Niché dans le hameau de Montcul (commune de Colombier-Saugnieu – FR), à moins de deux heures de Genève, le Plane’R festival a accueilli du 4 au 5 juillet 2025, une nuée de metalleux pour deux jours de festivités. À peine redescendus du Hellfest, on savoure ici le contraste : une atmosphère intimiste, presque champêtre et bien appréciable ! Il est 14h00, on suit les panneaux faits main jusqu’au camping et en moins de dix minutes : voiture garée, tente montée, nous voici installés. Cerise sur le gâteau : le campement est à moins de cinq minutes à pieds du site. Ça change tout de suite la donne. Le Plane’R, c’est ce genre de fest où l’on respire, où l’on prend le temps… sans pour autant baisser le volume.
Vertex – Terminal 1
Le soleil est bien présent en ce début de soirée sur les plaines de Montcul. Il fait chaud, mais on survit. Pour ce premier concert, on circule encore assez librement pour se retrouver aux crash barrières. Ah ! Le plaisir des festivals à taille humaine ! Les Lyonnais de Vertex ouvrent le bal de façon brutale mais détendue, arborant chemises estivales et shorts sans prétention. Rapidement, la foule, attirée par les riffs incisifs, se rapproche de la scène.
C’est bon, c’est propre – peut-être même un peu trop, mais une envie immédiate nous prend : aller nous procurer leur premier album ‘The Purest Light’, sorti en début d’année. Le Plane’R a misé sur le bon cheval pour ouvrir : les premiers circle pits se forment, ça envoie du lourd d’entrée de jeu.

Pogo Crash Control – Terminal 2
Le show de Pogo Car Crash Control n’a même pas commencé que le public est en ébullition. À peine les premières notes résonnent-elles que le moshpit s’ouvre instantanément devant la petite scène du Plane’R. Le son est un peu brut, parfois brouillon, mais colle parfaitement à la fureur punk rock de la formation parisienne. Il est à peine 19h, mais l’ambiance est déjà électrique au pied des crash barrières.
Sur scène, les membres du groupes se nourrissent de l’énergie du public et la renvoient puissance mille. À peine montés sur les planches, des cris fusent : « Loooolaaa ! » – la désormais incontournable Lola Frichet, bassiste charismatique, est acclamée par la foule. Fondatrice de l’association More Women On Stage, militante pour une scène plus inclusive, elle a été élue meilleure riffeuse par She Shreds et classée parmi les 10 meilleurs musiciens actuels par Rock & Folk.
Et comme si cela ne suffisait pas, le groupe signe un véritable tour de force : jouer à 19h au Plane’R, puis tracer la route direction Belfort, pour les Eurockéennes, où ils enchaîneront avec un second concert à 1h du matin. Une claque sonore, et une leçon d’endurance.

Loudblast – Terminal 1
On ne les présente plus vraiment… Loudblast, pionniers du metal extrême en France, à la réputation bien ancrée au-delà de nos frontières. Sur scène, pas de fioritures : c’est carré, incisif, et ça fait le job avec une efficacité redoutable. Le groupe est manifestement heureux d’être là, et cette sincérité se propage dans le public.
L’ambiance est détendue, familiale. Certains festivaliers portent leurs enfants sur les épaules sans craindre d’être bousculés, les casques vissés sur les oreilles, le regard grand ouvert face aux riffs – une image qui résume bien l’esprit du Plane’R. On a de l’espace, on peut circuler, respirer, et savourer pleinement la puissance du son.
Tous en skinny jeans sous un soleil de plomb, les membres du groupe transpirent la passion. On remarque l’esthétique soignée des deux guitares : un yin et yang, noir et blanc, avec un liseré rouge.
Stéphane Buriez, frontman charismatique de la formation lilloise le sent : c’est peut-être un peu trop calme à son goût. Il chauffe la foule et lâche un « Foutez-moi le bordel dans le pit ! » qui fait son effet. Loudblast fête ses 40 ans de carrière cette année, et visiblement, ils n’ont rien perdu de leur flamme. Dans la fosse, ça commence à sérieusement s’agiter.

SUN – Terminal 2
De plus en plus d’artistes pop-metal féminines montent en puissance, prouvant qu’on peut être cute, féminine, et balancer des growls bien sales à faire pâlir les puristes. Karoline Rose Sun, alias SUN, en est la parfaite incarnation. Chanteuse, guitariste, compositrice et actrice franco-allemande, elle a inventé son propre genre : la brutal pop, un mélange assumé de douceur apparente et de violence sonore.
Il fait encore une chaleur écrasante à Montcul lorsque SUN débarque sur scène dans une robe rose en organza transparente. Le contraste est saisissant. Dès les premières mesures de ‘I Killed My Man’, le ton est donné : riffs tranchants, saturation à bloc, growls maîtrisés. Le public accroche immédiatement. Depuis la file d’attente du bar, on tend l’oreille – ‘Fast Car’ puis ‘Free Your Soul’ résonnent avec une intensité qui dépasse largement la scène secondaire où elle se produit.
Le soleil décline doucement, enveloppant le set d’une lumière dorée qui colle parfaitement à l’univers contrasté de l’artiste. SUN enchaîne avec une reprise survitaminée et déstructurée de ‘Survivor’ (Destiny’s Child). On adore sa voix écorchée, son attitude et sa prestance. Le public est captivé.
Dans le public, surgissant de nulle part, Jésus surgit comme une apparition divine et se tient debout sur la foule. L’ambiance est bon enfant et nous offre un petit répit avant le concert de While She Sleeps.

