Samedi 2 août 2025 : le jour 2 du Sylak s’apprête à nous faire vibrer depuis la grande scène qui se dévoile pour l’occasion. Il est 10h00, la nuit a été courte et le soleil nous assomme déjà, mais l’envie de retrouver le site du festival nous fait bondir hors des tentes. Fresh & Black ou pas, la température grimpe vite sur les plaines de Saint-Maurice-de-Gourdans. Aujourd’hui, la programmation est résolument brutale, avec une large dominante de death metal. On se prépare mentalement à être engloutis par la poussière devant la MainStage pour une série de concerts mémorables.

LAFAYETTE
Il n’est qu’11h30 et déjà, la foule se presse à l’entrée pour soutenir Lafayette, groupe de metalcore formé en 2024. Les Lyonnais avaient annoncé, à seulement quelques jours du festival, le départ de son chanteur Arthur. Qui allait reprendre le flambeau ? La réponse ne se fait pas attendre : c’est Olivier Sicaud, frontman du groupe Nonsense qui est derrière le micro.

Vu le rythme soutenu du set, l’enchaînement des parties chantées et screamées, on peut féliciter la nouvelle recrue. L’exercice est de taille, les morceaux ne sont pas simples. ‘Forever Yours’ et ‘The Fucked Up Song’ en sont la preuve. Pourtant, même si Arthur portait le groupe de sa voix reconnaissable (que l’on peut aussi entendre chez Smash Hit Combo ou Lone Survivors), Olivier assure tant sur l’interprétation que sur la technique. On sent une certaine cohésion entre les membres de cette nouvelle formation et une terrible envie de se dépasser. Encore quelques lives avant d’être parfaitement intégré et ne plus être considéré comme « le petit nouveau ».

On le voit, le quatuor est ravi de fouler la scène du Sylak pour la première fois. Leur énergie est communicative et nous donne envie de partager pleinement ce moment avec eux. Dans le public, une poignée de non avertis se rallie au mouvement. Une chose est certaine : la Lafayette Family s’est agrandie aujourd’hui.

Olivier, nouvelle voix de Lafayette le groupe de metalcore qui monte depuis 2024.

ASHED WINTER
12h30 sonne, et après la traditionnelle pause de 30 minutes, Ashed Winter prend possession de la scène avec une énergie palpable. Originaire de Roanne (42, Loire), le groupe impose rapidement sa patte, porté par Marie dont le chant puissant et abrasif contraste avec son gabarit.

Leur univers, qu’ils définissent comme du « Tribal Death Groove », trouve écho dans un public déjà bien réveillé. Avec leur dernier album ‘Papa Legba’ sorti en septembre 2024, ils confirment une identité sonore singulière et affirmée. Très appliqués (peut-être un poil trop ?), ils nous embarquent sans encombre dans leur univers. Un passage qui marque incontestablement ce créneau de mi-journée.

Marie, Ashed Winter au Sylak 2025.

AKIAVEL
Après Ashed Winter, on poursuit avec une autre claque et la présence toujours bienvenue d’une frontwoman derrière le micro. Cette année, les festivals semblent enfin avoir pris conscience du déséquilibre persistant dans les programmations, et le Sylak ne fait pas exception : plus de place est accordée aux femmes dans la scène extrême, et on ne peut que s’en réjouir.

Akiavel, originaire du sud-est de la France, voit ses musiciens prendre place un à un sur scène, préparant le terrain pour l’entrée d’Auré. Dès qu’elle surgit, c’est un véritable raz-de-marée sonore : son growl, profond et puissant, saisit la foule et ne la lâche plus. La prestation est maîtrisée, intense, et confirme une fois de plus que le Sylak sait dénicher des formations de qualité.

Venu défendre son quatrième album ‘InVictus’ paru en avril dernier chez Verycords, le groupe occupe la scène avec assurance. Auré communique beaucoup avec le public, insuffle une énergie contagieuse, lance des circle pits et encourage ouvertement les femmes à y participer. Très vite, la poussière se lève sur Saint-Maurice-de-Gourdans, signe que la fosse est en ébullition.

