C’est avec une légitime excitation que je me rends à Rock The lakes. Cette année nouvelle location : adieu Vallamand, bonjour Cudrefin ! Si le lieu varie, le décor reste magnifique et propice à la contemplation.
On ne va pas se mentir, l’accès au festival n’est pas des plus facile. On se retrouve dans de petites routes campagnardes, un peu à l’étroit, mais surtout à l’arrêt. Quant au parking à proprement parler, je risque de devoir écrire une chronique sur l’extraction des véhicules en cas de pluie. On verra ! Bref, tout ceci pour me construire une excuse pour ne pas toucher un mot sur les trois premiers groupes soit Vicious Rain, Avralize et Urne.
Les choses sérieuses commencent enfin !
C’est donc sur la scène de gauche que débute mon écoute de concerts. Diantre, j’ai omis de le préciser, mais oui, il y a deux scènes cette année en parallèle. Typée Wacken, cela permet des prestations quasiment non-stop, et c’est tant mieux pour nos cages à miel !
Bodysnatcher, nous offre un metal/deathcore de bonne facture. Il est vrai que dans ce style, il est compliqué d’innover et de se réinventer. Leurs morceaux s’inscrivent dans une mouvance et leur musique se veut cohérente et on jump comme il se doit. Un jump est en quelque sorte une levée de corps. Donc nous sommes dans le thème des Bodysnatcher ! On bascule sur la scène Casino pour All for Metal. La transition n’est pas simple, tant le style est à des années-lumière du show précédent. Là, on rentre dans un Heavy metal traditionnel, entre mâles alpha à la Manowar et riffs à la Hammerfall. Ce n’est pas ma tasse de vin chaud, mais le public répond présent aux hymnes du groupe germanique.
Être en festival, c’est aussi bouffer même quand on n’a pas faim. 16h30 pour des Ribs…Oui Madame et pourquoi pas d’abord ! C’est un goûter, comme les enfants ! Cette diététique sustentation à son terme, c’est Insomnium qui fait office de dessert. Les Finlandais officient dans un death metal de haute volée qu’il nous distille depuis 1997 et neuf albums au compteur. On croise de nombreux t-shirts à l’effigie du groupe, ce qui prouve le succès du combo. Mais il faut partir en milieu de set pour une bonne raison. Ma collègue Hiro et moi sommes conviés à une interview avec Amorphis. Quitter des Finlandais sur scène pour un Finlandais backstage…. Une entrevue avec Tomi Koivusaari qui s’est voulue conviviale et drôle. On le remercie donc pour sa bonhomie et son humour. Amaranthe. Connaissez-vous plus clivant comme groupe ? Aucune zone grise le concernant. On l’aime ou alors c’est diamétralement l’inverse. Je crois que cette étiquette n’est pas dans les manuels du petit métalleux, mais moi j’appelle cela du ‘ Dance floor Metal’. La structure des morceaux demeure toujours identique ! Un couplet voix clean, un couplet voix féminine puis un couplet screams. Ensuite refrain tous ensemble, bridge et ensuite fin. Leur musique est plutôt festive, mais somme toute un peu kitch. On passe un bon moment tout en se disant que leurs titres seraient parfaits aux prochains cours de spinning.
Présenter Exodus serait un affront…. Paul Baloff, Kirk Hammett, le monumental album Bonded by blood…etc…. Leur trash est une wagonnée de Big Four, mais sans en faire partie. De L’énergie à revendre, une mise en son pêchue et un Gary Holt survolté. Tel fut le menu proposé par les trasheurs californiens.
Peut-être qu’Amorphis a pris dans ses valises un peu d’humidité de l’un de leurs mille lacs, car la pluie fait son apparition. L’avant-toit de la régie m’est salutaire et fait son job. Ne plus bouger d’où je suis, telle sera ma devise. Le concert des Finlandais se voudra mélodique, progressif, atmosphérique.
Ils jouissent d’une mise en son impeccable et d’un bon jeu de lumières, quoi que parfois un peu sombre. Un show ultra plaisant. Il reste au groupe deux dates de festival, puis une semaine de vacances à la maison et ensuite départ pour le US tour. A leur retour…Enregistrement du nouvel album dont nous avons parlé avec Tomi un peu plus tôt. Joli programme.
Tête d’affiche pointue et efficace
Les Polonais de Behemoth en tête d’affiche ? Quelle merveilleuse idée de l’organisation ! Avec le combo de Gdansk c’est l’assurance d’un show grandiose. Début des hostilités au moyen d’un rideau blanc et d’un jeu d’ombres et de lumières. Puis les voilà qui apparaissent ! Superbe son, des musiciens ultra précis et un show millimétré. Le tout, pour notre plus grand plaisir ! Tout est cohérent et d’une fluidité sans pareil. La complexité des morceaux et de leurs arrangements prend encore plus son sens en live. Tout cet ensemble magnifié par une notion de la mise en scène qui fait office de leçon, ni plus ni moins. Rincé par 6 semaines de tournée, le groupe ne lâche rien. D’ailleurs, il semble même s’agacer du manque d’entrain du public cudrefinois. Behemoth nous lessive, nous ‘Broye’ et on en redemande ! Bravo et merci à Rock The Lakes de les avoir programmés. Si pointue soit-elle, cette tête d’affiche a su rassembler et probablement plaire aux non-avertis.
Retour à la voiture et au dodo. Rebelote demain sous une pluie de décibels… Uniquement ! Croisons les doigts !
Texte : Pierric Dayer
Photos : Alex Pradervand