequel il ait joué en 45 ans de carrière ». Non sans faire un doigt d’honneur en direction de Valère (« Fuck the Church ») et un autre vers Tourbillon (« Fuck the State »), eh oui, l’esprit late 70’s, on vous l’a dit.
Une setlist pêchue au cours de laquelle des classiques musclés auront à nouveau leur heure de gloire, Justin et ses soldats soufflant vigoureusement sur les braises (‘Echo November’, ‘Never Arriving’, ‘Here Comes the War’, ‘Fate’ et j’en passe). ‘Get Me Out’ met en transe une belle et forte escouade de die hard fans qui se lance dans un pogo convivial et chante tous les titres par cœur. Puis Justin lâche : « ce titre n’a pas besoin d’introduction bien que le contexte soit différent » et de faire retentir les premiers accords de ’51st State’ écrit dans les années thatchériennes chahutées, mais toujours d’actualité avec l’hégémonie de Donald T.
Nos coups de cœurs vont à la poésie de « First Summer After’, ‘Winter’ et ‘Purity’ tandis que ‘Vagabonds’ – sur lequel manque le violon de la version d’origine – nous donne des frissons dans tout le corps. Un bref passage par les coulisses avant de remercier le public avec trois rappels dont l’excellent ‘Green and Grey’. Malgré la pluie, la flamme du public était bien vive. Rendez-vous cet automne pour retrouver New Model Army en live sur nos terres.
http://www.newmodelarmy.org
www.makeplain.ch
Texte : Jean-Blaise JB Betrisey