Akiavel propose un death metal mélodique relevé d’une touche black, capable de séduire les amateurs d’Obituary, de Cannibal Corpse ou de Morbid Angel. En guise de final, le quatuor rend hommage à notre père à tous, Ozzy, quittant la scène sur ‘Crazy Train’.

Après ce triple uppercut musical, nous quittons un instant la fosse pour aller à la rencontre d’Ashed Winter et Lafayette, afin de recueillir les réponses à nos questions. Deux belles discussions à découvrir bientôt dans ton mag préféré.

Le public toujours au rendez-vous pour le Sylak, à Saint-Maurice-de-Gourdans.

HARAKIRI FOR THE SKY
Changement radical de tonalité avec Harakiri for the Sky. Les Autrichiens, maîtres du post-black metal, apportent une intensité plus introspective, presque cathartique. Leur dernier album, ‘Scorched Earth’ sorti en début d’année, avait déjà conquis les amateurs du genre, et il prend une toute autre dimension en live.

Dès les premières notes, l’atmosphère se transforme. Le son, parfaitement réglé, enveloppe le public d’un mur mélodique où se mêlent mélancolie et puissance brute. Sur scène, pas de fioritures : des tenues entièrement noires, une présence sobre mais habitée, et une lumière travaillée qui souligne les contours sans voler la vedette à la musique. JJ au chant est totalement habité.

Très vite, on se laisse emporter dans un voyage intérieur. Les riffs répétitifs et planants agissent comme une transe, poussant à la réflexion et à un certain lâcher-prise. C’est un moment suspendu, presque hors du temps, qui tranche avec la brutalité ambiante de la journée.

Et pourtant, le groupe arrive de loin : après un set la veille au Rockstadt Extreme Fest, en Roumanie, ils ont enchaîné la route pour rejoindre le Sylak. Aucune trace de fatigue pourtant : la prestation est précise et chargée d’émotion. Les nuages, enfin, nous offrent un répit bienvenu face au soleil écrasant, permettant de savourer chaque seconde de cette parenthèse sombre et intense.

Harakiri For The Sky, Sylak 2025.

PRO-PAIN
L’affiche du Sylak 2025 étant résolument death, les coreux avaient sans doute hâte que Pro-Pain débarque. Ok, la programmation 2024 avait envoyé du lourd niveau hardcore avec Terror, Comeback Kid, Stinky et autres Cro-Mags. Mais cette année, les fans du genre se sont sentis un peu lésés. Alors quand les New-Yorkais arrivent, hors de question de rester hors du champ de bataille.

‘The Shape Of Things To Come’, reprise du groupe Max Frost & the Troopers, nous est envoyé en pleine face. À partir de ce moment, les circle pits s’enchaînent, on respire la poussière, les pichets volent en éclats : un joyeux chaos comme on aime. Gary Meskil, leader charismatique, échange quelques mots en français et remercie à plusieurs reprises le public, remonté à bloc. Le groupe partage avec générosité sa joie d’être sur scène et sans forcer, réussit à convaincre même les sceptiques.

I AM MORBID
La nuit n’est encore pas tombée sur Saint-Maurice-de-Gourdans qu’une autre forme d’ombre s’abat sur le festival. I Am Morbid, groupe de David Vincent (ancien chanteur/bassiste de Morbid Angel) et Pete Sandoval (ancien batteur de Morbid Angel) qui joue en live les anciens morceaux de Morbid Angel, prend possession de la scène. Certes, il s’agit d’un tribute band, mais le poids de l’héritage et le charisme de ses musiciens suffisent à imposer le respect.

Dès l’ouverture, le ton se fait plus menaçant. Les riffs tranchants s’abattent comme des coups de hache, soutenus par une section rythmique implacable. Pas besoin de longs discours : quelques regards froids, un simple geste de la main et la connexion entre le frontman et le public est immédiate. Bill Hudson, co-guitariste situé à sa gauche, se joue des flashes et lance des sourires à l’assemblée.

