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ENTREVUE AVEC PARULINE : QUAND 2026 LUI CHANTE SES BONS PRÉSAGES

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Pour Charles Labrèche, alias Paruline, l’année 2025 aura marqué un jalon important dans son parcours artistique. L’artiste indie-trad livrait son premier album « À ceux qui veillent » le 17 octobre dernier, une œuvre qualifiable de porte d’entrée vers notre patrimoine vivant pour sa capacité exceptionnelle à actualiser la musique traditionnelle avec les codes du rock alternatif. Le Daily Rock Québec s’est entretenu avec l’auteur-compositeur-interprète au café-disquaire 180g, situé dans Rosemont – La-Petite-Patrie. L’entrevue visait à élaborer l’aspect scénique de son projet musical, et à découvrir davantage l’homme derrière ce talent multidisciplinaire.

D’un rendez-vous à un autre, le Drummondvillois profite de notre rencontre pour rentabiliser sa visite dans la métropole. Paruline venait tout juste de terminer une répétition avec Héron, le projet néo-folklorique d’Henri Kinkead, dans lequel il est désigné violoneux remplaçant.

Tailler sa place dans un milieu dit de niche

La discussion à peine entamée, l’artiste soulevait un point qu’il a maintes fois défendu dans les médias, celui d’une perception répandue envers la musique traditionnelle; cette idée préconçue que les musiciens trad ne font qu’interpréter le répertoire du passé. Ce dernier maintient que « c’est quelque chose qui évolue constamment » et continue à défaire cette croyance : « Je le dis souvent […] C’est un genre qui est aussi actuel que tous les autres, selon moi. Et, en plus, dans la pluralité des démarches, il y en a qui sont plus puristes, oui, mais il y en a qui fusionnent davantage de styles. Ça dépend d’un artiste à l’autre. »

Sa propre démarche artistique, aussi éclectique soit-elle, résonne plutôt bien dans le milieu musical, autant dans ladite communauté trad que dans les communautés pop : « Il y a même de vieux puristes de l’époque de La Bottine souriante qui aiment le projet. Ça m’a étonné, mais, en même temps, ce sont tous des gens qui étaient actifs dans les années 1970. À cette époque, le folk était aussi très populaire. Ça les a peut-être rejoints de cette manière-là. Ils ont peut-être reconnu dans Paruline l’époque d’Harmonium et de Beau Dommage. »

Si son projet continue de gagner le respect de ses pairs et de son entourage professionnel, Charles Labrèche demeure lucide. Il est conscient que sa proposition musicale singulière s’expose à plusieurs défis reliés à la promotion du projet. Pas assez trad d’un côté, trop trad de l’autre; l’artiste doit jongler avec cette ambiguïté auprès des diffuseurs, mais il se rassure : « Au moins jusqu’à maintenant, dans mon cas, on a quand même des shows, moins que je le voudrais, je vois quand même qu’il y a une bonne réception des médias et de l’écosystème musical. Ça me prouve que le projet est légitime dans sa démarche. »

Grandir d’une branche à l’autre

Parlant de spectacle; Charles Labrèche sourit lorsqu’on lui évoque le lancement de l’album du 24 octobre dernier, au Ministère. Il se souvient d’une salle remplie par un public chaleureux composé en partie d’anciens collègues de Mackinaw, qu’il considère comme sa deuxième famille. Ce fut un moment significatif pour Paruline, dont l’aventure scénique a officiellement commencé au printemps 2024 lors de sa participation à la 28e édition des Francouvertes, quelques jours seulement après la parution de sa première chanson « Théophile ». Il compare ces deux évènements : « Il y a beaucoup de choses qui ont évolué depuis entre ces deux shows. Aux Francouvertes, c’était la première fois qu’on montait sur la scène en tant que Paruline. Tout était à faire », affirme-t-il humblement.

Encouragé par cette expérience enrichissante, et les commentaires positifs de la critique, Labrèche ne ménage pas ses efforts. Il finalise son premier album réalisé par Thierry Clouette, donne quelques concerts, et prépare un tout nouveau spectacle en compagnie de la metteuse en scène Delphine Verroneau et de Nikolas Benoit Ratelle à la sonorisation. Le lancement a prouvé que cette nouvelle mise en scène « était efficace, qu’elle fonctionnait et que la réception du public était bonne. »

Lorsqu’il se remémore de tout le chemin parcouru depuis un an et demi, les choses ont vite évoluées, selon lui : « C’est fou ce qu’un album peut faire! » s’exclame-t-il doucement.

Mettre en valeur le patrimoine vivant

Véritable passionné du folklore, le bachelier en sciences historiques et études patrimoniales, concentration ethnologie, à l’Université Laval, s’est bâti un corpus de connaissances, composé de légendes et de pièces traditionnelles, qui peuvent être, notamment, destiné à la transmission. Ainsi, une option médiation figure parmi ses différentes formules de spectacle : « Pour la musique traditionnelle, ça se prête bien aussi parce qu’il y a beaucoup de choses à raconter en amont de chaque pièce […] c’est pour s’éloigner des salles de spectacles habituelles et aller dans des contextes scolaires, des bibliothèques, des centres communautaires, etc. », précise-t-il en avouant ne pas avoir assez développé l’option formellement parlant, faute de temps. Il relance : « C’est le genre de formule qui peut se faire à effectif réduit sur scène. »

En revanche, l’option en formule duo est prête depuis peu. Conçue en version guitare-violon-voix avec Gabriel Vincent-Beaudoin, un ami violoniste de Drummondville, elle a été testée lors de la tournée Trad Tournante Gaspésie à la fin novembre dernier. Selon lui, elle est intéressante « […] pour ouvrir davantage de possibilités de prestations […] pour s’adapter à divers contextes […] On peut à la fois faire les tounes de Paruline et ce que n’importe quel autre musicien trad peut faire dans un contrat », ajoute-t-il.

