Quand le métal fait trembler Montréal
Dès les premières minutes, on comprend que ce sera un show solide. Le public est immédiatement réactif, répondant aux commandes gestuelles des chanteurs : claquements de mains, chants en chœur ou mouvements coordonnés, le poing levé. Les ballons dans la foule, les effets visuels et la créativité des groupes donnent une ambiance unique à la performance.
Unearth – Lancement en force
Le spectacle démarre avec un vrombissement sourd et des projections visuelles. Le circle pit se forme dès les premières notes : le ton est donné. Le groupe originaire de Boston a une belle énergie sur scène, malgré quelques manques de synchronisation entre les membres qui auraient pu renforcer la performance. Les interactions avec les spectateurs, les claquements de mains et quelques mots en français – « Merci Montréal » – créent un lien fort. Le chanteur, Trevor Phipps, raconte avec légèreté et nostalgie leur dernière venue à Montréal… il y a 26 ans ! Sur Incinerate, cependant, certaines réserves demeurent. La tension redescend légèrement : c’est un excellent morceau, mais le solo et l’éclairage discret limitent quelque peu l’impact qui aurait pu être plus fort avec une mise en valeur plus prononcée.
Lacuna Coil – Élégance gothique et puissance scénique
La scène est simple, mais efficace. Des banderoles textiles à l’effigie du groupe encadrent la batterie, positionnée au centre, qui crée une belle profondeur. La prestation s’ouvre sur un prélude mystérieux, instaurant immédiatement l’atmosphère gothique propre à Lacuna Coil. Leur force réside dans leur présence scénique : costumes, maquillage, postures, tout est minutieusement travaillé. Aussi, le public est régulièrement interpellé en français – « Bonsoir mes amis ! » – ce qui crée une belle proximité. Sur Oxygen, les cellulaires s’illuminent, soutenant l’envie de capturer ce moment intense. Avec Never Dawn, un succès tiré de leur dernier album Sleepness Empire, le public explose : cris, sauts et même des « Olé, olé, olé ! » bien sentis, certains arborant fièrement leur chandail des Canadiens de Montréal pour l’occasion.
In Flames – Une déferlante maîtrisée
Le public scande « In Flames » à pleins poumons avant même l’arrivée du groupe. Dès les premières notes de Cloud Connected, l’énergie explose. Des ballons se déplacent parmi les spectateurs, les paroles sont chantées en chœur – la salle est manifestement remplie de fans. Leur entrée fracassante, accompagnée de la voix rauque et saisissante du chanteur Anders Fridén, ajoute une dimension particulière au spectacle. Le groupe remercie chaleureusement le public, et la connexion est immédiate. Le show se transforme en une fête incontrôlable : les mosh pits surgissent de partout, des fans surfent sur la foule. Les jeux de lumière suivent parfaitement le tempo. In Flames envoie définitivement du lourd. À un moment, Fridén lance à la blague : « Êtes-vous prêts à rencontrer votre créateur ? », clin d’œil bien senti à Meet Your Maker, l’un de leurs succès issus de Foregone, leur dernier opus, tout en s’adressant à un public en feu. Le tout se conclut sur My Sweet Shadow, un morceau magistral qui résume à lui seul toute l’énergie inébranlable de la formation suédoise.
Machine Head – Paroxysme de la soirée
L’arrivée de Machine Head se fait dans une ambiance attisée par les groupes précédents. Le public est fébrile et n’hésite pas à chanter en chœur chaque parole du premier morceau, Imperium, portée par la puissance de la batterie et les mélodies tranchantes des guitares. À Locust, l’énergie atteint son paroxysme. Robb Flynn, fidèle à lui-même, déclenche un circle pit d’un simple geste du doigt, comme s’il était doté de pouvoirs surnaturels. Puis, d’un mouvement vertical de la main, il crée une ouverture au centre du parterre avant que les fans ne se jettent les uns sur les autres dans un mur de la mort à la Slayer, version MTelus. C’était fascinant. Puis, avec Bonescraper, extrait de leur nouvel album Unatoned, la foule est plongée dans une transe collective : on se sent physiquement happé par la musique, emporté dans un zombie headbanging frénétique. Le visuel, rappelant les derniers vidéoclips de la formation californienne, ajoute une dimension immersive qui ravit autant les nouveaux venus que les fans de longue date. Unanimement, les attentes sont surpassées. Pour la finale, ou presque, Atomic s’ouvre sur la projection d’un cimetière : pierres tombales, éclairage lugubre, ambiance résolument métal. Visuellement marquant, ce morceau ajoute une touche sombre et solennelle à une soirée déjà du tonnerre. C’était réussi.
Une soirée marquante pour les amateurs de métal
Entre performances explosives, communion avec le public et moments d’intensité pure, cette soirée restera gravée dans les mémoires des fans présents. Chaque groupe a apporté sa propre couleur : Unearth a posé les bases avec une agressivité maîtrisée, notamment sur My Will Be Done, Lacuna Coil a captivé par sa présence sur scène, In Flames a transformé la salle en un tourbillon d’énergie collective, tandis que Machine Head a littéralement fait trembler les murs avec une présence scénique hors du commun. Une chose est sûre : Montréal sait recevoir le métal, et le métal le lui rend bien.



























