Le groupe déroule une setlist taillée dans le granit, enchaînant les classiques du death metal avec une précision chirurgicale. ‘Dominate’, ‘World of Shit’, ‘Fall from Grace’. Ça tabasse fort et ça joue à la perfection. Malgré la lumière encore présente, on a la sensation que les ténèbres ont envahi la plaine. La fosse se transforme en champ de bataille et les têtes bougent à l’unisson.

C’est brut, c’est massif, et c’est exactement ce qu’on attendait : un rappel que le death metal est encore loin d’avoir dit son dernier mot.

David Vincent, ex-Morbid Angel, d’I Am Morbid au Sylak 2025.

KORPIKLAANI
Il n’en sont plus à leur premier Sylak : on parle bien sûr des Finlandais de Korpiklaani. On ne va pas se mentir, passé ‘Vodka’ et quelques-uns de leurs grands classiques, la recette peut paraître répétitive. Mais sur scène, le groupe sait toujours transformer le pit en taverne géante. Violon et accordéon en avant, refrains à boire, tempo humppa qui trotte, breaks taillés pour le chœur du public : on lève le coude sur ‘Beer Beer’, on braille sur ‘Happy Little Boozer’, et on repart avec le sourire.

Oui, leur formule repose souvent sur le même schéma couplet–refrain fédérateur, mais l’énergie bon enfant, la précision du groupe et la voix éraillée de Jonne Järvelä font le boulot. Korpiklaani n’innove plus vraiment, ils excellent : offrir un moment de défoulement collectif, simple, festif et rassembleur. 

CANDLEMASS
À l’image de Harakiri for the Sky, Candlemass nous honore de sa présence après un long périple pour rejoindre le Sylak. Cette fois, les légendes suédoises arrivent tout droit du Beyond the Gates Festival en Norvège, prêtes à célébrer avec nous leurs quarante années d’existence.

Dès les premières notes, on ressent le poids de l’histoire et des décennies d’expérience, malgré les multiples pauses qui ont jalonné leur carrière. Solides, imposants, les musiciens installent une atmosphère lourde et majestueuse dans un halo de lumières rouges. La cadence se ralentit volontairement, laissant place à ces rythmiques étirées et pesantes, signature indiscutable du doom metal. ‘Bewitched’, ‘Miror Miror’ et bien sûr ‘Sweet Evil Sun’ résonnent jusqu’au centre du village.

Portés par un show light intense, presque théâtral, Candlemass nous enveloppe dans un cocon sombre. On se laisse donc gentiment hypnotiser, happés par cette lente marée sonore qui emporte tout sur son passage.

Attention à l’atterrissage !

DISMEMBER
À l’image de cette deuxième journée, on conclut évidemment sur du death… et pas n’importe lequel. Pour clore cette soirée en beauté, le Sylak a fait appel à l’un des pionniers suédois du genre : Dismember. Il est 23h50 lorsque les vétérans arrivent sur scène avec une confiance tranquille, armés de leurs guitares tranchantes comme des lames, prêtes à nous scier les oreilles.

La fatigue se fait sentir après une journée aussi dense, mais impossible de décrocher. Un simple coup d’œil autour de nous suffit : le public est captivé, chaque tête hoche au rythme effréné des riffs. Pendant une heure, les morceaux s’enchaînent sans temps mort : ‘Dismembered’, ‘Of Fire’, ‘Fleshless’, ‘On Frozen Fields’. Un condensé de rage et de précision qui rappelle pourquoi Dismember reste une référence incontournable.

En guise de cerise sur le gâteau, le groupe offre un rappel explosif avec ‘In Death’s Sleep’.

Cette deuxième journée s’achève déjà. Un cruel dilemme s’impose aux festivaliers, désireux de profiter du jour 3 : rejoindre l’oreiller… ou rester encore un peu pour profiter de ces nouvelles amitiés nées au détour d’un riff, d’un circle pit ou d’une simple bière partagée ?

Report jour 1
Report jour 3

Texte : Hiromi Berridge & Floriane Piermay
Photos : Floriane Piermay

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