Le spectacle multidisciplinaire Pub Royal, forgé à partir de l’œuvre des Cowboys Fringants, débutait cette semaine au Théâtre Maisonneuve de la Place-des-Arts de Montréal après quelques représentations dans la ville de Québec. Le spectacle que l’on présente comme une comédie musicale intègre d’importants éléments de l’art du cirque. Les chanteurs-danseurs sont aussi acrobates et c’est principalement ce qu’on en retiendra. Ce qu’on en retiendra aussi c’est que tout est permis. Le Pub Royal c’est le lieu de tous les possibles, hors des choses, hors du temps.

Le narratif, pour sa part, peut-être un peu difficile à suivre malgré sa simplicité. Le récit s’inscrit quelque part entre The Matrix et The Truman Show, alors que le personnage principal, le courtier d’assurance Jonathan, se retrouve, suite à un accident de voiture plus violent qu’il ne le croyait, à entrer au Pub Royal pour y appeler une remorqueuse. Il apprendra plutôt que le lieu dans lequel il se trouve est créé par ordinateur et y réunit plusieurs comateux reliés entre-eux par un système informatique. Au fond la trame de fond finie par être complètement secondaire. L’histoire n’est qu’un prétexte pour y présenter plusieurs tableaux souvent bien distincts les uns des autres, avec des styles, des interprètes et des messages différents. La cohérence est loin d’être parfaite mais réellement ça ne dérange personne. Pub Royal est suffisamment impressionnant par ses numéros pour détourner l’attention du spectateur qui cherche à affubler un sens précis à ce dont il est témoin. En résumé, l’histoire tente de mettre en scène les problématiques du peuple, chacun pris à sa manière dans un cercle vicieux comme « un robot sur une chaîne de montage» avec « le bonheur qui griche ». On nous encourage plutôt à nous mettre en danger, à éviter les regrets, à vivre pleinement et simplement quoi. À avoir du fun…

Les puristes et fans de longue date auront probablement été un peu déçus de ne pas y retrouver davantage de pièces du répertoire des Cowboys pré-Grand-Messe. Rien au sujet du chum Rémi, rien au sujet de « la tête à Papineau », rien sur le gars de la compagnie ou autres personnages marquants avant Loulou Lapierre. Évidemment, l’oeuvre des Cowboys est vaste et on ne pouvait pas tout intégrer au spectacle, on ne doute aucunement que des choix crève-cœurs ont dû être faits. Malgré tout, chacun des tableaux est puissant, profondément percutant, parfois inspirant. Les réarrangements ont été peaufinés avec un grand respect de l’oeuvre originale. Les chanteurs possèdent tous des voix puissantes et complémentaires assurant une belle cohésion. On rit, surtout. Alors que le thème navigue sur les voies du tragique, de nombreux passages remplis de grosses jokes bien grasses se succèdent assez régulièrement afin d’éviter de plonger le spectateur dans la brume du défaitisme, du pessimisme et de la léthargie. D’une certaine manière, c’est un appel à l’action.

Pub Royal ne révolutionnera peut-être pas le style qu’est la comédie musicale, mais le spectacle est franchement bien foutu, intéressant et captivant. Les non-fans de la musique du groupe pourront tout de même y trouver leur compte sans comprendre la plupart des référents, ils resteront éblouis par la mise en scène et la vitesse de l’action.

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