12 ans après son passage mythique sur la Grand Scène du Paléo où il défiait les éléments déchaînés (trombes d’eau, tonnerre, éclairs, rafales de vent rabattant la pluie sur la scène), Neil Young nous revenait sur les bords du Léman pour l’un des concerts les plus attendus de cette 59ème édition du Montreux Jazz Festival. Histoire d’eau, une pluie persistante s’est abattue sur le public multigénérationnel pendant la majeure partie de la prestation de l’Ontarien.
Troisième venue à Montreux du « Loner », accompagné pour l’occasion par The Chrome Hearts, groupe de proches collaborateurs et fins musiciens : Micah Nelson (fils de Winnie – guitare, claviers), Spooner Oldham (claviers), Anthony Logerfo (batterie) et Corey McCormick (guitare basse). Image récurrente et saisissante lorsque Neil se tourne vers Micah et Corey, puis les rejoint pour former un cercle presque tribal dans des riffs et parties instrumentales d’une folle intensité.
Entrée de concert plutôt en douceur avec Neil à la guitare acoustique et harmonica sur le long ‘Ambulance Blues’ avant qu’il n’embrasse la fée électrique. Il est bien en voix, visiblement à l’aise, jeu énergique et puissant. Si d’aucuns en doutaient, à près de 80 ans (il les fêtera en novembre prochain) Neil Young est une légende vivante, bien vivante. On s’est régalé sur les classiques sublimes (le jouissif ‘Hey Hey, My My (Into the Black)’, le délicieux ‘Cinnamon Girl’ repris en chœur par le public, l’entraînant ‘Southern Man’).
Une version poignante de ‘The Needle and the Damage Done’ donnera des frissons aux fans imperméables à la pluie mais pas aux émotions quant au charmant ‘Harvest Moon’, il nous transportera une nuit d’été dans un champ de blé du Midwest sous la voûte céleste (jolie mise en scène avec un arrière-plan couvert d’étoiles). Le set finira en toute beauté avec l’intemporel ‘Old Man’ dont la poésie intimiste nous tire les larmes des yeux.
Deux heures de concert déjà, Neil peu bavard sur scène mais remerciant le public pour sa venue et déclarant son plaisir à jouer dans un si beau site. Nous aurons droit encore à deux très beaux rappels, ‘Throw Your Hatred Down’, manifeste pour la paix d’une brûlante actualité – la tournée de Neil ne s’appelle-t-elle pas ‘Love Earth World Tour ?’ – et cerise sur le gâteau, ‘Rockin’ in the Free World’, hymne à la puissance contagieuse qui fera chavirer les fans de la Scène du Lac. Toujours engagé dans diverses causes contemporaines, prenant autant de plaisir à jouer en live – en témoignent son large sourire et les regards complices avec ses musiciens -, Neil Young est un homme en marche qui n’est pas prêt de poser les armes et sa guitare.
Texte : Jean-Blaise JB Betrisey
Photos : Alex Pradervand