On vient tous de quelque part

Lorsqu’il est question de l’Ensemble folkorique Mackinaw, notre invité devient un livre ouvert. C’est là où tout a commencé pour le jeune Charles Labrèche. Il intègre la troupe de danse à l’âge de huit ans, après l’avoir découvert au Mondial des cultures, festival folklorique de renommée internationale à Drummondville, qui n’existe plus depuis 2017.

Danseur durant l’enfance et l’adolescence, Labrèche s’est rendu jusqu’à la troupe la plus élevée de l’équipe de spectacle. Au sein de Mackinaw, il a eu la chance d’effectuer divers contrats corporatifs et même de survoler l’Europe dans plusieurs festivals dédiés à cette discipline artistique. Il s’est investi continuellement jusqu’à l’année dernière : « C’est un loisir qui est très particulier. Je n’en connais pas d’autres qui ressemblent à celui-là […] Je le compare vraiment à une équipe sportive, autant pour l’implication que la chimie de groupe qui se développe à travers ça », explique celui dont les amitiés créées dans ce contexte s’avèrent plus fortes que celles créées à l’école.

Un parcours artistique enraciné dans son héritage

Et si Charles Labrèche, l’artiste, était la résultante de son environnement socioculturel? L’homme de 25 ans le confirme : « Drummondville, c’est quand même un terrain fertile pour les arts traditionnels. » Son implication ininterrompue le démontre : « Ça ne m’a jamais passé par la tête d’arrêter. J’ai eu la chance de grandir dans un milieu où c’était vraiment bien perçu. Oui, il y avait des préjugés, mais ce n’était pas pire que n’importe quelles autres choses. On parlait du secondaire […] J’ai eu la chance d’être respecté pour ce que je faisais. Surtout, c’était à l’époque où le Mondial des cultures avait lieu, et c’était vraiment de bonne renommée »

Et cette passion a évolué à travers le temps. Elle se limitait à la danse jusqu’à l’été de sa première année du Cégep, où il est engagé comme musicien au Village d’antan de Drummondville. Cet emploi changera complètement sa perception de l’univers autour de la musique traditionnelle. Il s’y intéresse plus en profondeur, cesse ses cours de piano classique pour bifurquer vers la guitare et le violon, puis le chant viendra naturellement : « C’est une musique qui s’apprend à l’oreille », affirme le gigueur.

Titulaire d’une maîtrise en management des entreprises culturelles au HEC Montréal, l’artiste-entrepreneur nous en parle comme étant la genèse de Paruline : « Ça m’a donné beaucoup de balises intéressantes […] mon mémoire était sur Paruline, sur comment partir un projet musical avec une optique entrepreneuriale. Je faisais des parallèles avec des concepts entrepreneuriales versus mon projet musical » raconte celui qui, en parallèle à sa carrière musicale, est directeur général de l’école de musique À la portée des sons.

2026, année de bons présages?

Au moment où nous réalisions l’entrevue, Paruline était à quelques heures d’assister au GalArt, étant nominé pour le Prix du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) – Artiste de l’année au Centre-du-QuébecIl sera finalement le lauréat. En ce qui concerne l’avenir, l’artiste se dit plus motivé que jamais pour aller de l’avant. En janvier 2026, il s’envolera pour l’Écosse avec une délégation québécoise au prestigieux Showcase Scotland Expo dans le cadre du festival Celtic Connection à Glasgow. Agréablement surpris d’avoir été choisi, il avait modéré ses attentes en soumettant sa candidature : « […] quand tu vois les autres sélectionnés, ce sont GermaineLa DéferlanceÉ.T.ÉCécilia et Bon Débarras. Ce sont des groupes [plus purs]. Alors, que notre offre soit considérée, ça m’a fait plaisir. Ça prouve que Paruline a sa place sur la scène trad, même si on ne fait pas que du trad […] J’espère que ça va nous donner d’autres possibilités de diffusion, autant au Québec qu’à l’international. »

En effet, ce sera une occasion en or pour l’artiste indépendant de se distinguer, sa trajectoire s’étendant vers un horizon prospère. Et cette vitrine sera le coup d’envoi à 2026, année qui servira primordialement à promouvoir l’album : « […] que ce soit dans le cadre de spectacles, de festivals et d’activités. L’objectif, c’est que le fruit de notre travail puisse rejoindre le plus grand nombre de personnes », assure-t-il avec détermination.

L’album « À ceux qui veillent » est disponible en format CD sur sa page Bandcamp, ainsi que sur toutes les plateformes de musique en continu. Suivez Paruline dans ses aventures musicales via FacebookInstagram et TikTok.

Photo bannière : Pier-Luc Diamond

Photo du lancement : Sarah Rudge

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