Après avoir voyagé sur les routes du monde en compagnie de ‘Walter Mitty’, la douce caravane de Junip accoste sur les côtes genevoises le temps d’un concert à la Bâtie. Un groupe métissé au timbre hivernal que nous rencontrons au sein du splendide Théâtre du Casino, en compagnie du chanteur José et du claviériste Tobias.
Quel étrange nom pour un groupe, Junip.
C’est Elias, le batteur qui a trouvé le nom. Qu’on s’entende, ça ne veut rien dire du tout. Il y a des jolies lettres, il ressort bien quand on le voit écrit quelque part. En Suédois également, le mois de juin se dit ‘Juni’, sans le P. Voilà, ça sonne bien.
Comment se passe la scène musicale suédoise ?
Nous n’avons pas beaucoup joué tant en Suède ; de temps en temps, un festival ou dans un vieux club de rock. Ça a été bien plus facile pour nous de tourner en dehors du pays, car jouer en Suède est plus difficile en général. Nous sommes également en quelque sorte des étrangers là-bas. Peut-être que la musique que nous jouons ne colle pas avec les mœurs locales, qui sait ! Je pense que si nous arrangions un peu nos musiques en live, si je parlais un peu plus au public, ça ira mieux. Mais pour l’instant, nous préférons jouer dans un contexte calme, dans des salles à cinq cents personnes maximum. Nous suivrons ce concept, afin de ne pas devenir ce genre de groupe qu’on invite aux mariages pour divertir la foule.
Parlant de voyage, vous avez créé la bande originale du film ‘La vie rêvée de Walter Mitty’. Comment a débuté cette aventure ?
Ben Stiller était en train de filmer une scène en Islande lorsqu’il a entendu une de nos chansons, ‘Without You’. Il nous a contacté aussitôt pour nous proposer de faire la musique du film. C’est notre première expérience dans le genre, et nous le referons volontiers, même si cela prend beaucoup de temps. Il faut en effet créer de nouvelles musiques qui coïncident bien avec le film, c’est tout un programme.
Ben Stiller vous a-t-il laissé carte blanche ?
Pour le début oui, en tout cas. Il était très ouvert. Mais le film était déjà pratiquement fini lorsque nous sommes arrivés, il a donc fallu faire face à des timing très serrés et à certaines restrictions temporelles, comme par exemple pour des petites scènes d’une minute trente. Pour quelques chansons également, il avait une idée très précise à quoi elle devait ressembler. C’était à nous de faire le boulot afin que tout le monde soit content, ce qui explique les différents styles des chansons, passant des ritournelles calmes à la guitare sèche aux chants bien plus pop pour la promotion du film.
Et le résultat vous plaît ?
José : Oui, super !
Tobias : Je ne l’ai toujours pas vu. Honte à moi, j’ai dû donner mes billets à ma femme. Mais un jour, peut-être, en Blu-Ray.
Quel est votre relation avec la musique, José?
Quelle jolie question ouverte. Pour moi, il s’agit beaucoup de sens humain. C’est intéressant de penser la musique comme une sorte de son, d’identité culturelle, de liberté. Il y a tellement d’aspects différents. La façon dont je touche à la musique dépend beaucoup de l’humeur. Si je veux sortir, j’écoute quelque chose de très rythmique par exemple. C’est un outil pour moi que j’utiliserai toute ma vie durant. Avoir une écoute très pratique de la musique, écouter de la musique en club ou à un festival, entouré de gens, c’est toujours un phénomène passionnant.
On t’envoie sur une île déserte. Quel album prendrais-tu avec toi ?
José : Je pourrai l’écouter n’est-ce pas ? Eh bien, la B.O. de ‘The Book of Mormon’.
Tobias: Peut-être un album de Black Sabbath, comme Vol.4.
José: Finalement, je pense prendre ma guitare. Je peux changer ?
Photo : Johanna Hedborg