29 juin 2017, Roskilde Festival

Roskilde – Jour 2

Première nuit passée dans le camping de luxe, au sec malgré la pluie, mais réveillés tôt par… le soleil ! La nuit tombe tard ici à cette période de l’année, mais le soleil se lève vers 4 heures du matin ! On se rendort difficilement et quelques heures plus tard, c’est parti pour la deuxième journée au Roskilde Festival !

Shame – I like you better when you’re not around

On en avait entendu parler lorsqu’ils avaient été programmés par le Prémices Festival de Lausanne qui les annonçait comme ‘une des choses les plus excitantes et tourneboulantes qui soit arrivée au rock anglais depuis deux ou trois ans’.

Tout juste la vingtaine, les cinq Anglais de Shame, un gang de Fender, débarquent avec leur nonchallence sur la scène du Pavillon. Il ne faut pas longtemps pour remarquer le regard du chanteur Charlie Steen qui suinte l’imprévisibilité. Dès les premières notes, il s’approche du bord de la scène, demande au public de s’avancer et décroche un bouton de sa chemise, puis saute derrière son micro pour faire entendre sa voix profonde qui fait d’emblée penser à Ian Curtis. La ressemblance ne s’arrête pas là puisqu’il semble ensuite se mettre à imiter la fameuse danse du leader de Joy Division en la reprenant à sa sauce. Il s’aventure dans la fosse entre la scène et le public, danse en perdant son jeans tout en alternant entre voix parlée, chant profond ou… profondément énervé ! Une fois remonté sur scène et la chanson terminée, il nous dit qu’il vient probablement de se tordre la cheville mais que “the show must go on” de son accent anglais.

Sorte de croisement entre Joy Divison et les Libertines, lignes de basse post punk, rythmiques saccadées, distortion et tension, le groupe se déchaine sur scène dans les moments les plus intenses, sautant et atterissant à genoux ou sur le dos, et on se retrouve étonné qu’aucune arcade sourcillière n’ait été ouverte par un manche de guitare ou de basse. A conseiller aux fans des Fat White Family et autres Palma Violets.

La cheville blessée du chanteur ne l’empechera pas de cracher de l’eau sur le public, retirer sa chemise en se caressant la poitrine après s’être aspergé de bière, embrasser le sécuritas devant lui sur la joue, et de redescendre vers le public, chanter en tenant la main d’un fan, se mettre debout en équilibre sur la barrière de sécurité et se jeter dans le public dans un slam avec son micro pour clore le set, déclenchant l’hystérie du public et quelques pogos. Et de hurler des refrains comme ‘I like you better when you’re not around’ !

On ne sait pas trop avec quels ingrédients exactement ils viennent de faire prendre la sauce, mais Shame est un groupe à suivre, dont vous entendrez parler à nouveau bientôt à coup sûr.

Comme on a pu le voir, l’énergie du débutant ne se conjuge pas toujours avec maladresse : Shame a su allier attitude destroy sans laisser de côté l’émotion.

 

Royal Blood – Are you drunk yet ?

Petit détour par la grande scène pour Royal Blood ! Une grande scène, ça veut dire qu’il faut la remplir, et à deux, c’est pas forcément évident ! Le chanteur débarque en chemise hawaïenne et lunettes à soleil, demande au public ‘Are you drunk yet?’ et le groupe en fait juste assez pour prouver qu’ils savent encore faire du bruit, du moins pour que ceux qui regrettent leur récent assouplissement de son soient satisfaits du live. Toutefois, pas besoin d’être bon public pour se laisser envahir par ces riffs groovy! Comment résister à des titres comme ‘Figure It Out’ ?

Oathbreaker – ‘Moi j’aime bien quand ça chie tu vois’

Le set commence a cappella (comme le dernier album), devant une foule qui peine à se taire, et laissant une voix de petite fille s’élever dans l’audience : ‘Moi j’aime bien quand ça chie tu vois!’. Pas besoin de le dire deux fois, parce que Oathbreaker, sans transition, passe aux choses sérieuses. Les curieux qui s’étaient approchés durant l’intro repartent bien vite.

Dans une interview à propos du dernier album, la chanteuse disait qu’elle avait eu du mal à choisir des singles à en extraire tellement l’album forme un tout. Et à l’écoute de celui-ci, on ne peut qu’être d’accord, les périodes d’accalmies étant nécessaires à amplifier la puissance des bourrasques qui suivent, et vice versa. Seulement, accalmie et audience, ça rime bien peu souvent avec silence… Pourquoi personne n’écrit jamais de chanson sur les gens qui parlent pendant les lives?

