… dans la peur, la panique, l’incertitude et la tristesse. Les annonces de mesures prises par le conseil fédéral sont de plus en plus restrictives, et peu importe les décisions prises, personne n’est content, entre ceux qui, insouciants, ne se sentent pas concernés, et ceux qui sont déjà enfermés dans leur bunker. Les zombies ne sont pas les mêmes que ceux des films que j’aime, ni que dans les albums de Wedesnday 13.

Je dois t’avouer une chose… j’ai rêvé de ce moment depuis longtemps. Pas de celui où les salles de concerts et toute la culture (et les indépendants, restaurants…) sont en péril, pas celui où les personnes à risque se retrouvent en danger. Mais celui où le temps ralenti enfin, où l’homme se voit obligé de stopper sa course folle contre la montre pour le fric, celui où l’on n’a plus le choix. Comme dirait Michael Stipe de R.E.M. : « It’s the end of the world and I feel fine ».

Certains se retrouvent chez eux sans pouvoir travailler et ressentent un immense vide en réalisant que leur vie entière tourne autour de leur travail (je comprends tout à fait les indépendants qui donnent tout pour la boîte qu’ils ont créée hein !) en désespérant : qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire pendant un mois sans travailler ? Peut-être que j’accorde trop d’importance à ma vie privée et mes loisirs, mais ce qui m’est venue à l’esprit, pour ma part, c’était plutôt « ai-je vraiment rêvé aussi fort pour que cela devienne réel ? »

Pour ma part, c’est home office jusqu’à la fin du mois, voire avant, puis chômage technique. Si mon emploi actuel depuis quelques semaines me plaît et que la santé financière de l’entreprise me préoccupe forcément, ça n’a pas toujours été le cas ces 10 dernières années. Et combien de matins je me suis levée en me demandant si je ne préférais pas plutôt qu’il se passe une catastrophe nous forçant à ralentir plutôt que de rejoindre ce rythme incessant ? Combien d’années, le premier mercredi de février, j’écoute les tests des alarmes en me disant « si seulement ce n’était pas des tests et qu’on pourrait rentrer à la maison? »

Je devrais éviter les réseaux sociaux, mais j’y lis tout de même beaucoup de choses qui me font réfléchir. On a peur de s’ennuyer maintenant que les magasins sont fermés et que les lieux publics et salons de beauté sont fermés. Comme si dans notre société, être ne suffit plus, l’important est de paraître, d’acheter, de montrer et de se montrer. Cultiver son temps en solitaire et savoir se tenir compagnie à soi-même ne sont pas suffisant pour se sentir en vie.

Est-ce que j’ai vraiment rêvé trop fort ? Est-ce que c’est ce qui sera nécessaire pour qu’enfin, on puisse revenir à soi, revenir à ce qu’on est et pas ce qu’on veut montrer ? Est-ce qu’ils se rabattront sur Zalando pour le shopping et davantage de story Instagram pour avoir la satisfaction des likes qui comblent le manque ?

C’est étonnant comme certains ressentent le manque alors que d’autres ressentent enfin l’apaisement et l’impression que c’est ça, ce qui est censé être la vie. L’impression de pouvoir enfin se reconnecter à soi et à la vie. L’être humain occidental de 2020 est en grande partie un individu qui aime accumuler des choses qui, une fois acquises, ne lui servent plus que de vitrine. J’espère que ce temps de ralentissement nous permettra, à défaut de pouvoir acquérir de nouveaux objets, de savoir profiter et redonner de la valeur à ceux que nous possédons déjà.

En attendant, je prévois pour les jours à venir les albums que je vais pouvoir réécouter tranquillement. Je pense me refaire la discographie de A Perfect Circle, et récouter le premier album de Japandroids pour voir si depuis le temps, il ne me plait toujours pas plus. Je vais rattraper mon retard sur les sorties de 2019 que je n’ai pas encore pu écouter comme le dernier album des Pixies. Je vais écouter le nouvel album des Bombpops. Je vais me faire une orgie de The Replacements et des vieux Rob Zombie. Sortir ma guitare et chanter à tue-tête « Time of your Life » et « Here comes a Regular ». Faire des nouvelles playlists pour mon vieil iPod. Peut-être même m’aventurer sur Spotify pour découvrir de nouveaux groupes. Si les groupes ne repoussent pas tous les sorties de leurs albums, peut-être même que je vais en chroniquer quelques-uns. Home is where your record collection is.

Et puis aussi, je vais pouvoir lire davantage sur mon canapé et ma terrasse au lieu des transports publics.

Sur internet, un bon nombre de youtubers et blogueurs ont mis en place différentes activités et rendez-vous quotidiens pour que les personnes confinées ne s’embêtent pas. Cela fleuris de partout, tout le monde s’y met et donne des rendez-vous quotidiens. Merci à eux, ça part d’une bonne intention et beaucoup seront sûrement ravis de cette initiative. Pour ma part, rien que l’idée de ternir ce confinement et ce ralentissement par des autres rendez-vous me donne des boutons. N’essayez pas de venir remplir mes journées, j’ai attendu ce vide depuis assez longtemps, et j’ai assez de passions pour tenir un siège.

Peut-être que si on pouvait s’acheter des passions pour savoir se distraire à la Migros, le rayon PQ et pâtes serait moins dévalisé ?