Mass Hysteria c’est déjà 30 ans de carrière et 10 albums dont le tout dernier ‘Tenace’ qui est sorti au printemps et qui cartonne. Une carrière bien remplie et des salles qui affichent complet partout où vous passez. Bref, il fallait bien
retracer le parcours du groupe avec Yann (guitare) et Mouss (chant), lors de leur concert à la BAM de Metz, le 6
octobre 2023.

En 30 ans de carrière, votre plus grande fierté ?

Yann : Déjà d’en être arrivé là, d’être là aujourd’hui, de pouvoir parler avec vous et d’évoquer 30 ans de carrière. C’est une très grande fierté car on n’aurait jamais pensé en arriver là et puis c’est la passion, ça avance et on arrive à 10 albums. C’est impressionnant !

Mouss : Pendant longtemps, genre au 6eme album, on s’est dit ça serait mortel de faire 8 albums mais que 10, ça serait le chiffre symbolique. C’était une époque où on galérait un peu, nous étions un peu au fond du trou, donc on se disait, putain si on y arrive ! Ça a mûri dans nos tronches et on y est ! C’est une fierté car ça fait vraiment un moment qu’on en parle de ce 10ème album !

Votre plus grande claque musicale ?

Yann : pour moi, bien que ce soit vaste, avoir fait la 1ère partie de Metallica dans les Arènes de Nîmes c’est un gros, gros souvenir. C’est quelque chose dont beaucoup de monde doit nous envier c’était vraiment fou.

Mouss : dans un autre style, super souvenir et super moment c’est lorsqu’on a fait la première partie de Korn à Bercy en 2001. Donc on devait faire cette première partie, on avait 30 minutes de scène max, c’était fou et on a eu l’impression d’avoir fait cramer Bercy tellement c’était bon.

Yann : D’ailleurs on sortait de la tournéeContraddiction’ et c’était déjà énorme et là on revoyait plein de gens qu’on avait croisé sur la route et même P.O.D qui jouait après nous a halluciné et nous ont dit : eh mais en fait vous êtes archi connus !

Mouss : et donc niveau meilleur souvenir, on devait faire cette date parisienne où on a cartonné et là, la production de Korn vient nous voir pour nous demander de faire les 4 autres dates en France. C’est les américains qui sont venus nous demander et on l’a fait. Super souvenir, mortel, avec LE groupe international du moment. Donc super souvenir, après Metallica.

Après, pour parler de Mass, pour moi la claque musicale c’est l’effet ‘Furia’. Le morceau ‘Furia’, on l’a fait pendant 30 ans en fin de concert et c’est le morceau qui nous défini le plus et il faut dire que les gens attendent ça a la fin !

Votre plus grande désillusion ?

Mouss : la mienne, c’est l’arrivée d’Internet et du téléchargement illégal. Pas qu’on ne survit pas même s’il y a de ça quelque part, mais ça a impacté clairement le monde de la musique à tous les niveaux. Les très gros, vendent un peu moins mais continue de vendre un peu, et y’a des groupes qui ont mis la clef sous la porte. Ils vendaient 100 000 albums avant et quand Internet est arrivé c’est devenu 500 albums vendus donc ils n’avaient plus les moyens de tourner. Et ça continue encore aujourd’hui.

Et pour être franc, les Spotify, Napster etc ce sont des escrocs. Ils ne nous filent même pas 1 centime par écoute.

Yann : En France on a l’intermittence, on arrive à survivre avec ça mais quand tu lis les interviews des groupes US ça devient très dur pour eux, même pour des groupes que nous, on estime être de gros groupes. Un groupe comme Obituary qui a 40 ans de carrière est obligé de tourner tout le temps pour vivre. C’est dramatique parce que ça use, ça coute de l’argent de tourner et ces groupes là ne peuvent même plus venir en Europe ça devient trop onéreux.

Votre plus gros carton ?

Mouss : ‘Furia’, ‘Contraddiction’.

Yann : Effectivement il y a eu toute la période ‘Contradiction’, ‘De cercle en cercle’ etc, même si on a eu un petit passage à vide, ça ne m’a jamais semblé insurmontable. Avec Mass Hysteria ça a quand même été pour nous. Je n’ai pas envie de me plaindre, vraiment. Mais par contre, ce qui est très cool, c’est notre rencontre avec Medhi de Verycords et quand on a sorti ‘Matière noire’ où il y a eu un second souffle et aussi un deuxième tremplin. Aujourd’hui c’est même plus que ça ne l’était avant.

Après 3 décennies de carrière encore des rêves, un featuring par exemple ?

Mouss : il y a encore pas mal de choses qu’on n’a pas encore fait.

