Nos colonnes s’étaient fait l’écho de cet événement majeur : la venue du Deathcrusher Tour à l’Usine de Genève. Les bourrins et autres amateurs de sensations métalliques avaient rappliqué de loin pour se taper cette énorme affiche qui promettait un énorme envoi de bois dans la salle genevoise.

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Les festivités débutaient très tôt puisque la formation régionale – enfin c’est des Valaisans – Herod débutait son show à dix-huit heure trente tapante. Devant un public clairsemé (ce qui ne sera pas le cas toute la soirée), le groupe originaire d’entre les montages et le Lac de Genève a envoyé du lourd en proposant un show moins visuel qu’à l’accoutumé (pas de contrôleur de lights aux pieds du chanteur). David, le frontman de l’équipe, a assuré une prestation impeccable (il a même passé la panosse durant son très propre concert). Le public qui avait fait le déplacement pour ce groupe était aux anges après les vingt minutes accordées à nos compatriotes qui peuvent s’enorgueillir de faire partir de la caravane Deathcrusher sur l’entier de la tournée.

Après cette mise en bouche, c’est les Canadiens de Voivod qui prennent place sur la scène de PTR. Précurseur du thrash (ou de ses dérivés), ces francophones n’ont jamais bénéficié du succès public qui leur revenait sauf durant l’épisode Newsted qui vit l’ex-bassiste de Metallica rejoindre le groupe de Jonquière. Pour ma part, j’ai été transcendé en entendant leur titre auquel va ma préférence : ‘Tribal Convictions’ (c’est sur ‘Dimension Hatröss’ sorti il y a presque vingt piges si jamais ça vous intéresse). Le reste du show a mélangé du vieux et du récent, dont ‘Forever Mountain’ le titre issu du split sorti avec Napalm Death il y a très peu. Le set de ces vétérans de la scène metal a été balancé de manière très punk et malheureusement le chant n’a pas toujours été au top. C’est pour cette raison, en plus de la méconnaissance de ce groupe de la part d’une grande partie du public, que nous devons certainement assister à un regroupement important en fond de salle où ça profitait de discuter plutôt que d’écouter la fanfare en action. Dommage ? Oui et non, la soirée était loin d’être terminée et ça fait toujours plaisir de croiser des connaissances ayant fait le déplacement à Genève.

Les choses se compliquent avec la bande de Barney : l’annulation de la date en Suisse alémanique a drainé du monde à l’Usine et il devient difficile de circuler alors que Napalm Death entame son set. Même si les Britanniques ont déjà joué en ces lieux il y a moins d’un an, le public se presse pour assister à sa prestations comme d’habitude remarquable ! Ces autres légendes vivantes de la mouvance qui envoie grave du bois ont interprété des compositions anciennes (que du bonheur) ainsi que quelques titres plus récents tapant aussi dans leur nouvelle plaque ‘Apex Predator’. Pas capté la reprise des Dead Kennedys pour ponctuer la prestation qui a été jouée me souffle-t-on dans l’oreillette gauche (peut-être avais-je omis de retirer un coton-tige de mes cages à miel ce matin-là ; avec toutes mes excuses), mais une dynamique d’enfer qui a roulé sur la foule compacte tel un rouleau compresseur : c’est ce que nous voulions ; nous avons été gâtés !

Un changeover rapide et voilà l’avant-dernière sensation de la soirée : les Floridiens mythique d’Obituary ; une légende du death metal original ! Je les avais trouvé très en forme l’été dernier et c’est dans le même état que je les ai retrouvé à Genève. Un gros instru pour faire monter la pression devant une projection de leur logo sur le backdrop de Carcass, puisqu’ils n’en ont pas, puis l’arrivée du deuxième Tardy sur scène et c’est parti pour un envoi de bûches de quarante minutes. L’auditoire est à fond avec ce groupe un peu à part dans la galaxie death qui a fait parlé la poudre en alignant ses hits dont ‘Don’t Care’ ou ‘Slowly We Rot’. Du grand art une nouvelle fois.

Pas le temps de fumer – ou presque – que déjà débarque le dernier acte de la soirée : Carcass. C’est donc une légende de plus qui foule la scène afin de nous finir correctement. Ce groupe – qui se mit en inactivité à plusieurs reprises – fait partie des précurseurs des musiques extrêmes et c’est un déferlement de blast qui a rugit dans la sono. Le magma sonore servi à un public très nombreux pour ce set est rehaussé d’une dimension technique de haut vol. Les lights (la présence de clones de R2D2 sur scène n’y est pas étrangère) ont très clairement contribué à ce spectacle très intensifs. J’attendais un concert beaucoup plus barré, mais leur mix de death et de groove rock’n’roll a été plutôt sympathique au final.

A à peine onze heures passée, les amplis regagnent leurs écrins et la foule se dissémine dans la nuit genevoise après une soirée de grande classe consacrée au metal pas nécessairement le plus abordable. Un show appréciable avec un public au top – comme d’habitude – dans un lieu d’expression et de création culturelles à qui certains cherchent des poux pour des raisons à mille années lumières de l’art. Il est temps de soutenir notre culture comme l’a fait jadis Winston Churchill en ne la sacrifiant pas sur l’hôtel du budget de l’effort de guerre.

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