La légende Dee Snider revient sur sa carrière impressionnante, sa cicatrice laissée dans le rock, et son nouvel album justement intitulé  »Leave a Scar ».

Merci pour tout ce que tu as fait pour le rock! Je chante toujours  »Burning Hell » lors de mes soirées karaoké!
Je suis fier de toi! (rires)  »Burn in Hell » est une super chanson!

C’est ma chanson préférée des Twister Sisters! Lorsque je l’ai vu en live en Suisse lorsque vous faisiez la première partie d’Alice Cooper, c’était un moment unique pour moi.
Cette soirée, j’étais sûr que je ne jouerai plus jamais. J’avais dit à Alice (Cooper) que je ne monterai plus sur scène, mais c’était la seule personne qui savait que je quittais Twisted Sister.  »School’s Out »! Alors il est venu sur scène et l’a chanté avec moi. Lorsque je suis rentré chez moi, les chaussures que je mettais sur scène durant 20 ans, à chaque concert, je les ai signées et je les ai envoyé à mon ultime fan au Canada. Du coup il me faut des nouvelles chaussures! (rires) Tu as vu mon dernier concert! C’était une soirée vraiment spéciale. Tout le monde croyait que je démissionnais.

Et tu es de retour avec  »Leave A Scar ». Pourquoi ce nom?
Il y a beaucoup de morceaux très forts, mais le morceau  »Stand » qui dit  »Don’t Leave your Mark, Leave a Scar ». Une marque peut être effacée, nettoyée. Une cicatrice reste à jamais. Nous ne sommes sur terre qu’un court instant, il faut que nous laissions une trace, quelque chose d’immortel.

Tu as laissé de grandes cicatrices dans la musique !
J’espère! J’aime à penser que lorsque je ne serai plus sur terre, j’aurai des messages et des chansons qui resteront. J’ai envie de penser que les combats que j’ai mené vont faire quelque chose. Je suis l’un des premiers artistes qui a dit  »fuck » dans un morceau, et regarde ce que le hip-hop en fait!

Tu te bats encore contre la censure?
Oui! Mais la censure change. Dans les années 1980, c’était un mouvement très conservatif, puritain, de droite, mais maintenant, la censure vient de la gauche, où tu ne veux offenser personne. Le parti libéral est vraiment plus difficile que dans les années 80 avec le parti de droite. Lorsque j’ai écrit  »In For The Kill », je me demandais si les gens seraient choqués. Dans le rock, on écrit des trucs violents tout le temps. Mais maintenant que tout le monde scrute ta façon d’écrire et les paroles et ce qu’elles signifient, c’est comme si on t’enlevait un outil.


Dans le rock, ce n’est pas forcément le cas, n’est-ce pas?
Dans le metal, on comprend ce qu’on chante, on sait que c’est une chanson, que ce ne sont que des images. Si c’est terrifiant, grotesque, énervé, ce n’est qu’un morceau, pas la vraie vie. Par exemple sur  »In For the Kill », je chante sur des moments où tu bosses comme un fou, et tu as une opportunité qui se présente et tu fonces! Le public sait que je ne vais pas tuer quelqu’un!

Il y a eu beaucoup de changements pour toi ces dix dernières années. Entre les Twister Sisters, ta carrière personnelle…

J’ai aussi fait  »Rock Of Ages » à Broadway! Pour moi c’est un moment important, car je n’y avais jamais pensé, c’était une expérience incroyable. J’ai écrit une comédie musicale depuis, je travaille avec une autre compagnie pour une comédie musicale, ça a ouvert une porte dans ma carrière. Pour Twister Sister, c’est le succès international, cette reconnaissance qui fut magnifique… qui a laissé une cicatrice! Le groupe a pris dix ans avant d’être reconnu aux yeux de la presse. Je me rappelle mon premier disque d’or, dans un stade où je suis allé voir Led Zeppelin, Alice Cooper, Twisted Sisters ont reçu ce disque d’or dans cet endroit, en face de mes fans, de mes amis, de ma famille, dans l’endroit où j’allais voir des concerts de grands groupes… Et personnellement, je pense que mon album  »For The Love of Metal » est quelque chose d’incroyable! Je ne pensais jamais durer aussi longtemps! C’était sympa pour moi d’avoir une carrière tranquille, mais je disais les mêmes choses encore et encore, et Jamie Josta (Hatebreed) m’a offert de faire un nouvel album  »For The Love of Metal », qui m’a fait monter dans les charts, qui m’a montré que j’avais encore quelque chose à dire.

