Alors bon, soyons honnêtes, on ne s’attendait pas à un lundi soir aussi survolté. Mais dès les premières notes, c’était clair : ce n’était pas un concert, c’était une grande messe rock, un peu punk, vivante, terriblement celtique
Le groupe de Frank Turner, balance depuis des années un folk-punk rock nerveux, intense. Quinze ans qu’il vient au Luxembourg et il s’en souvient ! « Je me rappelle de cette salle », lâche-t-il, sourire malicieux au coin des lèvres, avant d’ajouter une vanne sur les Belges, évidemment : « Ils étaient un peu plus en forme que vous hier soir, hein. » Le public rit, un peu gêné. Faut dire, ici, on connaît le public du Luxembourg : ce n’est pas l’explosion permanente dans la fosse, mais ça chauffe doucement, sûrement. Tous de noir vêtu, impeccablement coordonnés, The Sleeping Souls dégagent cette élégance sobre des musiciens qui savent ce qu’ils font.
Leur son est propre, puissant, mais avec ce supplément d’âme un peu rugueux, ce truc qu’on sent dans le ventre. Entre deux chansons, Turner balance quelques blagues : « Je sais que vous êtes venus que pour moi, mais restez au moins pour mes potes après… juste deux chansons, promis. C’est un petit groupe peu connu de Boston qui débute ! ». Et puis, dernière chanson, explosion totale. Franck se jette dans la foule, porté par un public finalement bien réveillé.
Créés en 1996 à Quincy, près de Boston, les Dropkick Murphys n’ont plus besoin d’introduction. Figures emblématiques du punk celtique, ils mélangent riffs rageurs, cornemuse, accordéon et refrains de pub irlandais. Bref, la bande-son parfaite pour boire un coup en hurlant à pleins poumons. 22h, ils montent sur scène. Pas commun un lundi. Mais dès les premières secondes, la salle s’enflamme. Ça tape fort, ça bouge, ça transpire la sincérité et la fête. La setlist démarre sur les chapeaux de roue, sans temps mort. Et au milieu du set, moment touchant : le chanteur présente sa mère.
Oui, sa mère, assise sur le côté de la scène, portable à la main, qui chante toutes les paroles par cœur. Et quand elle lève les bras, c’est le public entier qui fond. Ils rendent hommage à Shane MacGowan, le poète ivre des Pogues, avec une émotion brute. Puis vient Rose Tattoo, éclairée uniquement de rouge, comme une braise ardente dans la nuit. 1h40 de concert, pas une minute de trop. Une setlist enfin équilibrée, festive, constante. Rien à voir avec celle d’il y a deux ans, un peu en dents de scie. Là, chaque morceau relançait la machine, comme une grande fête sans fin.
Un lundi comme on les aime. Une énergie sincère, des sourires francs, et cette impression de vivre un truc rare. Franck Turner, le cœur à vif. Dropkick Murphys, la fraternité incarnée. Et nous ? On sort de là vidés, rincés, mais heureux. Avec encore un peu de cornemuse qui résonne dans les oreilles. Un lundi soir comme on en voudrait plus souvent.
Texte : [Adeline Pusceddu]
Photos : [Marjorie Delaporte]
Liens utiles :
Dropkick Murphys – Frank Turner – Rockhal
Galerie photos – Frank Turner – Dropkick Murphys

















