Entre le romantisme et la nostalgie s’infiltrent les doux élans de l’autrice-compositrice-interprète montréalaise Rachel Leblanc. Toujours sous les traits de Vanille, elle nous convie à Un chant d’amour, son troisième album, le 17 octobre 2025. Fidèle à elle-même, son univers musical honore à nouveau les années 1960 et 1970.
Cette fois, elle embrasse l’esthétique de la sunshine pop avec ses chansons sentimentales réalisées – et composées conjointement – par son complice Christophe Charest-Latif. Et qui de plus taillé sur mesure que le bassiste de Mort Rose pour en assurer la direction artistique? Ses vastes connaissances de mélomane et son doigté laissent une empreinte palpable de tendresse sur l’ensemble des pièces. Vanille rayonne d’elle-même en couchant l’encre de sa plume fleur bleue, sans trop s’imbiber d’eau de rose. De la pièce-titre – d’allure nuptiale – à Lune d’argent, elle nous emmitoufle de ses sentiments amoureux avec des titres remplis de références au concept universel. Éprise par son idéalisation de l’autre comme sur Te revoilà, ainsi que sa certitude d’avoir gagné la flamme éternelle sur Deux cœurs, elle peint l’amour idyllique avec les nuances nécessaires pour rompre avec la naïveté. On y croit.
« Entrelacement de deux cœurs qui veulent la même chose
Pluie de diamants sur nos corps pour des siècles à venir »
–Deux cœurs
Musicalement, l’album emprunte des éléments à la pop psychédélique, et même à la soul, avec ses harmonies et ses mélodies langoureuses; la voix cristalline de l’artiste se brode finement à l’ambiance sophistiquée des arrangements. Soulignons l’apport de Samuel Gendron (Piano, wurlitzer, mellotron, rhodes, farfisa), Philippe Noël (guitare électrique), Julien Comptour (guitare acoustique), Christophe Rosset-Balcer (batterie), et de Mikhael Daoudi (percussions).
Sous son maquillage de style « babydoll », le chant de Vanille – bien que son timbre diffère – revêt l’élégance de Dusty Springfield et le charme de Cass Elliot, tout pour exprimer ainsi l’intensité de l’amour avec un somptueux voile de mélancolie. Elle est portée par les chœurs du trio d’Arielle Soucy, Flavie Melançon et de Velours Velours, dont leur écho céleste évoque The Mamas & the Papas. Le psychédélisme se perpétue de façon contemplative – et très space-rock – avec la pièce Le saut pour enfin redescendre sur terre dans Ce n’est pas ici, ce n’est pas ailleurs.
« Je parade ma résurrection
Même si j’ai invoqué ton nom
Tant d’aurores et de nuits de neige
Sans fin
Forgé un cœur en vain fidèle »
–Un espoir
Même si elle s’inspire de ses courants musicaux fétiches, méfiez-vous des apparences : le mimétisme lui échappe, les clichés faciles aussi. Vanille incarne son goût pour l’esthétisme avec subtilité et modestie. Elle nous convainc par ses ballades claires obscures, qui basculent dans le désespoir sur Ainsi (Je vis le jour). Heureusement, en suivant l’interlude Main dans la main – pièce instrumentale composée avec Allô Fantôme au piano – elle termine sur une note d’optimisme avec Un espoir. En vérité, on en retient que l’amour triomphe toujours sur la souffrance qu’il engendre.
Oh, l’amour, source inépuisable d’inspiration! Grâce à cet ingrédient vital, l’autrice-compositrice-interprète réussit à élargir, encore une fois, sa créativité d’enchanteresse avec un album où se marient passion et raffinement. Un chant d’amour, la troisième mignardise signée Vanille, est probablement la plus pop de sa discographie, mais aussi la plus articulée à ce jour. À mesure qu’on l’écoute, on s’y attache.
Le spectacle de lancement d’Un chant d’amour, avec Bolduc tout croche en première partie, est prévu le 8 novembre 2025 au Ministère, à Montréal, dans le cadre de Coup de cœur francophone (billets).
Crédit photo : Elizabeth Landry
Pour écouter l’album :
