C’est en nous promenant à Genève que nous sommes tombés sur un concert sauvage du trio The Reals, perché en haut d’un toit vers la gare Cornavin. Après un set de quinze minute, la police attendait les trois musiciens pour les verbaliser. Retour sur une performance à l’essence punk qui montre que la musique doit émerger sous de multiples formes.

Pouvez-vous présenter le groupe en quelques mots ?

C.J. Nicholson :The Reals, c’est un power trio qui pratique la musique sous forme libre. On n’a pas de style prédéfini, et on laisse juste évoluer la musique librement.

Comment vous est venue l’idée de faire ce concert sauvage jeudi dernier à Genève ?

On avait déjà fait ce type d’expérience en 2016, devant la gare Cornavin pendant quelques minutes. On avait vraiment bien apprécié cette performance et on s’est dit qu’on voudrait bien le refaire, mais cette fois-ci sur un toit. Donc, on a choisi le Pavillon Bleu, cette espèce de préfabriqué qui est aussi devant la gare Cornavin. En fait, ce type de performance est assez intéressant pour nous parce qu’il y a un côté très spontané. On prend possession d’un lieu où, habituellement, il n’y a pas de musique.

Avez-vous été surpris de l’accueil des gens présents et du nombre de personnes qui sont venues voir ce qui se passait sur ce toit ?

Provinescu : Pas de l’accueil, mais du nombre oui. Ce qui n’est pas du tout étonnant, surtout dans cette période de pandémie. Lorsque les gens ont besoin de se sentir vivre et de pouvoir, entre autres, bénéficier de musiques vivantes, par exemple.

Était-ce un geste de contestation ou juste le besoin de jouer ?

Provinescu : Nous n’avons pas organisé cette performance dans un esprit contestataire. Absolument pas, même si ça l’est devenu après, malgré nous.

Mais vu la situation actuelle et la pression qui est faite sur des artistes en général dû au COVID, ça nous était insupportable de ne pas pouvoir jouer notre musique live. Donc, nous avons décidé de prendre le risque de jouer sur ce toit.

Quels ont été les premiers mots échangés avec la police quand vous êtes descendu du toit après le concert ?

Raphaël Real : Quand on a terminé notre performance, je suis tout de suite descendu discuter avec la police et la première chose qu’ils m’ont demandé c’est si on était conscients de la gravité de la situation sanitaire. J’ai répondu tout de suite que oui et que l’idée était de ne faire prendre aucun risque à personne, surtout qu’on peut bien voir sur les vidéos de cette performance que les gens étaient bien plus dispersés et respectaient les mesures pendant la musique bien plus qu’avant ou après !

Et quels sont les risques que vous encourez ?

Probablement une amende plus ou moins salée ?

Selon les rumeurs, c’est la police qui a interrompu le concert. Est-ce vrai ?

Ah non, pas du tout. On avait décidé à l’avance de jouer pas plus que 15 minutes pour ne pas pousser justement… Personne ne nous a arrêtés. On nous a même dit que certains policiers tapaient du pied et à 15 minutes, nous avons arrêté de joué et sommes descendus. On allait voir la police pour discuter calmement avec eux.

Pensez-vous que ce genre d’actions risque de se produire de plus en plus souvent ?

Provinescu : Non, car les gens ont peur.

C.J. Nicholson : Pas en tout cas sous cette forme-là. Mais il est évident qu’on ne peut pas empêcher les gens de se laisser vivre. Il va certainement y avoir d’autres types d’actions d’ici cet été.

Parlez-nous de l’actualité du groupe et des projets à venir ?

Provinescu : Nous continuons à nous voir chaque semaine pour faire de la musique. Nous avons eu aussi un concert à Urgence Disk et le prochain concert du trio, ce sera le mercredi 22 septembre durant le 40ème Festival de jazz de la AMR et ceci à la Cave 12.

C.J. Nicholson : Merci au Daily Rock de nous avoir permis de faire cette interview et Rock’n’roll !

Raphaël Real : On se reverra sur un toit !

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