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LA FÊTE SANGLANTE DE BIOHAZARD

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Il était une fois, il y a un jour quand même assez lointain où Rage Against the Machine débarquait au sommet des palmarès alternatifs, en 1992 précisément, avec une musique hybride entre rap et métal. Les deux clans qui s’affrontaient dans les cafétérias et les cours d’école de l’époque, les Poils et les Yo, avaient chacun l’impression d’avoir été trahis, qu’il s’agissait d’un sacrilège. Une ligne venait d’être franchie avec cette interconnexion inhabituelle de styles, et il ne s’agissait que d’un début. Une décennie de groupes oubliables allait tenter de marcher dans leurs pas sans jamais s’approcher un tant soit peu de la pertinence et de l’innovation de RATM. Mais ce qui donnait alors, en 1992, l’impression qu’un style complètement nouveau venait d’apparaître à L.A. était plutôt un mouvement déjà bien actif sur la côte Est américaine, avec des groupes beaucoup plus brutaux et sales. On décrivait alors la musique de RATM comme du rap métal, alors qu’on aurait peut-être davantage dû parler de rap alternatif avec du criage, mais certains s’aventuraient à décrire Killing in the Name of comme du rap core, alors que ça ne pouvait pas être plus faux. Je plaide coupable.

Biohazard était là bien avant la mode des t-shirts de Che Guevara… et après aussi.

Hier, le Théâtre Beanfield fut le lieu d’un carnage sonore d’une férocité impressionnante. C’est avec Shades of Grey, pièce de leur premier album de 1989, que le groupe entame un spectacle absolument sanglant. Dès la fin du morceau, le guitariste Billy Graziadei glisse, perd pied et se fracasse, pour ne pas dire « se décâlisse », la tête sur le coin de la scène d’où se surélève la batterie. Quelques longues secondes ont été nécessaires avant de le voir se relever, et pendant un instant plusieurs ont cru à un grave accident qui viendrait empêcher la tenue du concert, ou pire, qui aurait entraîné mort d’homme. Au final, le guitariste s’est remis d’aplomb hors scène avant de revenir avec un t-shirt blanc déjà bien ensanglanté et qui allait continuer à s’imbiber de sang, une goutte à la fois, tout au long de la soirée. Les classiques du groupe se sont enchaînés comme si de rien n’était jusqu’à l’intégration de nouvelles pièces absolument réussies, tirées de leur plus récent effort Divided We Fall, paru un peu plus tôt cette année. La pièce Judgement Night, enregistrée pour le film du même titre en 1993, assurément leur chanson ayant obtenu la meilleure visibilité durant leur carrière, a été un moment percutant où la foule s’en est donnée à cœur joie dans un circle pit aussi intense qu’à l’époque.

Un deuxième accident : le guitariste Bobby Hambel a aussi sacré le camp par terre pendant le nouveau morceau Forsaken, cette fois avec beaucoup moins de conséquences. Preuve de l’intensité des performers sur scène, qui prend tellement de place qu’on en oublie même de remarquer l’absence de projections, de jeux de lumière préprogrammés ou de décor quelconque. Outre les deux bannières latérales à l’effigie de la couverture de l’album State of the World Address, il n’y a rien sur scène pour attirer l’œil des spectateurs, autres que les musiciens. Les bannières latérales, en fait, servent à camoufler les amis qui viennent chanter les chœurs pendant les refrains. Pourquoi utiliser des pistes préenregistrées et autres technologies sans âme alors que l’on peut remplir l’autobus de tournée de quatre ou cinq chums supplémentaires pour venir mettre le feu aux scènes ?

Biohazard a donné un spectacle pur. Propre aux conventions du style. Fidèle à ses racines et à ses fans. D’une grande classe. La classe supérieure.

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