While She Sleeps – Terminal 1
Attention, ça ne plaisante plus à Colombier-Saugnieu. Place à l’un des poids lourds du metalcore : While She Sleeps, que nous avons eu le plaisir d’interviewer plus tôt dans la journée.
Il fait encore lourd, mais les Britanniques envoient direct la purée : colonnes de flammes du premier au dernier morceau, puissance de feu visuelle et sonore. C’est une vraie claque. Le volume grimpe, l’intensité aussi. Le son accroche un peu sur les voix par moments, mais rien qui vienne gâcher l’expérience.
Dans la fosse, c’est l’explosion : ils étaient attendus. Les premiers slams partent, les corps s’élèvent, et la tension monte d’un cran à chaque break. Le soleil se couche lentement, baignant le set d’une lumière presque cinématographique. Leur metalcore, à la fois brut et habité, nous happe sans préavis.
Loz Taylor, charismatique, capte tous les regards. Sur scène, il saute dans tous les sens, hurle à plein poumons, et ponctue ses morceaux de regards perçants qui transpercent la foule. Impossible de décrocher. On oublie tout, on vit l’instant. Et franchement, qu’est-ce que ça fait du bien, bordel !
Le groupe enchaîne les titres sans temps mort – ‘Anti-Social’, ‘You Are We’, ‘To the Flowers’, ‘Silence Speaks’… Ce dernier déclenche un karaoké géant à ciel ouvert, repris à pleins poumons par une foule en transe.
Le soir tombe, l’ambiance devient plus dense, plus moite, plus viscérale. Les slams se succèdent, les premiers rangs tiennent bon, écrasés contre les crash barrières, pendant que tout Montcul vibre. While She Sleeps ne laisse aucun répit, et franchement, on n’en demandait pas.

Vestige – Terminal 2
Lors du Hellfest, quelques jours auparavant, on avait eu la chance de rencontrer les Parisiens de Vestige. Après avoir malheureusement manqué leur show clissonnais, hors de question de rater celui de Montcul. C’est parti pour un concert intimiste au Terminal 2.
Sur scène, le groupe déploie un metal moderne aux teintes shoegaze, mêlant puissance, mélancolie et passages éthérés. Entre les lumières chaudes et la nuit qui tombe doucement, l’atmosphère se densifie. La musique nous cueille, frontale et sensible, et on se laisse embarquer dans un voyage introspectif, à la fois violent et suspendu.
La sincérité du quatuor touche en plein cœur. Chaque titre semble porter un poids, un vécu, une faille qu’ils subliment en sons. Guitares brumeuses, rythmiques tendues, voix habitées : tout est là pour créer un moment hors du temps.
Devant des festivaliers conquis, Vestige impose un univers, sincère et sans fard. Pour ceux qui les découvrent ce soir-là, c’est une révélation.
Beyond The Black – Terminal 1
On enchaîne avec du lourd, du propre, du calibré : Beyond The Black s’empare du Terminal 1 avec la précision d’un rouleau compresseur. Pas de préambule inutile, le show démarre pied au plancher avec ‘In the Shadows’. Derrière les crash barrières, jusqu’au fond du site, le son est clair, massif, et donne immédiatement envie de s’approcher. Le public est happé, et même la lune semble s’être invitée au spectacle, suspendue dans le ciel comme un projecteur naturel.
Jennifer Haben, toute frêle derrière son micro, fait vite oublier sa silhouette discrète : sa voix est puissante, limpide, enveloppante. Une maîtrise bluffante, d’autant plus touchante qu’elle s’adresse à la foule avec quelques mots en français. Un effort sincère, salué par des applaudissements nourris.
Habitués à les voir sur d’autres festivals avec des jeux de lumière complexes, des effets visuels et des changements de tenues, on est presque surpris par la sobriété du dispositif. Mais qu’importe : l’essentiel est là, et le groupe n’a besoin d’aucun artifice pour captiver.
Le set est impeccablement mené, enchaînant les titres emblématiques comme ‘Wounded Healer’, ‘Heart of the Hurricane’ ou ‘Reincarnation’. Chaque morceau est porté par l’émotion brute de Jennifer, qui oscille entre puissance et douceur avec une aisance déconcertante.
Autour de nous, le Plane’R retient son souffle. Tous les regards convergent vers la grande scène : la magie opère, tout simplement.
Eihwar – Terminal 2
C’est sur des mélodies mystiques et païennes que s’achève cette première journée de festivités. Le duo français Eihwar, présent sur des festivals majeurs comme le Hellfest, Wacken ou Tuska, connaît une belle ascension ces dernières années. Vêtus de peaux de bêtes, casques vikings et autres atours guerriers, Eihwar occupe pleinement l’espace.
Les incantations chamaniques d’Arsunn nous aident à redescendre en douceur après une journée riche en émotions, et nous accompagnent paisiblement jusqu’au camping…

…Enfin, paisiblement… jusqu’à arriver au camping !
Eh oui, s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas retirer aux festivals français, c’est l’ambiance camping garantie !
On connaissait le légendaire « brutal caddie » du Hellfest… mais est-ce que tu connais le « brutal/crash poubelle » du Plane’R ?
Pas de panique si tu ne vois pas de quoi on parle, on a testé pour toi !
Le principe est simple : en haut d’une pente, on aligne un max de grands conteneurs. Un candidat grimpe sur son « chariot de compet' », et au top départ : poussé par ses potes, chaque convoi dévale la pente en essayant de rester assis jusqu’à la ligne d’arrivée. On a dit que c’était simple, pas intelligent ! Jusque là, on pensait que le « brutal caddie » était déjà bien bourrin, mais là… difficile de dire lequel est le plus risqué. On s’est quand même bien marrer à regarder (et à tester, parce qu’on est aussi un peu des oufs chez Daily Rock), mais c’est l’heure de se reposer pour le Jour 2 !
Texte : Hiromi Berridge, Floriane Piermay
Photos : Floriane Piermay
MERCI Plane’R festival ! <3
























