Pour la deuxième année consécutive, le Rock The Lakes Festival se tient sur les hauts de Cudrefin face au lac de Neuchâtel, après deux premières éditions à Vallamand près du lac voisin de Morat. Le programme de cette journée du samedi 16 août 2025 ne compte pas moins de 14 groupes à l’affiche. Le soleil est au rendez-vous, comme le public. La journée s’annonce assez incroyable.
Premier groupe à ouvrir les feux, jamais la position la plus simple, surtout quand c’est encore l’heure du repas et que le thermomètre s’emballe. Mais il faut admettre que les suisses de Moments Of Madness ont ce qu’il faut pour lancer les festivités dans la bonne humeur. Ils sont contents d’être là et s’amusent même de quelques petits soucis techniques au début de leur set. Pas de doute, cela joue live et cela joue plutôt bien.

Avec deux scènes côte à côte, pas de temps mort, quand cela finit à droite, cela commence à gauche. Quel plaisir de retrouver les genevois de Cardiac en live. Une patate énorme et un set bien carré dans un décor type « vamos a la playa ». Le public les connaît et les apprécie, beaucoup d’enthousiasme dans la fosse, même si le premier wall of death sera un peu timide. Pour le cercle pit ensuite, pas de souci, le patron viendra lui même donner de sa personne dans le public pour soulever un peu de poussière mouillée par une petite averse bienvenue.

On appréciera la dédicace de Ricardo aux spectateurs qui manifestement n’écoutent pas la radio, avant de se reprendre et de rajouter sauf l’émission à Duja sur Couleur3. Il faut dire que le bougre est présent sur le site, donc si on veut partager un mojito avec lui après, c’est mieux d’éviter une crise du même nom. La journée est définitivement bien lancée.
Les Slovènes de Within Destruction embrayent sur la scène du Casino de Neuchâtel. Beaucoup d’engagement et ambiance festive, mais on change complètement de registre après Cardiac. Le public semble adhérer et s’amuser, c’est le principal.

Avec Rivers of Nihil, on est dans un death metal très technique qui oblige les musiciens à être pas mal statiques. C’est bien exécuté en revanche et le niveau est particulièrement élevé. La fosse se remplit bien malgré la chaleur. On est tous un peu assomés par le soleil et les riffs, heureusement la lance des pompiers est de sortie pour nous rafraichir.

Place au thrash, avec Warbringer, cela fait du bien pour la nuque. Les musiciens ont le sourire et s’en donnent à à cœur joie. Cela fait plaisir, c’est sympa à voir, avec des guitares mitraillettes. Manque que les ceintures à balles comme à l’époque.

Dans la palette du metal, il manquait bien entendu l’inévitable metalcore. Alors autant prendre un groupe qui maîtrise le sujet, avec Adept. Ma collègue est ravie de les voir, moi je découvre. Grosse voix et belle ambiance. Le chanteur propose que suite à cette confusion entre Suédois et Suisses, on se réunisse en Swedenland ou Switzerden. Décor sobre et set ultra carré.

Un nom étonnant, Kublai Khan Tx pour une nouvelle découverte (vous devez vous dire mais purée le mec il connaît rien en fait). Le chanteur est aussi baraqué que le batteur est tatoué. Enorme accent ricain, pour ne pas dire texan et très grosse voix. Evidemment, la musique du groupe joue la dessus avec un deuxième set de metalcore à la suite. C’est absolument monolitique, comme se faire écraser par un 110 tonnes qui roule à deux à l’heure, on sent bien passer et pas sûr qu’on se relève.

Mon ignorance prend fin avec Ensiferum, qui sont des visiteurs réguliers de notre pays, preuve en est, ils étaient en janvier dernier au Paganfest 2025 à Lausanne. Passer au folk metal maintenant n’est pas désagréable avec des musiciens qui s’amusent beaucoup sur scène, mais pas au détriment de la qualité du set, très mélodique et devant un public qui participe beaucoup. Après Cardiac, c’est le deuxième highlight de cette seconde journée.

