Tu as choisi la langue française pour cet album. Quelle est la raison de ce changement ? (Tu as écrit dans le livret que l’écriture des paroles est parfois pour toi laborieuse. Qu’est ce que tu voulais dire par là ?)
C’était l’envie de tenter quelque chose de différent et de voir si j’étais capable d’un changement aussi radical que de passer de l’anglais au français. J’aimais l’idée de prendre le risque de me lancer dans un terrain totalement inconnu. Après trois albums en anglais et beaucoup de chansons écrites, je craignais de commencer à me répéter et avais besoin d’être stimulé. Comme je n’ai pas grandi en écoutant des artistes chantant en français, je me suis dit que c’était peut-être là la chance d’écrire sans avoir été marqué par des influences trop pesantes, d’arriver avec une approche fraîche et libre. Si certains textes ont été laborieux à l’écriture, c’est parce que je tenais vraiment à ce qu’ils puissent correspondre à mes mélodies et à ma musique, et non l’inverse. Ça a parfois été difficile, parce que j’ai dû entièrement repenser ma façon d’écrire des textes, apprendre à faire sonner le français et trouver un nouvel équilibre.

Tu composes l’intégralité toi-même ?
Oui, j’écris et enregistre d’un même mouvement, à la maison. C’est un petit peu comme un puzzle, avec au début une idée très vague de ce que le résultat devrait être. Pour cet album, mes démos étaient généralement assez complètes avant d’arriver en studio, avec un bon nombre de pistes qui ont été conservées au final. Pour les instruments que je ne maîtrise pas, je me suis entouré de musiciens en qui j’ai confiance. Travailler avec des personnes aussi polyvalentes et à l’écoute que Frédéric Jaillard à Paris et Sacha Ruffieux à Fribourg m’a beaucoup aidé et permis d’essayer des arrangements très différents, afin de trouver le bon habillage pour chaque chanson. Souvent, nous avons été jusqu’à déconstruire totalement des morceaux aboutis, en pleine phase de mixage, dans ce souci de parvenir à la meilleure version possible. C’était un chantier assez conséquent.

Soften Photo par Nadine Majado
Soften
Photo par Nadine Majado

Tu fais donc la plus grande partie toi-même. Est-ce qu’avoir un groupe au lineup « fixe » serait un obstacle pour toi ?
J’ai déjà travaillé avec un line-up fixe pour le deuxième album de Soften et j’avais aimé l’expérience, l’écriture et l’aventure en commun. Tout le monde te dira que j’ai un côté « control freak », et j’ai parfois été frustré des différences d’implications ou des concessions à faire dans un collectif. Malgré cela, je crois que je serais ravi de pouvoir revivre une vraie expérience de groupe, tout en faisant de la musique de mon côté. Porter seul un album de sa conception à sa finalisation, c’est un gros investissement. Je serais heureux de pouvoir me reposer quelques temps en étant « juste » l’un des membres d’un groupe, me contenter par exemple de jouer quelques notes de basse derrière une plante au fond de la scène. Bon, il n’y a pas souvent de plantes sur scène, mais tu vois l’idée.

Tu aimes parler de la signification de tes paroles ?
Ça dépend. J’apprécie quand on m’interroge sur certains détails du texte, quand on relève des phrases ou des tournures originales, ou qu’il y a une question précise. Mais j’évite généralement d’expliquer de quoi parle une chanson, parce que j’aime penser que les chansons sont suffisamment ouvertes pour que chacun puisse se les approprier un peu, en fonction de son expérience propre et de son ressenti.

Tu définirais comment ta musique ?
Ah, c’est l’heure de la fameuse question piège… Je dirais que c’est la musique de quelqu’un qui aime autant les sons mélancoliques que les mélodies accrocheuses, et qui parle beaucoup des autres en parlant de lui. C’est un peu prétentieux dit comme ça, non ? Le plus simple c’est de dire que je suis actuellement actif dans le pop-rock indépendant, en français.

Si tu pouvais faire un duo avec un artiste / groupe suisse, qui choisirais-tu ?
J’adorerais poser ma voix sur des titres planants de Sinner DC (d’ailleurs, s’ils me lisent, qu’ils n’hésitent pas à me contacter…). Leurs derniers disques m’ont beaucoup accompagné en voyage, j’aime beaucoup ce qu’ils dégagent.

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