Tu l’as dit, depuis 1980, tout a beaucoup changé. Tu penses qu’il y aura un groupe qui marquera la musique metal comme ce fut le cas ?
Je pense être la première personne à être un vrai  »headbanguer ». J’ai vu Queen, Deep Purple, Black Sabbath sortir leurs premiers albums. Je faisais partie de cette nation, celle qui en avait marre de cette époque Woodstock, où on hurlait  »ON VEUT DU ROCK » sur tous les toits. J’ai créé le  »Headbanger’s Ball », j’ai toujours soutenu le metal sous toutes ses formes. Mes quatre enfants sont des headbanguers aussi. Ils m’ont introduit à plein de nouveaux groupes que je n’aurais pas forcément écouté. Regarde System of a Down… J’avais peur, mais mon fils m’a encouragé à les écouter, et je les ai trouvé géniaux. Niveau rock star, je pense que c’est un problème. Les réseaux sociaux ont changé la façon dont on perçoit la musique. Tu n’entends qu’un groupe uniquement si tu es fan du style musical en question. A l’époque, les Twister Sisters avaient des affiches dans les rues, sur les bus, il y avait de la promo partout dans les rues… C’est ça qui crée les rock-stars, parce que les gens autre que tes fans connaissent ton groupe. Mais maintenant, les gens ne connaissant pas de groupes sauf s’ils aiment ce style.

C’est dommage, ça coupe les découvertes, tout est orienté, comme Spotify.
Je déteste Spotify! Les artistes ont une pitance pour leur travail, les millions de gens qui écoutent leurs morceaux, Spotify utilisent les artistes, et quand tu vois le big boss de Spotify qui leur dit juste  »vous n’avez qu’à sortir plus d’album pour faire plus d’argent ». Mais l’art, l’inspiration prend du temps. Spotify est un outil super pour montrer ta musique aux gens, mais les jeunes groupes galèrent. Il n’y a plus d’argent dans la musique, tu es obligé de faire du live et vendre du merch. Ça détruit les groupes.

La génération actuelle veut tout, tout de suite. Ça rend le fait de créer la musique plus difficile.
Oui, car le public part du principe que la musique est facile à faire. Avant, tu te réjouissais, tu attendais un album avec impatience. J’allais dans mon magasin de disques tous les jours, demandant s’ils avaient le nouveau Led Zeppelin… C’est l’anticipation qui crée l’excitation. Les gens n’aiment plus le processus d’attendre, de se réjouir.

La pandémie a été difficile pour toi, surtout avec un nouvel album sous le coude?

J’ai la chance d’être en sécurité, je suis heureux, je peux écrire, mes enfants sont adultes, je n’ai pas besoin de les envoyer à l’école sur zoom! Personne d’entre nous n’a été touché. Niveau enregistrement, c’est peut-être le bon moment! Imagine cela il y a 20 ans! Il n’y aurait pas de Zoom, pas moyen de travailler ou d’étudier depuis la maison… Et pas moyen d’être en studio! Là tu peux être dans des endroits différents et faire quelque chose. La technologie est là, et tu peux enregistrer à l’autre bout du monde, communiquer facilement avec les autres, tu peux travailler avec des gens comme s’ils étaient dans la même pièce que toi! Je suis très reconnaissant d’avoir la technologique pour cela.

Beaucoup de gens sont fans de toi… Et toi, de qui es-tu fan ?
Tellement de gens ! Les Beatles ! C’est eux qui m’ont motivé à faire un groupe. Paul Revere and the Raiders, plus edgy que The Monkeys, j’avais plein de posters d’eux. Ensuite, le metal est apparu : Black Sabbath, Led Zeppelin, tous ces groupes ont vraiment affiné mon style. Avec les Twisted Sisters, je faisais une imitation de Robert Plant en concert, ça a attiré beaucoup de gens à nos concerts car ils étaient curieux et adoraient quand tu faisais une reprise de Led Zep’. Alice Cooper est une personne incroyable, il a changé la façon dont je m’habille, dont je chante (se met à chanter comme Alice Cooper), il a une voix sombre, j’ai une voix plus claire, mais aussi sa façon de se comporter sur scène. Et puis AC/DC a vraiment aidé à polir ma voix. Je me suis beaucoup inspiré pour écrire les paroles, et même niveau musique, peut-être que 3-4 cordes te suffisent pour faire un morceau !

Et ton groupe actuel préféré ?
Il y en a tellement ! J’aime les groupes avec plein d’influences, mais qui ne sonnent pas comme les anciens. Je cherche la créativité, pas l’imitation. Si tu prends Volbeat, tu entends Motorhead, le ska, le punk, mais ils les reprennent à leur sauce. J’adore Monster Truck, ils mélangent Deep Purple, Alice In Chains, Lynyrd Skynyrd, je les adore.

Et Alice Cooper t’as beaucoup influencé, mais vous êtes aussi amis !
Ouais ! Imagine, j’étais gosse et j’écoutais ses albums… Et je rêvais d’être ami avec lui, car nous avions les mêmes intérêts, je le remarquais dans ses chansons. Je ne parlais qu’en bien de lui, même lors de sa période plus sombre dans les années 1980. Alice fut touché par mon soutien. J’ai reçu mille roses noir de sa part, avec un message qui me remerciait pour mon soutien, et me demandait de le rencontrer… Et on s’est tellement bien entendus ! Nous sommes amis depuis, et rien n’a changé. Alice a fait mon dernier concert, en Suisse justement. Les gens disent que tu ne devrais jamais rencontrer tes héros, sauf si c’est Alice Cooper ! (Rires) Robert Plant aussi, je vénérais ses posters, et maintenant je vais manger chez lui ! (rires)

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