Je ne vais pas vous faire l’affront de vous présenter David Gilmour. Une légende du rock, ni plus ni moins. Forcément, l’annonce de cette tournée française et en particulier de cette soirée à Chantilly (date la plus proche de Paris) m’a enthousiasmé et j’ai pris mon ticket sans hésiter.
Malgré la communication un peu limitée de GDP sur les détails de l’organisation et des solutions de transport proposées (aller à Chantilly depuis Paris sans voiture n’est pas chose aisée), c’est vers 17h que nous prenons la navette pour arriver près du château vers 17h45, et voir, de l’extérieur, la scène, et profiter des balances de monsieur Gilmour, l’occasion de constater que le son sera quoiqu’il arrive excellent (et que Rattle That Lock sonne bien !).
Malheureusement, les récents événements de Nice ont conduit l’organisation à renforcer les fouilles, ayant pour effet de les rallonger considérablement. La conséquence, c’est que la file d’attente pour rentrer sur le site est massive, et que sur l’accès que j’ai choisi (il me semble qu’il y en avait 2 en tout), un goulot fort désagréable se crée, goulot dans lequel on peut rester assez longtemps, disons 30 minutes pour ma part. Une dame juste devant nous fera un malaise, pas aidée non plus par le soleil qui tape fort en cette fin d’après-midi. Résultat, plus d’une heure pour rentrer.
Une fois cette épreuve passée, la récompense est là : le château, majestueux, est à notre gauche, et la scène est face à nous, un peu plus loin. L’affluence est apparemment maximale, puisque, selon les sources qui annoncent de 22 à 24 000 personnes, la soirée est sold out.
La rentrée assez lente de la foule contraint ainsi l’organisation à décaler le concert de 45 minutes, il commencera donc à 21h45. Peu avant le début, une speakerine annonce que suivant la volonté de l’organisation et de l’artiste, une minute de silence sera observée à la mémoire des victimes de l’attaque de Nice. Minute de silence qui sera respectée de manière exemplaire, un vrai moment de recueillement.
Gilmour rentre ensuite sur scène, tout simplement, accompagné de son band et en saluant la foule, avant d’entamer Rattle That Lock, chanson qui me plaît moyennement sur disque (le jingle SNCF me rappelant plus de mauvais souvenirs de retards que de bons moments), mais qui est ici agréable, bien catchy, et comme on pouvait s’y attendre, servie par un son fort juste comme il faut, et parfaitement équilibré, tout simplement un des meilleurs que j’aie pu entendre sur scène. David a par contre quelques problèmes avec sa Telecaster, qui semble ne plus vouloir crier,  et nous expliquera après que « la guitare c’est très vieux, comme moi ! ». Son tech guitares corrigera le tir par la suite et ramènera ce sublime bout de bois à la vie. L’enchaînement avec Faces of Stone est habile et la chanson passe là aussi très bien le cap de la scène. S’en suit What Do You Want From Me, première cover des Pink Floyd, qui réveille ceux qui étaient toujours un peu endormis, avant The Blue, sublime morceau extrait d’On an Island.
Le premier moment de grâce intervient clairement à ce moment-là : The Great Gig In The Sky, magistralement interprétée. Quelle baffe, un morceau tellement mythique ! S’en suit A Boat Lies Waiting, un peu plus anecdotique, avant l’enchaînement Wish You Were Here, repris par un public conquis, servi par un son de guitares magnifique (ce riff d’intro, quel frisson !) puis Money, et un solo complètement fou du maître de la strat. On est dans le vif du sujet, subjugués, hors du temps, captivés par la musique tellement à la fois simple et complexe de l’ex Floyd.
La suite n’en est pas moins captivante. En effet, In Any Tongue est, pour moi, la pièce la plus intéressante du dernier disque, et cette fin avec un soli tellement Gilmourien, gavé de Muff et de Delay, captive l’audience sans mal. Quel feeling !
Après une chanson aussi épique, le meilleur moyen de conserver l’attention du public, c’est de continuer avec une chanson encore plus épique : High Hopes ! Très honnêtement, je ne suis pas un grand fan des Pink Floyd early years, psyché, ce que j’aime dans ce groupe c’est ce genre de « masterpieces », matures, parfaites aussi bien d’un point de vue composition que d’un point de vue intrumental. High Hopes est donc en toute logique dans mon panthéon Floydien, et repenser à cette interprétation quelques jours après me donne encore des frissons. Tout est parfait. Le public est calme et concentré, le soli de lapsteel fend la nuit, et la chanson est magnifiée par le cadre sublime. Un grand moment.
