On a récemment vu le surnommé ‘God of Fuck’ en campagne pour Saint –Laurent, en tournée pour parler de son art (l’autoproclamé Révérend a peint la couverture – intitulée ‘Infinite Darkness’ – de son dernier album) mais aussi sur les plateaux TV de Sons of Anarchy et The New Pope. Avant tout ça et avant qu’il ne, je cite, ‘broche son costume’ pour paraître ‘moins animal’, Manson était l’ado goth un peu zarb du collège, un mec intelligent, passionné, cultivé mais qui viendrait quand même vous parler, grimaçant, du nombre de trous entre les jambes des femmes. Vous l’aurez compris, je ne suis pas objective, ayant passé toute mon adolescence à réécouter ‘HolyWood’ et ‘Mechanical Animals’. C’est peut-être justement de ce dernier (bon, en moins bon, pardon…) que se rapproche le 11ème opus, écrit et co-produit proto-pandémie par Shooter Jennings connu dans le milieu du country et du southern rock. Les sons sont plus pop et mélodiques, et feraient presque penser à du David Bowie des années 80 (dont Manson est un grand fan).

L’album ‘We are Chaos’ est la suite de ‘Heaven Upside Down’, de 2017. Deux albums assez complémentaires et cathartiques suivant la mort de son père, fan de country lui aussi. ‘We are Chaos’ est un premier single qui surprend sous plusieurs angles par sa touche vaguement country/blues. ‘Paint you with my Love’, sorte de ballade emo-country, déstabilise elle aussi. En 2019, Manson avait déjà fait un virage en reprenant Johnny Cash et c’était plutôt réussi.

‘Don’t chase the Dead’ et ‘Red, Black and Blue’ sont définitivement les morceaux qui tiennent le plus de ‘l’ancien’ Manson. On y reconnaît son phrasé (toujours entre murmures et déclamations) ainsi que ses refrains aux paroles obscures et révoltées. D’autres morceaux franchement shock/goth rock viennent ponctuer cet album un peu à part dans le parcours mansonien : ‘Keep my head together’ et ‘Solve Coagula’. Comme dit Marilyn, ‘les larmes sont le plus large produit d’exportation du corps humain’. Goth un jour, goth toujours.
Pas sûr que le costume ait réussi à contenir l’animal, ça craque de partout, et pour le plus grand plaisir de certains. Difficile pour d’autres d’adhérer à un changement de cap pareil, mais peut-être suffit-il de replonger – si on l’ose- son orteil dans les eaux du Styx des années 90 pour ne pas oublier. [Krisztina Kovacs]

www.marilynmanson.com

Note 3/5