LE concert de ce printemps – on ne peut plus en phase avec l’actualité quelques jours après le décès du Saint-Père – et qui fait parler de lui avec sa politique radicale ‘no phone’. Un sixième (très bon) album fraîchement édité (‘Skeletá’ – Loma Vista Recordings) comme livre de messe, Tobias Forge et ses goules de Ghost ont entamé un pèlerinage mondial pour répandre la bonne nouvelle.
On craignait des files d’attente interminables (show de Birmingham) ou des problèmes techniques (annulation du concert de Madrid) mais au final le système de neutralisation des téléphones portables pour les fans qui auraient voulu l’amener avec eux dans la salle semblait bien rôdé. Expérience étrange mais très agréable que d’assister à ce spectacle sans avoir une nuée d’écrans lumineux dans le champ de vision, n’en déplaise aux esprits libertaires.
Aucune première partie n’était prévue afin de se concentrer sur la musique et le spectacle des Suédois. Comme de coutume, la petite pièce classique « Klara Stäjnor » et l’ariette « Miserere Mei, Deus » servent de hors-d’œuvre au concert. La scène est plongée dans l’obscurité, un immense rideau déchiré masque partiellement la salle avant que les premiers accords de ‘Peacefield’ n’emplissent le Hallenstadion. Entrée en matière idéale avec ce titre enlevé et très mélodique du nouvel album suivi par ‘Lachryma’ que l’on découvre également en live pour la première fois.
A nouveau, la scène est grandiose, avec des plates-formes pour les musiciens et des petits podiums où les guitaristes et la bassiste prennent la pose et s’adonnent à des duels épiques. Une immense croix renversée garnie de projecteurs rappelant le ‘T’ du logo du groupe est suspendue au-dessus des musiciens, légèrement inclinée, à la manière de la légendaire fourche de Judas Priest. Avec le troisième titre, ‘Spirit’, on a de la peine à comprendre pourquoi la scène est toujours plongée dans une semi-pénombre, au grand désarroi des photographes qui se sont vus ‘parqués’ devant la régie son au milieu de la foule avant de devoir quitter la salle. Cela valait bien la peine d’interdire les téléphones portables au concert ! Ce sera le seul bémol de la soirée, heureusement.
L’ambiance est indescriptible, quasi hystérique, des fans de tout âge au bord des larmes sont grimés, déguisés, chantent les titres par cœur. L’énergie et la ferveur émanant de la fosse est belle à voir. Non, le rock n’est pas mort ! On vibrera sur les puissants ‘Cirice’, ‘Year Zero’, ‘Rats’ ou ‘Mummy Dust’ repris en chœur par les fans survoltés. Frissons de plaisir sur le délicat ‘Darkness at the Heart of My Love’, l’entraînant ‘Ritual’ et le chef-d’oeuvre ‘He Is’, grandiose, avec ses décors en vitraux en arrière-plan.
Trois rappels pour finir en apothéose dans un festival de projecteurs et des pyros bien sentis avec l’irrésistible ‘Mary on a Cross’, le groovy ‘Dance Macabre’ sur lequel toute la salle se transforme en immense dancefloor et cerise sur le gâteau, ‘Square Hammer’ qui électrise une dernière fois les fans survoltés. Le doute n’est plus permis, quoi qu’en disent certains de ses détracteurs, Ghost fait désormais partie des tout grands.
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Texte : Jean-Blaise JB Betrisey
Photos : Stéphane Bee
