Musea Records
Si je vous dis Bélier, Orion, Scorpion, Taureau ou Eridan, vous me répondez, espace, constellations. C’est bien là que le groupe instrumental lausannois nous emmène avec un troisième album au rock progressif aussi astral qu’onirique. Mais attention, comme le souligne le bassiste Hervé Baumgartner, pas question de délire conquérant de planètes lointaines, simplement l’envie de pouvoir laisser aller son esprit à la rêverie de la beauté nocturne, immense. Alors allongeons-nous dans l’herbe et glissons dans ce ciel passionnant. Avec « Mesarthim » on démarre d’un riff sec, d’une rythmique propre et simple, comme si les dernières lueurs du jour étaient piquées de point lumineux. Les napes de synthès ont ce rose pâlissant et duveteux du soleil couchant. Vient alors l’obscurité et l’impression que l’univers nous enveloppe de sa douceur sombre, juste rayé de guitares filantes. « Betelgeuse » poursuit porté par une basse volubile et des guitares qui planent, solitaires ou en essaims. La batterie de Vincent Verselle dessine ces traits fins qui permettent aux constellations de prendre forme. Avec « Antares » et les lignes tout en longueurs de la guitare d’Antonin Wiser on a cette douce impression de se faire porter vers la profondeur de l’infini uniquement d’un regard. « Aldebaran » et sa guitare tournante fait écho au mystère de cet univers en expansion qui nous faire réfléchir sur notre propre fragilité terrestre. « Theemin », son synthès linéaire, sa basse métronomique, et une batterie roulante, dessinent cette attirance hypnotique, cette compacité des trous noirs face auquel les guitares doivent rugir pour ne pas s’y faire happer. Le voyage se termine à bord d’une sonde imaginaire (« Voyager III ») dont les machines synthétiques et mécaniques nous emmènent dans l’héliosphère, loin très loin de la folie du monde. [YP]
Note: 5/5