Moi par exemple, j’aimerai tellement collaborer sur un titre avec Bjork ou Sting.

Yann : Notre plus grand rêve, qui nous réuni tous les 5, et y’a qu’un groupe avec lequel on n’a pas joué : AC/DC. On a failli la dernière qu’ils ont fait le Stade de France, malheureusement ça ne s’est pas fait et on est encore frustrés de cela.

Ça c’est le truc en haut de notre to do list. On a joué Korn, Metallica, Limp Bizkit, Sugar Ray, Incubus, Slayer au Bataclan mais AC/DC c’est au-dessus de tout. A l’heure actuelle c’est le plus gros groupe du monde !

Pour revenir à votre actu, pourriez-vous nous parler un peu du nouvel album ‘Tenace’ ? Et pourquoi ce format de 2 albums à 6 mois d’intervalle ?

Yann : aujourd’hui, les gens écoutent deux titres d’un album et puis ils passent à autre chose. Nous, il s’avère qu’on en avait 14. Donc on sait que si on sort un seul album, dans les 14, disons 10 morceaux vont passer à la trappe. On en a parlé entre nous, et puis c’est venu un peu comme ça, et Fred a dit mais pourquoi on ne sortirait pas 2 albums du coup ?

Mouss : on aurait pu faire un double album, notamment sur Vinyle c’est beau, mais 14 titres c’est long.

Il faut dire aussi qu’à la base on ne voulait faire que 10 titres. 10ème album, 10 titres. Donc les 10 titres ça serait vraiment 10 top titres genre best of de ce qu’on aurait fait jusque-là. En studio, on s’est retrouvé avec 14 titres et il n’y en avait pas un seul qu’on voulait jeter. Donc on a parlé et on s’est dit qu’on allait le faire en deux fois. Et oui, soyons honnêtes, aujourd’hui la consommation en termes d’écoute d’album n’est plus comme elle était. Il y a des jeunes qui écoutent les albums en accéléré quoi ! Ça on ne voulait pas. Du coup il y a une partie 1, une partie 2, ça fait plus de promo.

Yann : d’autant qu’aujourd’hui on gagne d’avantage notre vie en tournant, ça nous permet aussi de tourner plus longtemps.

Mouss : c’est un choix stratégique de le sortir en 2 fois. Et puis ça nous convient bien. Les gens vont écouter les 7 premiers morceaux, en espérant que ces morceaux leur plaisent bien alors ils seront frustrés de ne pas en avoir plus. Si on en avait mis 14 peut être que là, ils n’auraient pas été jusqu’au bout.

Yann : y’a tellement de trucs qui sortent ! Même moi qui suis un gros, gros consommateur de musique, je n’arrive plus à écouter tous les albums que j’achète en entier. Avant t’allais acheter ton CD c’était l’événement, tu le mettais dans ton lecteur en boucle pendant une semaine; maintenant tu passes vachement plus vite à autre chose.

J’avais aussi une idée pour les visuels donc ce format m’a aussi bien arrangé car j’ai pu faire ça en deux fois.

Comment avez-vous bossé sur ce nouvel album ? On se mets encore la pression pour un 10ème album ?

Yann : pour le coup, on a bossé sur cet album comme sur tous les autres. On s’était quand même fixé à 10 titres et puis on est partis faire des résidences, on a eu pas mal d’idées même après avoir composé des morceaux, et puis on est arrivés a 14.

Mouss : On est arrivés à 14 toujours dans l’optique, au départ, qu’on allait en éliminer 4 pour rester sur 10. On voulait rester sur les 10 meilleurs mais en fait, on a tout gardé.

Yann : on ne s’est pas mis la pression même pour un 10ème album. J’avais envie qu’il y ait un panel de ce qu’on sait faire. On a traversé plusieurs périodes, y’a des albums qui sont un peu différents et je trouve que sur ‘Tenace’ y’a un peu toutes nos influences. Y’a un peu toutes les époques posées sur un disque.

Mouss : c’est un peu un best-of d’inédits.

Votre marque de fabrique ce sont vos textes engagés, forts, (en français !) et vos riffs saturés. Même si vous avez faits quelques incursions vers d’autres styles, est ce qu’au bout de 10 albums on n’a pas envie de changer, d’essayer autre chose ou au contraire on veut pousser encore plus loin ce qu’on sait faire ?