Ces ambiances tranquilles que le groupe sait installer n’ont pourtant rien de reposant, elles sont malsaines et mettent parfois mal à l’aise.

La chanteuse navigue entre voix claire et hurlée avec brio pour délivrer une émotion qui prend aux tripes et nous laisse le souffle coupé, si bien qu’on a à peine le temps de réagir lors des rares pauses entre les chansons pour applaudire. Elle crie ses paroles comme des incantations furieuses, cheveux devant le visage et dans sa longue robe ample.

Un show qu’on pourrait aisément qualifier de cathartique: quand toute cette violence se tait, le vide qu’elle crée dans nos oreilles nous laisse planer, comme purgés. Jamais avant je n’aurais cru pouvoir me sentir à la fois paisible tout en étant assaillie de telles déflagrations sonores.

Author & Punisher : Only homemade electronic instruments

Au début de sa prestation, un avertissement retentit : ‘This is only homemade electronic instruments’. Tristan Shone, one man band, s’avance ensuite au milieu de ses machines : un assemblement de manettes et matériel de chantier, plus un laptop. Rien d’étonnant quand on sait qu’avant de se lancer dans l’art, le monsieur était ingénieur en électromécanique! La salle Gloria, confinée et sombre, est particulièrement adaptée à la perfomance.

Regarder un artiste seul sur scène faire de la musique électronique peut paraitre ennuyant, mais le côté hypnotique prend le dessus. Ce qui sort de ces machines faites maison? Une espèce de drone électronique et de doom à tendance largement industrielle et des larsens qui montent à la tête en tourbillonnant. Niveau voix, il crie et vocifère des paroles peu compréhensibles, puis passe de sa voix démoniaque à une voix claire, sorte de longue complainte. Ruptures de rythme, interruptions et montées en intensité rapides, le tout devant une foule éclectique allant du punk au metalleux en passant par le rasta et autres looks de free party.

Le volume et le côté répétitif aidant, on entre dans une sorte de transe et le public est plongé dans une ambiance extatique. Dailleurs, les gens à côté de moi se sont lancés dans une danse des morts-vivants !

La première pause après 25 minutes de set vient toutefois rompre cette extase, et les interruptions suivantes auront le même effet, sortant progressivement les gens de leur transe.

The Jesus and Mary Chain – I’m a Rock and Roll Amputation

Il fait froid, et la seule solution, c’est d’aller se remuer et chanter dans la foule !

Est-ce qu’on va mentir et prétendre que le public était composé de tous les âges ? L’arrivée sur scène des Ecossais déclenche l’enthousiasme de cette foule formée principalement de quinquagénaires. Avant de commencer le set par le titre ‘Amputation’, le chanteur demande ‘Can anybody hear me?’, et heureusement qu’il ne demande si quelqu’un peut le voir compte tenu de la dose de fumée sur scène ! Une fumée qui a contribué, avec un lightshow magnifique, à mettre en valeur la performance du groupe des frères Reid.

Avant de continuer, j’aimerais vous avouer un truc : vos concerts filmés à bout de bras en live sur Facebook et sur Instagram, déjà ça gêne tout le monde dans le public, et en fait, tout le monde s’en fout. Et vos amis qui les regardent le font par pitié. Voilà.

Si certains groupes de l’époque ont perdu leur voix avec le temps, ce n’est pas le cas de The Jesus And Mary Chain ! La fatigue gagne tout le monde (il est 2 heures du matin lors du début du concert) mais les mélodies ravageuses du groupe de rock alternatif à tendance shoegaze nous redonnent de l’énergie !

A force de voir briller cette étincelle de nostalgie dans les yeux des quinquagénaires, j’en deviens presque nostalgique d’une époque je n’ai pas connue !

Le groupe n’hésite pas à jouer certains de titres de son excellent dernier album en date (un album excellent qui sort parce que le groupe a quelque chose à sortir et pas juste pour sortir quelque chose), dont le single ‘Always Sad’.

Planant mais jamais déprimant, le show arrive à nous faire oublier qu’on a froid, mal au dos et aux pieds et qu’on est crevés. Et sales. On repose les pieds sur terre et direction le camping pour tenter de rassembler quelques heures de sommeil pour la suite !

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