The Halo Effect, le super groupe du death mélodique est attendu de pied ferme aussi sur la scène voisine. Le chanteur Mikael Stanne revient en habitué des lieux puisqu’il était là l’an dernier avec son groupe Dark Tranquility. Beaucoup d’ancien musiciens d’In Flames dans ce groupe, ce qui est un gage de qualité. Le son est vraiment bon et les musiciens semblent se régaler, nous aussi.

Lui aussi, il avait dû aimer son premier passage au Rock The Lakes, Udo Dirkschneider, la légendaire voix d’Accept. Le mec s’est fait un prénom et il veut se faire un nom aussi. Je ne suis pas sûr de savoir la différence entre ses deux groupes U.D.O. et Dirkschneider, surtout qu’il me semble que les musiciens sont les mêmes. Mais on ne va pas se plaindre, cela fait juste plus d’occasion d’entendre nos hymnes préférés du metal teuton. Cela commence d’emblée avec un Balls To The Walls rallongé en version karaoké. Presque l’impression de déjà être au rappel avec ce premier morceau, qui sera dur à égaler. Si l’album du même nom est mis en avant, quarantième anniversaire oblige, on aura bien entendu droit à des extraits des autres albums auquel Udo avait participé. Cela fait du bien aussi d’avoir un vrai set de heavy metal traditionnel, où cela joue moins vite et moins technique, tout en restant jouissif.

Autre groupe suisse à l’affiche, Eluveitie qui vient terminer sa tournée des festivals dans la peau du joker de luxe (ils ont été ajoutés en dernier à l’affiche). Le groupe vient de sortir un nouvel album, c’est d’ailleurs leur premier concert depuis que le disque est sorti et leur seul concert suisse avant la tournée d’octobre avec Arch Enemy. Dans une fumée épaisse qui nous empêche de voir ce qui se passe sur scène, sorte d’hommage au brouillard broyard que l’on connait bien dans le coin, le groupe au complet investit l’espace, enfin je crois, tellement on ne voit rien. Chrigel est au taquet en véritable chef de meute et n’hésite pas à balancer un nouveau morceau en offrande. Eluveitie sera également le premier groupe de la soirée à sortir la pyro, de quoi réchauffer encore peu cette nuit tropicale.

Et autant vous dire que Feuerschwanz a accepté sans hésitation de suréenchérir question pyro. Enormes flammes pour une belle ambiance festive. Peut-être le groupe que les enfants, drôlement nombreux, ont dû le plus aimer ce soir. Faut dire qu’entre chevaliers, sauvages et guerrières vikings, y’a de quoi en prendre plein les yeux, surtout avec les paupières qui ont disparu sous l’effet des flammes.

Assez drôle de voir que le groupe a bien enregistré le nom de Vallamand et nous le balance entre chaque morceau, mais là on est à Cudrefin les gars. Moins drôle en revanche d’avoir dû interrompre quelques minutes le set pour permettre aux secouristes d’aller aider une personne dans le public. Tous ces bons groupes présents dans le même estival permet de temps en temps d’avoir des interactions autrement que sur disque. Fabienne Erni d’Eluveitie a ainsi pu aller faire son duo sur ‘Bastard Von Asgard’, jolie suprise.

Avant-dernier groupe, au doux nom d’Absolut Emmental, surprise totale car la timetable leur accorde quelques minutes seulement avant Zeal & Ardor. Un chevelu aux lunettes de soleil d’un moniteur de ski se pointe sur scène avec une guitare au cou, suivi par un second guitariste. Cela balance quelques accords d’un petit groupe australien du nom d’AC/DC, mais personne n’est dupe, probablement à cause de l’accent fribourgeois. On a le boss du festival qui se fait un petit délire sur scène pour nous faire marrer, et surtout prendre la parole pour nous remercier d’être là et rendre hommage à Ozzy en nous laissant écouter un ‘Mama I’m Coming Home’ de circonstance (pour de vrai, ma maman m’attendait à la maison mais pour plus tard).

Derniers sur scène, Zeal & Ardor remet en marche la machine à fumée et renonce également à l’interrupteur, ce sera très sombre, mais pour du gospel black metal, cela semble bien naturel que cela se passe ainsi. La nuit du samedi se termine ainsi avec encore une formation suisse, qui nous montre qu’il y a une scène locale importante avec du niveau, ce qui est réjouissant.













































