Indifférent à la crise d’identité que traverse la synthwave, cette branche de la musique électronique fondant ses esthétiques sonores et visuelles sur les années 1980 (ou une vision fantasmée de celles-ci inspirée par la nostalgie), James Kent continue son chemin avec son projet Perturbator, jadis figure de proue du genre, en poursuivant l’exploration de nouveaux territoires, initiée avec son précédent disque. Les irréductibles qui n’auraient toujours pas le sentiment d’avoir fait le tour du genre se réjouiront des morceaux les plus punchy comme ‘Excess’ et ‘Death of the Soul’, respectivement enrichis des voix de Maniac 2121 et d’une mystérieuse Belial, que l’on soupçonne d’être l’épouse du bonhomme. Mais en fait, c’est lorsqu’il baisse le tempo – ‘Dethroned under a Funeral Haze’ et son rythme typiquement… funéraire – que ‘Lustful Sacraments’ étale le propos le plus intéressant. Les guitares obscurcies par une reverb métallique y prennent une ampleur nouvelle, sans parler des voix des guests qui finissent par déterrer définitivement Perturbator de sa niche musicale pour l’assimiler à groupe de néo-post-punk un peu goth. Si on ne doute pas une seule seconde de la sincérité de la démarche, qu’on devinait à l’abandon unilatéral sur la pochette des clichés rétros de la synthwave, on ressort de ce voyage noir et martial avec un sourire mi-figue mi-raisin, sans pouvoir dire si l’auditeur, aux attentes conditionnées par le sentiment que Perturbator tient son heure de gloire derrière lui, en porte la responsabilité, ou si c’est à l’inverse le caractère hybride de la démarche qui condamne à un demi-succès, dans l’une direction ou dans l’autre.

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Note : 3