Une soirée automnale entre atmosphérique et lourd
Il est 19h30, pas 19h45 comme annoncé (bon, tant pis pour les retardataires) quand les lumières orangées se posent sur la scène. Et là, tout de suite, ça colle. On pense à une fin d’après-midi d’automne, quand les arbres rougissent, que le soleil baisse mais qu’il réchauffe encore un peu la peau. Oui, exactement ça. Paatos, groupe suédois formé au tout début des années 2000, fait son entrée. Dans leur bagage : un mélange de rock progressif, psyché, parfois expérimental, parfois… euh… carrément imprévisible. Leur musique part dans tous les sens, comme une immense jam session entre musiciens qui se connaissent par cœur mais qui aiment aussi se perdre ensemble. Et c’est bien ça qui charme. La chanteuse, présence magnétique, alterne fragilité et puissance. Elle bouleverse lorsque, assise au bord de la scène, tête penchée, elle laisse ses musiciens déployer une longue trame instrumentale. Le morceau, interprété en suédois, est dédié à sa fille : un moment suspendu, intime. Le set dure 45 minutes, à mi-chemin entre l’expérimental et l’atmosphérique.
20h45. Changement d’ambiance, changement de poids. Opeth prend la scène. Depuis 1990, les Suédois (encore eux décidément !) ont redéfini les contours du metal progressif, entre death et atmosphérique, tout en conservant cette signature : une technique impeccable, une lourdeur maîtrisée, et ce contraste voix claire / gutturale qui fait leur réputation. Le chanteur, silhouette sombre coiffée d’un chapeau, reste muet durant les trois premiers morceaux, puis se livre avec humour. Anecdotes sur le Luxembourg (« déjà venu, mais sans souvenir »), après vérification, la dernière venue du groupe date 2016 à l’Atelier et avant ça, 2008. Il fait également des traits d’esprit sur le prix d’un taxi (60 €), et quelques confidences sur son état de santé… Sa verve contraste avec la gravité de certains morceaux, notamment ‘The Night and the Silent Water’, il explique que ce titre représente pour lui les années 90. « Une décennie pourrie » selon lui, mais ce morceau, dit-il, en capture parfaitement l’atmosphère suédoise de l’époque. Sa voix, d’une amplitude exceptionnelle, passe du guttural le plus profond à une clarté presque fragile, bouleversante. Le rappel est ludique, presque théâtral : débuts de morceaux enchaînés, ponctués de « Anything else ? », avant une dernière pièce qu’il présente avec dérision : « a little bit long, a little bit boring ». Ironie assumée pour un concert de deux heures, d’une intensité rare, oscillant entre gravité et légèreté.
Une soirée comme les saisons nordiques savent l’inspirer : l’automne lumineux de Paatos et l’hiver sombre et monumental d’Opeth. [A.P.]
Photos : @deadlysexycarl
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