Ferme les yeux, et écoute-moi ça : on est à Memphis, au bout de la rue du Blues, ‘The Bale Street’ au bord du Mississippi et les notes bleues défilent de façon magistrale portées par des virtuoses nés dans cette région des Etats Unis. Ouvre maintenant tes yeux : tu es bien au bord du Lac Léman à Montreux, dans ce Festival Jazz version Outdoor, sur cette nouvelle scène qui a conquis et émerveille les festivaliers depuis deux éditions maintenant. Ce bel ‘’Open Stage’’, inséré dans l’écrin de la magnifique place du Marché, a pris une couleur blues ce soir. Les artistes sont visiblement très heureux d’être là, coincés entre leurs fans et ce beau panorama sur le lac Léman. Et même le ciel a un coup de Blues ce soir, il se sent triste et va, malheureusement, beaucoup pleurer.

En première partie et comme amuse-bouche, (euh… oreille plutôt !) c’est The Kenny Wayne Shepherd Band, et sa guest star invitée, la légende Bobby Rush, qui ont l’honneur d’ouvrir cette soirée Monster of Blues. Kenny a 48 ans et Bobby 91 ans, 43 ans les séparent, mais ils viennent les deux de Louisianne, ils sont tombés dans le blues tout petits déjà et cela se ressent bien. Ils ont eu 12 nominations aux Grammy Awards à eux deux, rien que ça ! Merci à eux de nous avoir fait partager cette communion hors du temps, ici à Montreux, très loin de leurs champs de coton natals. Kenny Wayne lui rejoindra à son tour Joe Bonamassa pour une battle de guitares qui marquera les esprits.

Joe Bonamassa, comme toujours tiré à 4 épingles, mais sans son veston cette fois, débarque avec une belle Gibson SG, même Angus Young serait jaloux ! (Joe est un collectionneur des guitares et le fan de Gibson que je suis a eu les yeux qui brillaient tant il a joué sur des modèles extraordinaires, pratiquement une nouvelle à chaque chanson). J’avais fait la connaissance de ce guitariste en écoutant une de mes chanteuses de Blues préférée, Beth Hart, et là… la claque (à voir et revoir leur sublime ‘Live in Amsterdam’, en 2013 au Royal Theater Carré) !!! C’est quoi ce guitariste fou, il sort d’où cet extra-terrestre habillé pour la messe du dimanche ?

Joe Bonamassa, âgé d’à peine 12 ans…, avait joué avant MONSIEUR B.B. King, et Mister King lui avait prédit : ‘Tu seras une légende avant tes 25 ans !!!’. Trente-six ans plus tard, le constat est indéniable : le ‘’guitar hero’’ américain s’est hissé au sommet de la hiérarchie blues-rock. Aussi membre du Black Country Communion aux côté de Glenn Hughes, Derek Sherinian et Jason Bonham, Joe s’affirme aussi un peu plus rock, rien pour me déplaire ! C’est d’ailleurs avec un morceau assez rock qu’il a débuté son concert, avec un son et un touché à la Billy Gibbons, puis un style lorgnant du côté de David Gilmour pour des effluves presque Pink Floydiennes.

En fait, ce Monsieur Bonamassa sait tout faire, et il nous a démontré son immense talent, avec un son parfait, le long de ce concert pluvieux en parcourant toutes les techniques guitaristiques possible. Il a même amélioré sa voix, bien qu’il fut admirablement aidé par deux choristes magnifiques qui ont pu aussi démontrer l’étendue de leur talent.
Chapeau Mister Joe! Merci pour cette fabuleuse démonstration et vivement l’arrivée, demain 18 juillet, du nouvel album ‘Breakthrough’. Un nouveau disque qui s’annonce excellent avec, déjà sorti, le single très plaisant ‘’Shake This Ground’’
Texte : David Bétrisey
Photos : Alex Pradervand
























