Sombre et tragique destin d’Anathema au sommet de sa gloire avec de somptueux derniers albums comme ‘We’re Here Because We’re Here’, ‘Weather Systems’, ‘Distant Satellites’, ‘The Optimist’ et ‘Universal’ l’un des plus beaux ‘live’ de ces dernières années, groupe qui a été l’une des victimes collatérales du COVID-19. En proie à de graves difficultés financières, plombé par les problèmes de santé récurrents de Danny Cavanagh et des divergences musicales, Anathema annonçait une pause indéterminée qui s’est muée en dissolution. En septembre 2024, Danny Cavanagh sortait un bel album empreint d’émotion sous le nom de Weather Systems (‘Ocean Without a Shore’, Mascot Label Group) avec Daniel Cardoso, seul rescapé de l’aventure Anathema. On avait donc hâte de voir ce nouveau projet en live du côté de la salle de Pratteln en configuration intimiste Mini Z7.
En ouverture de soirée, une jolie découverte avec Haunt The Woods, groupe des Cornouailles qui s’est notamment produit en ouverture de Marillion Weekend de Port-Zélande (NL) en mars dernier. Un univers musical riche et varié empruntant à Radiohead, Einar Solberg (Leprous), Muse ou Jeff Buckley pour un style unique. Le charisme de Jonathan Stafford au chant haut perché et à la guitare est impressionnant. Le groupe finira son set au milieu du public en interprétant a cappella ‘Sleepwalking’, magnifique ballade aux harmonies vocales magnifiées. Haunt The Woods a un potentiel évident que l’on souhaite être mis davantage en lumière.
La curiosité était aussi grande que l’attente de retrouver Danny Cavanagh et Daniel Cardoso sur scène. Cinq ans après les derniers concerts d’Anathema, l’émotion était palpable dans la salle comme sur les planches. Autant le dire tout de suite, Weather Systems n’est pas (plus) Anathema. Privé surtout de son frère Vinny (chant/guitare) et de Lee Douglas (chant), quasiment sans claviers mais avec des bandes, le nouveau projet de Danny Cavanagh manque encore de profondeur et d’assurance en live. Les cicatrices sont encore fraîches et il faut un peu d’indulgence et d’expérience avant que la machine ne se remette à tourner à plein régime.
C’est un Danny bouffi que l’on retrouve sur scène – probablement toujours sous traitement médicamenteux – portant des dreadlocks tenues par un bandeau, visiblement ému de son retour sur scène. Il dira d’ailleurs « nous ne savions pas à quoi nous attendre sur cette tournée, si les gens viendraient, s’ils nous bouderaient, mais je vous remercie du fond du cœur d’être là ce soir… ». Des propos humbles et touchants, à mille lieues de certaines sautes d’humeur ou attitudes arrogantes du passé. A ses côtés, le fidèle Daniel Cardoso derrière les fûts (autrefois également aux claviers avec Anathema), Soraia Silva feu follet au chant et André Marinho à la basse.
La setlist fera la part belle à ‘Ocean Without a Shore’, l’album de Weather Systems (huit titres) et surtout aux classiques d’Anathema, en passant de ‘Deep’ et ‘Springfield’ à ‘A Simple Mistake’ ou ‘Closer’. Notre coup de cœur va à la trilogie aérienne ‘Untouchable’, un véritable hymne céleste tandis que toute l’empathie du public étreint Danny sur ‘One Last Goodbye’ qu’il dédie à sa maman, au bord des larmes. Le plus beau des rappels pour le meilleur des publics, celui de la Z7, avec un ‘Fragile Dreams’ très bien exécuté.
On prie pour Weather Systems poursuive son chemin et nous livre d’autres albums et concerts. Danny Cavanagh a encore beaucoup à partager, c’est sûr.
Texte : Jean-Blaise JB Betrisey
Photos : Stéphane Bee
www.weathersystems.bandcamp.com
