Entrer dans l’univers de Björk, c’est un peu comme tomber dans le terrier du Lapin Blanc d’Alice au Pays des Merveilles, s’échapper d’une réalité brutale et pessimiste pour embrasser un monde onirique et poétique où (presque) tout serait possible. « Cornucopia » (corne d’abondance en latin), titre de la tournée et du projet musico-théâtral de l’artiste islandaise, évoque ce salut du monde face au changement climatique par une sorte de fusion entre les oiseaux – le monde végétal et l’homme en une nouvelle espèce mutante. Björk dit elle-même de son spectacle que c’est « son concert le plus élaboré à ce jour, où l’acoustique et le numérique se serreront la main, encouragés par une équipe de collaborateurs sur mesure ».

La genèse de cette tournée remonte à 2019, après la parution de l’album « Utopia », et a été interrompue par la pandémie. Le 1er septembre 2023, la tournée intégrant notamment les titres de l’album « Fossora » et plusieurs classiques de la discographie de la chanteuse repart avec une première date à Lisbonne pour traverser ensuite l’Europe et passer par Zurich. Comme très souvent avec Björk, pas de photos ni de vidéos pour le confort de l’artiste et du public afin qu’il puisse vivre pleinement cette expérience immersive.

En attendant le début du concert, des chants d’oiseaux tropicaux égaient le Hallenstadion tandis qu’un premier rideau composé de cordes sur lesquels sont projetés des motifs floraux et minéraux imaginaires décore la scène. Le spectacle débute avec le rideau toujours en place tandis qu’évolue un groupe de joueuses de flûte dans un magnifique décor végétal évoquant des champignons géants aux lamelles élancées. A son habitude, Björk porte un masque et un costume particulier, avec des sortes de corbeilles à pollen au bout de tresses sur les côtés de sa robe signée par le Valaisan Kevin Germanier, qui n’en est pas à sa collaboration avec l’artiste. Le rideau s’écarte peu à peu et des projections dynamiques de végétaux imaginaires – mélange de gorgones et anémones de mer notamment – associées à de délicats accords d’une harpiste invitent à la rêverie. Un chœur de chanteuses islandaises rejoint également cet ensemble et renvoie à la dramaturgie grecque antique.

Avant les rappels et en intermède, un discours de Greta Thurnberg sur l’urgence climatique est diffusé sur le rideau de l’avant-scène. Björk – dont la fille a sensiblement le même âge que la militante climatique suédoise – n’a jamais caché son engagement pour l’environnement et contribue au financement de nombreux projets pour sa sauvegarde. Avec « Utopia », la chanteuse déclarait « que le concept d’utopie est une proposition pour traiter la nature de manière plus compatissante et espère que partant d’un point de vue féminin aidera ».

Björk, vêtue d’une élegante robe griffée Coperni revient ensuite accompagnée par les choristes islandaises pour les rappels dont « Future Forever », à l’issue duquel elle présente ses musiciennes et musiciens.

Une heure trente hors du temps, un spectacle impressionnant et féérique, parfois trop dense, dont on ne sort pas indifférent.

Photos : @santiagraphy

www.bjork.com

www.hallenstadion.ch

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