Mouss : en fait on s’essaye à d’autres choses, mais on ne va pas non plus faire un virage a 180. Par exemple, sur les 2, 3 derniers albums, en commençant avec ‘l’Antre ciel ether’, on a commencé à mettre un beat Trap hip-hop. Le Hip-Pop par exemple, on en utilise dans nos chansons depuis le début, rien que mon phrasé est inspiré du rap depuis le début. Ce n’est pas nouveau pour nous, on l’avait fait avec ‘De Cercle en cercle’ en 2001 avec un groupe de rap parisien qui s’appelait La Brigade. Y’a du rap comme de l’électro, de la techno. C’est un peu une fusion de tout ce qu’on aime. Et donc, dans les derniers albums, on s’est essayé de manière beaucoup plus prononcée au Trap. Et puis après il y a eu le morceau ‘le Grand Réveil’ sur ‘Tenace’ partie 1 ou on s’essaye sur la chanson française, l’accordéon presque du musette.

Yann : parce qu’on écoute tout cela. C’est vraiment des influences qu’on a.

Mouss : Je me rappelle quand Yann a voulu mettre de l’accordéon dans ‘Derrière la foudre’ et ça m’a rappelé un vieux morceau d’Eminem. Un rappeur américain qui mets de l’accordéon je trouvais ça vraiment excellent. C’était il y a plus de 15 ans, et quand Yann est arrivé avec son instrument, ça a été direct ouah ! Tout de suite ça a une connotation Paris, ville romantique etc. Là avec le morceau ‘le Grand Réveil’ il a frappé encore plus fort. Il ne s’est pas contenté de mettre de l’accordéon en fait.

Comment vous faites justement pour ne pas sombrer dans la routine, ne pas faire encore et toujours le même album (parce que parfois, il est claire que c’est un peu ce que le public attends) ?

Mouss : on s’essaye à d’autres choses mais on ne peut pas faire ça sur tout l’album sinon les gens seraient frustrés. Ils préfèrent souvent avoir 10 ’Furia’ que 10 titres qui n’ont rien à voir avec ce qu’on est vraiment. Donc il y a toujours un quart de l’album où on se lâche un peu ailleurs parce que nous ça nous fait du bien.

Vous attaquez donc la seconde partie de la tournée des salles, vous revenez vers des salles plus intimistes mais avec un tel succès que beaucoup sont déjà sold-out. C’est une volonté, un besoin de votre part d’être plus proche des gens ?

Yann : faut quand même rester réalistes. Oui c’est complet partout, mais on n’en est pas encore au stade de Shaka Ponk à pouvoir remplir des Zéniths justement.

Mouss : On va en faire un à Paris, un à Brest, mais après on ne peut pas faire ça dans toute la France. Les gens viennent nous voir une fois, deux fois, voir trois fois mais de là à nous voir dans des Zéniths, je ne suis pas sûr qu’ils reviendraient aussi souvent.

Yann : même nous on hallucine de la tournée là. Tout est complet partout, même six mois avant ! C’est impressionnant !

Mouss : même Metz ce soir, on dépasse les 1000 personnes ! 1000 personnes à Metz pour Mass Hysteria. Déjà 500 on se dit putain c’est mortel ! En tout cas c’est presque nouveau pour nous. On a fait des dates sold-out sur d’autres tournée, mais que ce soit complet partout…

Yann : aujourd’hui on a vu des chiffres du mois de mars hallucinants ! Des villes comme Bruxelles où on a toujours fait une moyenne de 500 spectateurs, là pour mars il y a déjà 600 pré-loc ! Donc ça sera complet c’est quasi sûr et c’est un peu nouveau pour nous.

Comment appréhendez-vous les nouveaux morceaux sur scène sachant que les gens ont toujours une énorme envie d’entendre les anciens en live ?

Yann : pour l’instant, on n’en joue pas beaucoup.

Mouss : ce soir on a mis ‘Tenace’ et c’est la première fois qu’on le jouera.

Yann : c’est surtout parce qu’il faut prendre le temps de bien répéter, de tout caler. A chaque fois qu’on fait des résidences, ça déplace beaucoup de monde, ça coûte très cher. Là on en a fait une, on a répété encore les nouveaux morceaux qui sont assez complexes.

Quel est le morceau aujourd’hui, que vous aimez le plus jouer en live ?

Mouss : il y en a plusieurs.

Yann : j’adore ‘Notre complot’, j’adore ‘encore sous pression’, j’adore ‘Nerf de Bœuf’

Mouss : moi c’est pareil j’adore ‘Notre complot’.

Yann : il y a un morceau qui est sur ‘Tenace2’, qu’on vient de clipper, qui s’appelle ‘L’inversion des pôles’ et celui je suis pressé de le jouer aussi. L’album sort le 27/11 donc ce sera après.

Maintenant, quels sont vos souhaits, ou objectifs pour le futur ?

Mouss : Pour le futur j’ai envie de dire : pourvu que ça dure !