Comme lors du changement entre le disque 1 et le disque 2 du show The Wall de Roger Waters, un entracte d’un quart d’heure permet aux musiciens de se reposer (c’est mieux qu’un solo de batterie chiant à mourir comme le font de nombreux groupes – OZZYYYYYY !!! – et ça permet aux gens d’aller boire un coup sans rien manquer du show). En débriefant cette première heure et quart, on peut en tout cas dire que David Gilmour a réalisé la première mi-temps parfaite !
Le retour des musiciens se fait sur One Of These Days, qui ne permet donc pas de round d’observation : un titre complexe, profond, multi-étagé, encore une fois parfaitement joué par un groupe concentré. On a ensuite droit au gros morceau de ce concert : Shine On You Crazy Diamond ! Quel moment ! L’introduction avec les nappes de synthé, ces quatre notes de guitare qui résonnent dans la nuit, cette foule qui chante à l’unisson les paroles du morceau : tout est parfait, la chair de poule est collective… C’est pour ce genre de moments qu’on va voir des concerts. Après ce morceau de bravoure, on aurait pu craindre une baisse de régime mais il n’en est rien puisque c’est Fat Old Sun qui est jouée, et, au risque de me répéter, tout est parfait. Mention spéciale à la seconde partie, le soli électrique du maître, un modèle du genre. L’enchaînement Coming Back To Life / On an Island tape également fort, les deux chansons étant assez populaires. Cette dernière marque d’ailleurs le début d’une partie du show consacrée à la carrière solo de Gilmour, avec ensuite The Girl In The Yellow Dress, pas fantastique mais l’occasion de voir Gilmour sortir sa Les Paul Goldtop avec Bigsby, tandis que son guitariste joue sur une Les Paul Custom Black Beauty – qu’est-ce que c’est beau – puis Today, qui marche assez bien avec son riff assez catchy et son refrain assez planant.
La fin du set approche, avec tout d’abord Sorrow, superbement exécutée (encore une fois, quel son de guitare !) puis un fantastique Run Like Hell qui voit David jouer l’intro seul au milieu de lights déconseillés aux épileptiques, avant de partager notamment les vocals avec son claviériste. Les superlatifs manquent, quelle superbe performance !
Après un bref moment d’absence des musiciens (ce vieux truc, « naaaannnnn sérieux, ils vont faire un rappel ??? »), pas le temps de niaiser, trois titres, trois tubes, trois morceaux emblématiques de la carrière d’un des plus grands groupes de tous les temps, ni plus ni moins. D’abord Time, bien sûr, et l’enchaînement avec Breathe, qui nous glace le sang, puis, enfin Comfortably Numb, morceau qui a valu à Gilmour d’innombrables présences dans des classements de meilleurs soli de tous les temps. Il y a probablement une raison. Les lights sont somptueux, des lasers transperçant la nuit au-dessus de la foule, pendant que Gilmour fait, une ultime fois, crier sa guitare.
Que dire ??? Je ne sais pas. Je ne suis pas le plus grand fan ni connaisseur de Pink Floyd qui soit, mais ce soir, c’était plus qu’un simple show, une performance dont je me souviendrai pendant longtemps (comme The Wall que j’ai pu voir en 2010 à Montréal, et qui est toujours dans mon esprit une référence absolue). Les raisons sont simples et multiples : un cadre enchanteur, une sonorisation parfaite, des lights sublimes, une prouesse musicale et instrumentale exceptionnelle, et une setlist sans faute.
On passera sur la sortie pénible du site, puis sur notre chauffeur de bus qui s’est perdu pour rejoindre l’autoroute vers Paris, avant de conduire un peu salement durant le reste du trajet, l’essentiel était ailleurs : la musique ! Et là-dessus, cette soirée fera date !
Je ne peux que vous inciter à jeter un oeil au Facebook de Mister Gilmour pour voir les photos officielles, superbes témoignages de cette soirée : https://www.facebook.com/davidgilmour/photos/?tab=album&album_id=10155025202008574

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