Début de concert ce soir avec ZERO9:36. Moitié rappeur, moitié rockeur, cet américain touche à tout presque inconnu de tous n’en est pourtant pas à son coup d’essai. On sait qu’il a notamment collaboré avec des pointures comme Ice Nine Kills, Travis Baker ou encore Hollywood Undead. Mais pour se faire connaitre du grand public, quoi de mieux que des tournées et en ouverture de nom tel qu’Atreyu.
Nous ne sommes pas déçu car son flow et son énergie font mouche dès les premières notes. Un brin mystérieux mais avec une volonté de faire bouger la salle, les morceaux s’enchainent parfaitement et le public se prend au jeu. Le set est propre, net et tape un grand coup. On entendra parler de cet artiste dans les prochaines années à coup sûr ! Et oui il y a des soirs comme ça où l’on sent dès les premières secondes que ça va être un vrai moment de live.
Et puis, Atreyu déboule sur scène avec quinze minutes d’avance, ici, pas de star attitude ni de faux suspense, juste cinq types pressés d’en découdre. Derrière eux, un grand drap noir, sobre et efficace, avec en lettres gothiques blanches du mot “CURSE”. Cette tournée célèbre les 20 ans de leur album culte “The Curse”. Un disque à la croisée du hardcore, du heavy.
Pas d’artifice particulier, pas de décor tape-à-l’œil. Juste la musique, le public, et un paquet de donuts. Oui, des donuts. Dès le deuxième morceau, le guitariste de droite se délecte d’un donut. Il en grignote la moitié, impassible, puis balance le reste dans la foule. Ce sera son petit rituel toute la soirée : un donut quasiment toutes les trois chansons, moitié pour lui, moitié pour le public.
Simple, absurde, parfait. Le son est plus équilibré que celui du groupe précédent, un poil moins fort, mais d’une clarté redoutable. Atreyu est attachant par le fait qu’on retrouve des musiciens ultra pros, mais qui gardent en eux cette énergie d’avant et qui jouent pour le fun. La salle n’est pas pleine, loin de là. Mais les fans présents, eux, ne lâchent rien. Les circle pits s’enchaînent, les refrains sont repris à pleins poumons, chacun vit le moment à fond.
Une fille au premier rang, Aude, a l’aide d’une pancarte affirme que c’est son anniversaire. Le batteur descend de scène pour lui remettre une baguette en main propre, sous les applaudissements. Puis le groupe lance un “Joyeux anniversaire” collectif, repris par toute la salle. Le genre de moment complètement imprévu, mais d’une chaleur désarmante.
Un peu plus tard, le groupe s’amuse à échanger les rôles : le chanteur passe à la batterie, le batteur prend la basse. Le son reste carré, ça joue fort, sans filet, mais avec un plaisir évident. Entre deux titres, le chanteur descend dans la foule, serre des mains, chante au milieu du pit, partage des sourires. Pas de distance, pas de barrière : une vraie communion.
Au bout d’une heure de chaos maîtrisé et de donuts volants, le groupe quitte brièvement la scène avant de revenir pour un rappel explosif de quinze minutes. Ils terminent sur un mélange de classiques et de titres récents, dont “Dead”, leur dernière sortie. Le chanteur demande au public de tout donner une dernière fois, et la salle obéit : le circle pit reprend de plus belle. Le chaos, le vrai, celui qui fait battre le cœur plus fort.
Un concert court (1h15) mais d’une intensité rare. Une heure de pure énergie, entre nostalgie et fête brute. La salle n’était pas pleine, c’est vrai, et c’est bien là le paradoxe : le metal remplit moins qu’avant, les fosses se clairsemment, mais ceux qui restent sont plus passionnés que jamais.
Ce soir, Atreyu n’a pas juste célébré un album, ils ont célébré 20 ans de sincérité, de fun, de musique. Un groupe proche, drôle, généreux, un peu fou, mais toujours authentique. Et franchement, quatre donuts, des circle pit et un anniversaire plus tard, on repart avec le sourire collé au visage.
Texte [Adeline Pusceddu] – Photos [Marjorie Delaporte]