Yann : Si les gens suivent, nous on ne peut être que contents, et on fera peut-être un 11ème album. On a toujours été humbles donc on espère simplement que ça dure. Dans ce 10ème album, on a vraiment donné beaucoup de nous notamment dans les paroles. Il faut qu’on ait toujours quelque chose à dire.

Mouss : il faut qu’on ait la fibre. Yann est très impliqué dans la musique de Mass et si lui ne le sent pas, alors on ne le fera pas ! On ne veut pas faire des morceaux qu’on aime à moitié. Comme Yann le dit : à chaque album on se dit il faut qu’on fasse mieux et donc on se mets la pression et c’est au final, c’est beaucoup d’énergie pour qu’à la fin on ne sache pas si ça va être mieux. On a fait les morceaux, tout est enregistré mais ça ne nous appartient plus.

Yann : Pour l’anecdote, quand on a sorti ‘Matière noire’, à la fin, on se savait plus. On trouvait que ce n’était pas terrible. On pensait qu’on n’y arrivait plus, alors que c’est l’album qui a tout relancé. Même Mouss voulait arrêter. Et puis le fait que ça suive, que ça marche, ça nous a remotivé.

Mouss : tu ne peux pas négliger une ferveur, des gens qui veulent te voir et entendre ta musique.  La tournée a commencé, j’étais en demi-teinte en me disant ça sera peut-être ma dernière tournée, mon dernier album, et puis ça m’a reboosté et je me suis dit à fond qu’on va aller jusqu’au bout. ‘Maniac’ était une tournée folle.

Yann : c’est fou un peu à chaque fois. Ce qui est bien c’est qu’au bout de 30 ans tu te dis que c’est en pente ascendante, que c’est évolutif.

Mouss : franchement à l’époque de ‘Maniac’ si ça n’avait pas trop marché, ça aurait pu s’arrêter là.

Yann : je prends souvent l’exemple d’Indochine car ils ont un truc avec leur public qui est assez unique. Et pour nous, à notre petit niveau, on a ça aussi. Il y a un truc très fort avec les gens qui nous écoutent, et ça tu ne peux pas nous l’enlever. Tant qu’il y aura ça, on sera là.

Mais comment fait-on pour continuer d’être énervé depuis plus de 30 ans ?

Mouss : il suffit d’allumer la télé. Tu regardes les infos et tu as tout compris. Tu dis tiens depuis tout ce temps, ils continuent de nous mentir, de raconter de la merde. Mais, personnellement, j’ai eu une colère systématique et ça a gâché ma vie. J’étais focus sur des trucs qui me tenait à cœur dans la société genre les gilets jaunes etc mais si tu t’impliques trop émotionnellement tu te détruis même si tu peux quand même être engagé. A un moment tu te dis mais attends, je ne peux pas sauver la planète tout seul, je ne peux pas sauver la France tout seul. Déjà sauves toi, sauves ta peau, et ta famille, et tes amis, et après, en collectif penser à une action. Mass Hysteria ça me procure un peu ça, une espèce d’action collective où je dis voilà ce qui m’inquiète aujourd’hui, et les gens retransmettent. Ils auront alors leur esprit critique à eux et peut être que ça va changer les choses. En tout cas, c’est comme cela que moi, je pense devoir changer les choses. Je ne suis plus aussi énervé qu’avant, même si je suis énervé et engagé à l’écriture, et surtout très impliqué.

Yann : ce que j’aime bien c’est que Mouss fait des bilans, et même si moi je ne suis pas trop politique, on arrive à bien se compléter.

Mouss : attention je n’ai pas la science infuse, ni la solution. Il ne faut pas me croire sur paroles mais plutôt vérifier l’information que je donne. Je te donne mon opinion, à toi de te faire la tienne. On peut ne pas être d’accord, et c’est ça le débat contradictoire. Depuis le Covid, c’est genre fermez-là, mettez un masque, ne sortez pas de chez vous. Rien de scientifique là-dedans ; plutôt on te dit fais ci, fais ça. Un petit côté autoritaire où on nous prend pour des enfants genre allez faut vous lavez les mains, et puis faut mettre les grands-parents dans la cuisine pour couper la bûche à Noel. Bref on vous dit une information, vérifiez l’information ! Même moi quand je vous dis un truc allez vérifier l’information ! Il ne faut jamais croire personne sur paroles ! Forgez-vous votre esprit critique et tout se passera bien ! Et après venez voir Mass Hysteria, là on se prends une montée d’adrénaline ensemble et c’est la plus puissante des drogues !

Propos recueillis par Marjorie D. et @bycfkphotographies

Photos @bycfkphotographies

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